Début septembre, j’ai été sélectionnée par la bibliothèque de l’Université Laval qui assumait les frais du voyage afin que je puisse assister au colloque OpenCon, du 14 au 16 novembre à Bruxelles. Ce séjour particulier en Belgique s’est déroulé en même temps que les attentats de Paris. Si la colloque avait été prévue une semaine plus tard, je me demande même si elle aurait pu avoir lieu, étant donné que la ville est pratiquement close. Une pensée troublante, car je ne peux m’empêcher de me sentir liée à ce qui se passe là-bas.
Promouvoir la science ouverte
Qu’est-ce que l’OpenCon au fait? Organisée pour une deuxième année par SPARC, une alliance de bibliothèques académiques qui promeut le libre accès à la recherche, l’OpenCon est un colloque qui réunit ceux qui s’intéressent à la science ouverte (open access). Mais qu’est-ce la science ouverte? C’est offrir un accès gratuit, immédiat et électronique aux articles scientifiques des chercheurs, ce qui permet d’utiliser pleinement ces données et ces résultats (open data) pour d’autres recherches. La science ouverte inclut également l’éducation ouverte (open education), une façon de faciliter l’enseignement et l’apprentissage en utilisant le réseau Internet.
L’accès aux connaissances pour faire reculer la peur
Nous avions donc plusieurs conférences et tables rondes. Le samedi suivant les attentats à Paris, Daniel Spichtinger de la Commission européenne a plaidé pour un large accès à la science afin de faire reculer la peur. Car selon lui, c’est grâce à l’éducation que les gens développent un meilleur esprit critique. Mais pour cela, il ne faut pas les empêcher d’avoir accès à la connaissance comme le fait présentement le système en place. Pour donner un idée, il faut savoir que la bibliothèque de l’Université Laval dépense chaque année 8,25 millions (soit 69% de son budget) pour permettre à ses professeurs et étudiants d’avoir accès aux revues scientifiques. Et cela ne compte pas les montants déboursés par les professeurs pour que leurs articles soient publiés dans les revues les plus prestigieuses (ce qu’on appelle l’APC).
La Commission européenne a donc mis en place une politique pour favoriser la science ouverte, à l’image de ce que fait depuis peu le CRSH au Canada: si la recherche est financée par des fonds publics, ses résultats seront libres et accessibles. C’est tout à fait logique: le public paie pour une étude, il a le droit d’y accéder. Mais le problème, c’est que la plupart des recherches sont maintenant faites en partenariat avec le privé...
Le conflit carrière vs science ouverte
Michael Eisen, cofondateur de la Public Library of Science (PLOS) et biologiste à l’University Berkeley, est ensuite venu présenter les difficultés de publier ses résultats en libre accès. Des dilemmes comme choisir entre bâtir sa carrière de professeur (en publiant dans des revues prestigieuses) ou travailler à un monde meilleur (en donnant à tous le droit d’utiliser ses données et de faire avancer la connaissance) se sont souvent présentés. Il a choisi de les ignorer. Il déplore qu’aujourd’hui on juge le chercheur en notant le nom des revues où il publie, au lieu de s’attarder au contenu et à la qualité de ses recherches. Il prône même que les brouillons d’articles soient publiés et qu’ils soient corrigés au fur et à mesure, pour permettre à d’autres de travailler avec les données. Une proposition qui s’applique au monde de la science pure, mais moins aux sciences humaines et sociales, je dois dire.
Erin McKiernan, quant à elle, a toujours fait du libre accès à la science son modus operandi: « Si publier dans les journaux libres d’accès allait me coûter ma carrière, ce n’était pas la carrière que je souhaitais. Point à la ligne. » Elle dénonce les chercheurs qui n’osent partager leurs données, voulant en garder l’exclusivité, les accusant de nuire à la science où le partage des données est essentiel: « Sur les épaules d'un géant, j'ai pu voir plus loin. » (Newton) Elle rejoint en cela les propos de David Sweeney, directeur du HEFCE, le principal subventionnaire des recherches en Angleterre: « Le but d’une recherche est de faire une différence pour la société. Quelle part de notre réputation comme chercheur peut être justifiée par les coûts d'une publication prestigieuse? »
Ce qui me semble le plus déplorable du système actuel est qu'on ne publie que les résultats positifs, laissant en plan ce qui n’a pas fonctionné. Cela introduit un biais considérable quand on réunit les recherches pour faire des métaanalyses: on n’a presque aucune donnée sur les recherches n’ayant pas fonctionné. Or elles sont tout aussi importantes que les autres pour avoir une bonne idée de la situation.
La science ouverte au Canada
April Clyburne-Sherin est venue présenter le regroupement OOO Canada qui réunit des chercheurs préoccupés par le libre accès au Canada. Fondé l’an dernier, OOO Canada (le nom a fait naître bien des sourires dans l’assistance) met en place des actions pour favoriser le libre accès. Par exemple, au Canada, les étudiants dépensent 38% du coût des études à l'achat de livres qui deviennent obsolètes dès qu’ils sont mis à jour. Ce qui rappelle que les publications libres d'accès sont plus à jour que les textes publiés à haut coût quelques années auparavant.
On prend conscience de la force du système et des infrastructures quand on se heurte à ce qui ne marche pas. Si je connaissais déjà l’importance de la science ouverte, c’est lors de mon dernier congé de maternité que j’ai véritablement fait face à un grave problème: il m’était impossible de lire les articles scientifiques nécessaires à ma thèse. Mon accès était suspendu, comme si mon cerveau devait l’être aussi! Sans mentionner que dès que j’aurai terminé mes études, il me deviendra impossible d’accéder aux articles scientifiques que j’ai écrits...
Finalement, j’ai appris grâce à Jan Gondol, qui a travaillé pour le gouvernement de Slovaquie afin de mettre en place une entente intergouvernementale sur la science ouverte, que le Canada fait partie de ce partenariat et qu’un Plan d’action 2014-2016 est même en place dans notre pays pour favoriser le gouvernement ouvert!
Les solutions pour favoriser la science ouverte
Les journaux scientifiques sont « cotés » selon une méthode dont on ignore les critères précis, mais qui a un lien avec le nombre de citations où un acteur sera cité ailleurs. On appelle cela le « Impact Factor » (IF) d’un journal. Cela concerne les journaux anglophones. Si vous publiez en français, comme c’est le cas de plusieurs professeurs au Québec, vous ne publiez pas dans des revues scientifiques « reconnues ». Cela vous donne moins de points comme chercheur, ce qui peut vous nuire dans la recherche d’un emploi, car plusieurs universités se basent maintenant sur des statistiques qui inclut IF, soit le nombre de citations que vous avez dans d’autres articles. Pourtant, comme le rappelle Iara Vidal, bibliothécaire au Brésil: « L'impact des recherches dépasse leur nombre de citations, ce qui devrait réellement compter, c’est leur impact dans la société et hors du monde de l'éducation. Les chercheurs ne doivent pas seulement parler aux chercheurs, mais atteindre le reste des gens. »
Ce n’est pas la première fois que j’en entendais parler, mais étonnamment, un des chercheurs rappela que les journaux scientifiques reconnus n'ont pas de meilleurs articles, et qu’ils contiennent même plusieurs biais et problèmes de méthodologie. Les propositions pour améliorer l’accès furent nombreuses: inverser le réflexe des universités en rendant la publication libre-accès par défaut avec des démarches à faire de plus quand on veut restreindre l'accès à un article.
Dans les tables rondes qui se sont ensuite succédé, on a parlé d’un des soucis majeurs avec les revues scientifiques ouvertes: si elles sont libres d’accès, elles font payer les auteurs pour rendre leur texte disponible gratuitement (APC). Les professeurs utilisent donc une partie des subventions allouées pour payer la publication, ce qui prive la recherche d’une partie des fonds... Comment faire autrement? L’Amérique latine est un bon exemple de système coopératif: les chercheurs de ces pays utilisent en grande majorité le libre accès. Les revues scientifiques sont financées par des fonds publics et il est gratuit de publier et de lire.
Mes impressions
Le colloque s’est clôt avec les mots de Jimmy Wales, fondateur de Wikipédia qui a profité de l’occasion pour rappeler que si les universités du nord avaient encore les moyens de payer les abonnements des revues scientifiques, les universités du sud n’avaient pas ces capacités, ce qui est profondément injuste et contreproductif puisque ces étudiants ne pourront pas pleinement profiter des recherches en cours dans leur domaine. Avec toutes les coupures que les universités québécoises ont eu à encaisser dans les dernières années, ça devient un problème ici aussi: l’Université Laval est en train de couper dans la liste des revues disponibles pour épargner.
Ce fut un colloque extrêmement intéressant qui m’a permis d’en apprendre énormément sur la science ouverte. Je reste toutefois sceptique quant à la possibilité pour les recherches avec des sujets humains (ce qui concerne surtout les sciences humaines et sociales) à diffuser les données (open data) car de sérieuses règles éthiques empêchent ce genre de pratiques, ce qui fut souligné pendant l’une des tables rondes. Rendre les données des entrevues disponibles obligerait à modifier jusqu’au formulaire de consentement. C’est une réflexion à entamer.
Je souligne également qu’à peu près toutes les tables rondes présentaient la mixité des genres. Comme on l’a vu, lorsqu’il n’y aucun résultat probant, c’est tout aussi important à souligner que l’inverse! Le site Décider entre hommes n’aurait donc pas pu mettre des photos pour dénoncer cet événement! :)
26 novembre 2015
24 novembre 2015
We love Japanese Songs 2016
Lorsque nous avons tourné ce vidéo, dans le but de participer une nouvelle fois au concours We love Japanese Songs, j'avais choisi L'Hymne à l'amour, version japonaise, parce que la merveilleuse Édith Piaf aurait fêté son 100e anniversaire le 19 décembre prochain. Maintenant, avec les événements tragiques arrivés à Paris le 13 novembre, je réalise que cette chanson peut également être un hommage aux victimes et à tous ceux qui vivent la perte d'un être cher après ce drame. J'aurais préféré mille fois n'avoir chanté qu'une chanson en souvenir d'Édith Piaf.
L'an dernier, nous avons gagné le prix spécial du jury avec la chanson de l'animé Evangelion, Zankoku na tenshi no Te-Ze tourné à Lévis en automne en compagnie de Léo, avec une petite Émi en poussette, née trois semaines auparavant. Ce vidéo plein d'énergie a donc été préparé dans un moment très particulier dans notre vie de famille. Un beau souvenir.
Cette année, nous voulions toutefois nous préparer d'avance. Nous avons donc tourné le vidéo cet été, dans Charlevoix, dans différents lieux de La Malbaie. J'ai ressorti ma robe de mariée et voilà, on a mis des images sur cette chanson pleine d'émotions.
J'ai donc besoin de vous pour voter et inviter vos amis à le faire. Le lien pour voir, voter, participer, envoyer des vidéos est ici. Merci!
L'an dernier, nous avons gagné le prix spécial du jury avec la chanson de l'animé Evangelion, Zankoku na tenshi no Te-Ze tourné à Lévis en automne en compagnie de Léo, avec une petite Émi en poussette, née trois semaines auparavant. Ce vidéo plein d'énergie a donc été préparé dans un moment très particulier dans notre vie de famille. Un beau souvenir.
Cette année, nous voulions toutefois nous préparer d'avance. Nous avons donc tourné le vidéo cet été, dans Charlevoix, dans différents lieux de La Malbaie. J'ai ressorti ma robe de mariée et voilà, on a mis des images sur cette chanson pleine d'émotions.
J'ai donc besoin de vous pour voter et inviter vos amis à le faire. Le lien pour voir, voter, participer, envoyer des vidéos est ici. Merci!
20 novembre 2015
Bruxelles, pas tout à fait paisible
Vendredi 13 novembre 2015. Rien n’annonce que la journée deviendra un tourbillon d’actualité. Mon avion se pose à Bruxelles où je dois assister à un colloque de trois jours sur le libre-accès à la science et aux connaissances tirées de la recherche. Étourdie par le décalage horaire, je prends le train, me fait revirer à l’hôtel qui n’est pas prêt à m’accueillir et je vais flâner dans la ville.
Manneken-Pis d’abord. Mon premier contact avec cette fontaine du petit garçon triomphant qui fait pipi remonte au 400e anniversaire de Québec. Nous lui avions fait faire un habit fleurdelysé.
Entouré de chocolateries qui vénèrent son nom et son geste, le Manneken-Pis fait couler son jet devant la foule qui se presse. J’ai goûté au chocolat à la poire, puis j’ai continué ma marche.
Je cherchais son équivalent féminin, la Jeanneke Pis. Je l’ai trouvé, grâce au GPS de mon cellulaire. Elle est dissimulée dans une ruelle sans issue. Pour la protéger du vandalisme, car la fille qui pisse ne peut être exposée triomphalement au monde comme le garçon, elle est cadenassée et protégée par des grillages, comme dans ces pays où l’on demande aux femmes de se couvrir le visage derrière une grille de tissu pour éviter le viol.
Visiter le Manneken-Pis à Bruxelles, c’est jouer au touriste. Voir la Jeanneke Pis, c’est s’exposer à la réflexion devant cette image si mignonne quadrillée de métal.
J’ai poursuivi mon chemin jusqu’à la Grand-Place de Bruxelles. Une merveille! J’ai téléphoné à Philippe et aux enfants. Il était l’heure du réveil chez moi. Environnée par la mairie et les touristes qui faisaient cliquer une multitude d’appareils, je leur ai raconté les statues, les dorures et la beauté du lieu. Je me suis achetée une gaufre et j’ai suivi la foule qui flânait dans les rues.
Sur le chemin de l’hôtel, j’ai croisé une petite pâtisserie qui m’a fait saliver (après un chocolat et une gaufre, vous pouvez en tirer la conclusion que j’ai le bec sucré et l’horaire décalé!). Les Merveilleux de Fred sont aussi bons qu’ils sont beaux. J’avais le projet d’y retourner chaque jour pour en manger un. Mais la soirée changerait mes plans pour les prochains jours.
Retour à l’hôtel pour enfin avoir ma chambre, prendre une douche, me brosser les dents et faire une mini-sieste. Ma colocataire n’est pas encore arrivée. Je pars pour la causerie à la librairie Tulitu où je parle du Japon toute la soirée, une bière belge à la main. Beau moment d’amitié. En quittant, je regarde mon cellulaire, il est 21h20. Je marche, heureuse, vers l’hôtel. L’air est bon, quel bel automne. Je fais plusieurs détours pour éviter les foules sur les terrasses et les trottoirs. Bruxelles la nuit est belle, animée. Les rues principales sont fermées dès 19h et les gens marchent un peu partout, libres et heureux.
Pendant ce temps à Paris, des jeunes ayant les mêmes sentiments voient venir l’horreur et le vacarme épouvantable de la mort et de la peur.
Je l’apprendrai plus tard, couchée dans mon lit, faisant un dernier appel à ma famille. On parle de huit morts. Je m’étends et dors pour apprendre le lendemain tout le poids du bilan final.
À Bruxelles, les sirènes de police vont se mettre à retentir, toute la journée. À passer devant l’hôtel et repasser. Pendant la conférence, sur mon fil Twitter que je consulte, je vois passer des nouvelles d’arrestations et je comprends le lien entre Paris et la ville où je suis.
Trois jours de conférence (je vous en ferai un bilan dans un autre billet). Trois jours d’inquiétude. Ma famille suit toutes les nouvelles. Personnellement, je n’osais pas trop sortir. Il faut dire que je n’avais pas de temps libre, l’horaire du colloque étant bien rempli. En soirée, j’étais brûlée. Mais même si j’avais eu du temps, je serais restée terrée dans la chambre.
Le lundi, à la clôture du colloque, épuisée d’être concentrée et à l’intérieur, je vais marcher au Parc du cinquantenaire. Il n’y a presque personne. Le soleil se couche, quelques gouttes de bruine, le vent est léger. Je respire tranquillement, reprenant mes esprits. Si quelques uns sont fous, la majorité est calme, il ne faut pas l’oublier. Je retourne en marchant jusqu’à l’hôtel, apaisée.
Je n’aurai pas mangé d’autres Merveilleux de Fred. J’ai échangé le goût du sucré vendredi soir pour celui, salé, de la tristesse. En terminant mon intervention sur la liberté à la française à Radio-Canada, mercredi matin, j’en avais encore des traces dans la voix et les yeux.
Certains disent que le vendredi 13 porte malheur. C’est faux, tout était choisi dans les gestes posés ce vendredi-là, même la date. C’est la haine qui porte malheur.
Manneken-Pis d’abord. Mon premier contact avec cette fontaine du petit garçon triomphant qui fait pipi remonte au 400e anniversaire de Québec. Nous lui avions fait faire un habit fleurdelysé.
Entouré de chocolateries qui vénèrent son nom et son geste, le Manneken-Pis fait couler son jet devant la foule qui se presse. J’ai goûté au chocolat à la poire, puis j’ai continué ma marche.
Je cherchais son équivalent féminin, la Jeanneke Pis. Je l’ai trouvé, grâce au GPS de mon cellulaire. Elle est dissimulée dans une ruelle sans issue. Pour la protéger du vandalisme, car la fille qui pisse ne peut être exposée triomphalement au monde comme le garçon, elle est cadenassée et protégée par des grillages, comme dans ces pays où l’on demande aux femmes de se couvrir le visage derrière une grille de tissu pour éviter le viol.
Visiter le Manneken-Pis à Bruxelles, c’est jouer au touriste. Voir la Jeanneke Pis, c’est s’exposer à la réflexion devant cette image si mignonne quadrillée de métal.
J’ai poursuivi mon chemin jusqu’à la Grand-Place de Bruxelles. Une merveille! J’ai téléphoné à Philippe et aux enfants. Il était l’heure du réveil chez moi. Environnée par la mairie et les touristes qui faisaient cliquer une multitude d’appareils, je leur ai raconté les statues, les dorures et la beauté du lieu. Je me suis achetée une gaufre et j’ai suivi la foule qui flânait dans les rues.
Sur le chemin de l’hôtel, j’ai croisé une petite pâtisserie qui m’a fait saliver (après un chocolat et une gaufre, vous pouvez en tirer la conclusion que j’ai le bec sucré et l’horaire décalé!). Les Merveilleux de Fred sont aussi bons qu’ils sont beaux. J’avais le projet d’y retourner chaque jour pour en manger un. Mais la soirée changerait mes plans pour les prochains jours.
Retour à l’hôtel pour enfin avoir ma chambre, prendre une douche, me brosser les dents et faire une mini-sieste. Ma colocataire n’est pas encore arrivée. Je pars pour la causerie à la librairie Tulitu où je parle du Japon toute la soirée, une bière belge à la main. Beau moment d’amitié. En quittant, je regarde mon cellulaire, il est 21h20. Je marche, heureuse, vers l’hôtel. L’air est bon, quel bel automne. Je fais plusieurs détours pour éviter les foules sur les terrasses et les trottoirs. Bruxelles la nuit est belle, animée. Les rues principales sont fermées dès 19h et les gens marchent un peu partout, libres et heureux.
Pendant ce temps à Paris, des jeunes ayant les mêmes sentiments voient venir l’horreur et le vacarme épouvantable de la mort et de la peur.
Je l’apprendrai plus tard, couchée dans mon lit, faisant un dernier appel à ma famille. On parle de huit morts. Je m’étends et dors pour apprendre le lendemain tout le poids du bilan final.
À Bruxelles, les sirènes de police vont se mettre à retentir, toute la journée. À passer devant l’hôtel et repasser. Pendant la conférence, sur mon fil Twitter que je consulte, je vois passer des nouvelles d’arrestations et je comprends le lien entre Paris et la ville où je suis.
Trois jours de conférence (je vous en ferai un bilan dans un autre billet). Trois jours d’inquiétude. Ma famille suit toutes les nouvelles. Personnellement, je n’osais pas trop sortir. Il faut dire que je n’avais pas de temps libre, l’horaire du colloque étant bien rempli. En soirée, j’étais brûlée. Mais même si j’avais eu du temps, je serais restée terrée dans la chambre.
Le lundi, à la clôture du colloque, épuisée d’être concentrée et à l’intérieur, je vais marcher au Parc du cinquantenaire. Il n’y a presque personne. Le soleil se couche, quelques gouttes de bruine, le vent est léger. Je respire tranquillement, reprenant mes esprits. Si quelques uns sont fous, la majorité est calme, il ne faut pas l’oublier. Je retourne en marchant jusqu’à l’hôtel, apaisée.
Je n’aurai pas mangé d’autres Merveilleux de Fred. J’ai échangé le goût du sucré vendredi soir pour celui, salé, de la tristesse. En terminant mon intervention sur la liberté à la française à Radio-Canada, mercredi matin, j’en avais encore des traces dans la voix et les yeux.
Certains disent que le vendredi 13 porte malheur. C’est faux, tout était choisi dans les gestes posés ce vendredi-là, même la date. C’est la haine qui porte malheur.
09 octobre 2015
Japon : Quand « abolition » rime avec « erreur de compréhension »
On a beaucoup parlé de cet avis du ministère de l’Éducation japonais (MEXT) qui ordonnait à ses 86 universités nationales d’abolir les facultés d’humanités afin de se consacrer à des choses plus « utiles » pour la société. L’avis est réel et il compte dix pages où l’on trouve une phrase incitant à « démanteler et restructurer les facultés de sciences humaines et sociales en particulier ». C’était dit et ça a fait le tour du monde. J’en parlais à Radio-Canada le 23 septembre.
Il semblerait toutefois que tout cela n’ait été qu’une « erreur de compréhension ». On ne parle maintenant plus d’une abolition, mais plutôt qu’il y aura "réorganisation". Des réformes devront être appliquées dans l'enseignement supérieur dû à l'effondrement du nombre d'étudiants (conséquence directe du vieillissement de la population).
Est-ce une façon de se sortir d'une situation délicate, qui avait pris de larges proportions hors du Japon? Cette controverse est-elle un moyen de sauver la face par rapport à une décision qu'on avait peut-être bel et bien prise, mais qu'on réalise être une erreur? Laissons le bénéfice du doute au conseiller du ministre qui explique « l’erreur » dans cette missive (en anglais).
Pour terminer, voici quelques statistiques sur les universités au Japon, qui donne l’ampleur de ce domaine:
Il y a 672 universités privées au Japon, et 86 universités nationales (plus réputées et plus difficiles d’accès), pour un total de 758 universités.
À titre comparatif, il y a 48 cégeps et 18 universités au Québec, ce qui fait 60 établissements d’éducation post-secondaire (il existe dans les universités japonaises un cycle court de deux ans).
C’est beaucoup, mais en proportion du nombre d’habitants (127 millions au Japon), c’est quand même moins d’établissements post-secondaires par habitant qu’au Québec (1 établissement par 125 000 personnes au Québec, contre 1 établissement par 167 000 personnes au Japon).
Encore plus fascinant de constater que les proportions d’étudiants en sciences humaines par rapport aux sciences pures se ressemblent au Japon et au Québec.
Japon
Étudiants des humanités (bunkei 文系): 55,3 %
Étudiants des sciences pures (rikei 理系): 28,2 %
Autres (éducation, arts, éducation physique, etc.): 16,4 %
Québec en 2010
Étudiants des humanités: 52 %
Rikei: 27,4 %
Autres: 20 %
Ce que j’en retiens: peu importe la raison de cette « erreur » de compréhension, il semble maintenant que le ministère sera plus vigilant sur ses directives par rapport aux humanités. Et c’est une bonne chose.
Réactions venues du Japon
Humanities under attack – Takamitsu Sawa
Japanese University Humanities and Social Sciences Programs Under Attack - Jeff Kingston
Il semblerait toutefois que tout cela n’ait été qu’une « erreur de compréhension ». On ne parle maintenant plus d’une abolition, mais plutôt qu’il y aura "réorganisation". Des réformes devront être appliquées dans l'enseignement supérieur dû à l'effondrement du nombre d'étudiants (conséquence directe du vieillissement de la population).
Est-ce une façon de se sortir d'une situation délicate, qui avait pris de larges proportions hors du Japon? Cette controverse est-elle un moyen de sauver la face par rapport à une décision qu'on avait peut-être bel et bien prise, mais qu'on réalise être une erreur? Laissons le bénéfice du doute au conseiller du ministre qui explique « l’erreur » dans cette missive (en anglais).
Pour terminer, voici quelques statistiques sur les universités au Japon, qui donne l’ampleur de ce domaine:
Il y a 672 universités privées au Japon, et 86 universités nationales (plus réputées et plus difficiles d’accès), pour un total de 758 universités.
À titre comparatif, il y a 48 cégeps et 18 universités au Québec, ce qui fait 60 établissements d’éducation post-secondaire (il existe dans les universités japonaises un cycle court de deux ans).
C’est beaucoup, mais en proportion du nombre d’habitants (127 millions au Japon), c’est quand même moins d’établissements post-secondaires par habitant qu’au Québec (1 établissement par 125 000 personnes au Québec, contre 1 établissement par 167 000 personnes au Japon).
Encore plus fascinant de constater que les proportions d’étudiants en sciences humaines par rapport aux sciences pures se ressemblent au Japon et au Québec.
Japon
Étudiants des humanités (bunkei 文系): 55,3 %
Étudiants des sciences pures (rikei 理系): 28,2 %
Autres (éducation, arts, éducation physique, etc.): 16,4 %
Québec en 2010
Étudiants des humanités: 52 %
Rikei: 27,4 %
Autres: 20 %
Ce que j’en retiens: peu importe la raison de cette « erreur » de compréhension, il semble maintenant que le ministère sera plus vigilant sur ses directives par rapport aux humanités. Et c’est une bonne chose.
Réactions venues du Japon
Humanities under attack – Takamitsu Sawa
Japanese University Humanities and Social Sciences Programs Under Attack - Jeff Kingston
08 octobre 2015
Automne coloré de projets
Aux environs de mon anniversaire, les feuilles changent de couleur, le vent apporte les parfums de terre et de mer, le soleil se couche plus tôt et sa lumière dorée me réjouit. L’automne, c’est ma saison, je me sens toujours pleine d’énergie et plus légère, même si je porte un manteau sur les épaules!
Et les bonnes nouvelles se multiplient pour moi, ce qui me rend encore plus heureuse!
J’ai obtenu une bourse de voyage de la bibliothèque de l’Université Laval pour assister à OpenCon, une conférence à Bruxelles du 14 au 16 novembre. Le colloque aborde l’accès à la connaissance grâce au libre-accès des revues scientifiques, une chose que je considère essentielle. J’en profiterai pour aller faire une causerie d’auteure à la Librairie Tulitu le 13 novembre à 19h. C’est mon premier voyage en Belgique et ce ne sera qu’un saut de puce, mais bien rempli de rencontres et d’apprentissages. Ce blogue de voyage ajoutera donc bientôt cette destination à la liste des pays visités. On m'a conseillé la bière et la gaufre, je suis ouverte aux autres suggestions!
En septembre, une lettre ouverte que j’ai écrite a été publiée dans La Presse.
Le gouvernement japonais ayant recommandé à ses universités de couper les sciences humaines dans ses universités, l’émission de Catherine Perrin m’a invité à en discuter. Un sujet d'importance!
Finalement, trois livres sont en route! Un essai sera publié en 2016 et deux ouvrages de fiction en 2017. Sans parler de mon doctorat qui avance toujours et encore, et des autres collaborations que j’annoncerai plus tard. La vie est belle! Et je suis très occupée! Heureusement que je suis bien entourée. :)
Et les bonnes nouvelles se multiplient pour moi, ce qui me rend encore plus heureuse!
J’ai obtenu une bourse de voyage de la bibliothèque de l’Université Laval pour assister à OpenCon, une conférence à Bruxelles du 14 au 16 novembre. Le colloque aborde l’accès à la connaissance grâce au libre-accès des revues scientifiques, une chose que je considère essentielle. J’en profiterai pour aller faire une causerie d’auteure à la Librairie Tulitu le 13 novembre à 19h. C’est mon premier voyage en Belgique et ce ne sera qu’un saut de puce, mais bien rempli de rencontres et d’apprentissages. Ce blogue de voyage ajoutera donc bientôt cette destination à la liste des pays visités. On m'a conseillé la bière et la gaufre, je suis ouverte aux autres suggestions!
En septembre, une lettre ouverte que j’ai écrite a été publiée dans La Presse.
Le gouvernement japonais ayant recommandé à ses universités de couper les sciences humaines dans ses universités, l’émission de Catherine Perrin m’a invité à en discuter. Un sujet d'importance!
Finalement, trois livres sont en route! Un essai sera publié en 2016 et deux ouvrages de fiction en 2017. Sans parler de mon doctorat qui avance toujours et encore, et des autres collaborations que j’annoncerai plus tard. La vie est belle! Et je suis très occupée! Heureusement que je suis bien entourée. :)
04 septembre 2015
RIP Aylan Kurdi
Maman m’a dit de m’accrocher de toutes mes forces au bout de bois, de ne jamais le lâcher. Mais dans ses yeux, il y avait beaucoup plus que ces mots-là.
J’y ai vu la fatigue. Ses bras épuisés qui m’avaient donné sans compter. Elle a tout fait pour me protéger, ma maman. Elle m’a donné son pain, elle m’a porté, elle m’a rassuré quand la guerre explosait autour de moi. Là, en plein cœur de cette mer du dernier recours, j’ai vu son épuisement.
Dans ses yeux, il y avait la crainte. Celle que je ne lâche ce bout d’arbre qui me permettait de flotter, celle que je ne puisse jamais me rendre jusqu’à la plage où on m’accueillerait. Ma mère avait peur elle aussi parce qu’elle ne savait pas nager. Mais j’ai vu que c’est ma mort à moi qui la terrorisait, plus que la sienne.
Juste avant que la grande vague blanche ne l’emporte, j’ai vu son amour. Maman m’aime. C’est pour cela qu’elle a accepté de partir, qu’elle a quitté cet endroit de haine.
J’espère qu’elle ne m’en voudra pas d’avoir lâché le bout de bois. Je suis si fatigué moi aussi.
Par chance, au bout de la route, il ne reste rien de la fatigue, il n'y a plus de crainte.
Il ne reste que l’amour.
J’y ai vu la fatigue. Ses bras épuisés qui m’avaient donné sans compter. Elle a tout fait pour me protéger, ma maman. Elle m’a donné son pain, elle m’a porté, elle m’a rassuré quand la guerre explosait autour de moi. Là, en plein cœur de cette mer du dernier recours, j’ai vu son épuisement.
Dans ses yeux, il y avait la crainte. Celle que je ne lâche ce bout d’arbre qui me permettait de flotter, celle que je ne puisse jamais me rendre jusqu’à la plage où on m’accueillerait. Ma mère avait peur elle aussi parce qu’elle ne savait pas nager. Mais j’ai vu que c’est ma mort à moi qui la terrorisait, plus que la sienne.
Juste avant que la grande vague blanche ne l’emporte, j’ai vu son amour. Maman m’aime. C’est pour cela qu’elle a accepté de partir, qu’elle a quitté cet endroit de haine.
J’espère qu’elle ne m’en voudra pas d’avoir lâché le bout de bois. Je suis si fatigué moi aussi.
Par chance, au bout de la route, il ne reste rien de la fatigue, il n'y a plus de crainte.
Il ne reste que l’amour.
19 août 2015
Je reverrai les cerisiers
Émerveillée, je les ai vus transformer la ville de Kyoto en jardin en 2006. En couple, nous étions en aventure d'une année au Japon et j'allais travailler en vélo sous le voile des fleurs qui bordaient les voies.
Croyant contrer le mal du pays en partant seule au Japon pour faire les entrevues pour ma maîtrise, j'ai revus les cerisiers en 2010. J'ai compris que même la nature peut être éclatante et séduisante, on peut s'ennuyer sous les sakuras! Grâce à mes amies japonaises qui se sont tellement bien occupées de moi, j'ai patienté jusqu'à l'arrivée de Philippe, deux mois et demi plus tard. Je garde un merveilleux souvenir de ce voyage: je suis revenue enceinte de notre petit Léo made in Japan! ;)
Et voilà qu'en 2016, en compagnie de Léo qui aura tout juste 5 ans et d'Émi qui aura alors un an et demi, nous retrouverons les cerisiers, les amis, le japonais et la nourriture nippone. Pendant un mois, nous prendrons notre temps au pays du soleil levant, n'ayant pas à parcourir la ville comme des voyageurs qui y viennent pour la première fois. Au rythme des enfants et de nos souvenirs, nous retrouverons cette partie importante de notre vie et de notre identité. Nous avons très hâte! 楽しみ!
Croyant contrer le mal du pays en partant seule au Japon pour faire les entrevues pour ma maîtrise, j'ai revus les cerisiers en 2010. J'ai compris que même la nature peut être éclatante et séduisante, on peut s'ennuyer sous les sakuras! Grâce à mes amies japonaises qui se sont tellement bien occupées de moi, j'ai patienté jusqu'à l'arrivée de Philippe, deux mois et demi plus tard. Je garde un merveilleux souvenir de ce voyage: je suis revenue enceinte de notre petit Léo made in Japan! ;)
Et voilà qu'en 2016, en compagnie de Léo qui aura tout juste 5 ans et d'Émi qui aura alors un an et demi, nous retrouverons les cerisiers, les amis, le japonais et la nourriture nippone. Pendant un mois, nous prendrons notre temps au pays du soleil levant, n'ayant pas à parcourir la ville comme des voyageurs qui y viennent pour la première fois. Au rythme des enfants et de nos souvenirs, nous retrouverons cette partie importante de notre vie et de notre identité. Nous avons très hâte! 楽しみ!
01 juillet 2015
La petite oubliée de la Pat Patrouille
À 4 ans, mon fils Léo est un grand fan des Pat Patrouille. Et je dois avouer que moi aussi. J’aime m’asseoir à ses côtés sur le divan et entonner la chanson du générique. Quand le chef Ryder envoie ses chiens en mission, je suis comme Léo : toute heureuse d’entendre la musique démarrer alors que les chiens dévalent la glissoire de la tour de contrôle. J’ai le cœur qui bat un peu plus vite, enthousiaste, même à 35 ans. C’est dire comment ces épisodes de 11 minutes sont bien faits.
Six chiens composent la bande de la Pat Patrouille : Chase, le chien policier; Marcus, le chien pompier maladroit; Ruben, celui qui aime creuser; Zuma, qui peut plonger de son aéroglisseur; Rocky, le débrouillard qui a de tout dans son camion de récupération et Stella (Skye en anglais), la chienne qui vole avec son hélicoptère. Du côté de la participation féminine, c’est assez peu : il y a une seule chienne. Mais il faut reconnaître que Stella est souvent de la partie : étant donné qu’elle est la seule à pouvoir voler, ses capacités sont importantes dans l’équipe, même si Chase et Marcus sont les principaux héros.
Une deuxième chienne apparaîtra dans la seconde saison (pas encore disponible en français), une husky nommée Everest qui conduit une grosse motoneige. Si le prochain membre de l’équipe est une chienne, ce n’est pas pour rien : on s’est rendu compte que les fillettes aimaient tout autant la Pat Patrouille que les garçons. Et c’est tant mieux parce que ça fait du bien de voir une émission de petits héros et héroïnes qui ne fait pas trop de distinctions dans les genres.
Les choses se gâtent quand la machine marketing nous montre toute l’étendue de son sexisme. Si l’émission met la chienne en bonne place et en fait une membre à part entière de la Pat Patrouille, Stella est complètement absente des vêtements qui réunissent l’équipe sur les t-shirts de garçons. Alors que dans les t-shirts destinés aux filles, on retrouve bel et bien toute l’équipe. C’est qu’il ne faudrait surtout pas ajouter une touche de rose (car l’habit de Stella est rose) sur un vêtement masculin! Quelle horreur!
Quand je vous avais parlé des problèmes avec les personnages de Playmobil 1 2 3 et des choix de la langue française, je dénonçais surtout des injustices envers les filles. Avec ma chronique Le féminin n'inclut pas le masculin, j'avais commencé à aborder les injustices envers les garçons. Et ce choix marketing des Pat Patrouille confirme une chose très triste : les fillettes semblent avoir plus de liberté quant à leur choix de couleurs et de personnages. Même si dans cette émission, on les limite au rose, violet et turquoise, on les dépeint fortes, capables d’être dans une équipe de secours et de conduire des grosses machines. Et on accepte même que les fillettes qui regardent l’émission aiment Marcus et Chase, si jamais elles préféraient les policiers ou les pompiers, sait-on jamais! Mais les garçons n’ont pas cette liberté. Préférer Stella parce qu’un garçonnet aurait le rêve de voler, c’est impossible. C’est sûr que ça ne se peut pas : c’est une chienne! Tu ne peux préférer un personnage féminin quand tu es un vrai gars! Et pour être sûr que tu le comprends bien, aucun chandail qui présente l’équipe ne contient Stella. T’as compris le message, p’tit gars?
Six chiens composent la bande de la Pat Patrouille : Chase, le chien policier; Marcus, le chien pompier maladroit; Ruben, celui qui aime creuser; Zuma, qui peut plonger de son aéroglisseur; Rocky, le débrouillard qui a de tout dans son camion de récupération et Stella (Skye en anglais), la chienne qui vole avec son hélicoptère. Du côté de la participation féminine, c’est assez peu : il y a une seule chienne. Mais il faut reconnaître que Stella est souvent de la partie : étant donné qu’elle est la seule à pouvoir voler, ses capacités sont importantes dans l’équipe, même si Chase et Marcus sont les principaux héros.
Une deuxième chienne apparaîtra dans la seconde saison (pas encore disponible en français), une husky nommée Everest qui conduit une grosse motoneige. Si le prochain membre de l’équipe est une chienne, ce n’est pas pour rien : on s’est rendu compte que les fillettes aimaient tout autant la Pat Patrouille que les garçons. Et c’est tant mieux parce que ça fait du bien de voir une émission de petits héros et héroïnes qui ne fait pas trop de distinctions dans les genres.
Les choses se gâtent quand la machine marketing nous montre toute l’étendue de son sexisme. Si l’émission met la chienne en bonne place et en fait une membre à part entière de la Pat Patrouille, Stella est complètement absente des vêtements qui réunissent l’équipe sur les t-shirts de garçons. Alors que dans les t-shirts destinés aux filles, on retrouve bel et bien toute l’équipe. C’est qu’il ne faudrait surtout pas ajouter une touche de rose (car l’habit de Stella est rose) sur un vêtement masculin! Quelle horreur!
Quand je vous avais parlé des problèmes avec les personnages de Playmobil 1 2 3 et des choix de la langue française, je dénonçais surtout des injustices envers les filles. Avec ma chronique Le féminin n'inclut pas le masculin, j'avais commencé à aborder les injustices envers les garçons. Et ce choix marketing des Pat Patrouille confirme une chose très triste : les fillettes semblent avoir plus de liberté quant à leur choix de couleurs et de personnages. Même si dans cette émission, on les limite au rose, violet et turquoise, on les dépeint fortes, capables d’être dans une équipe de secours et de conduire des grosses machines. Et on accepte même que les fillettes qui regardent l’émission aiment Marcus et Chase, si jamais elles préféraient les policiers ou les pompiers, sait-on jamais! Mais les garçons n’ont pas cette liberté. Préférer Stella parce qu’un garçonnet aurait le rêve de voler, c’est impossible. C’est sûr que ça ne se peut pas : c’est une chienne! Tu ne peux préférer un personnage féminin quand tu es un vrai gars! Et pour être sûr que tu le comprends bien, aucun chandail qui présente l’équipe ne contient Stella. T’as compris le message, p’tit gars?
28 avril 2015
Guillaume Couture raconté par Serge Bouchard
Il y deux ans, Serge Bouchard m'a reçue à son émission Les chemins de travers pour parler du Japon. J'avais adoré cette entrevue parce que discuter avec un homme aussi passionné des autres cultures est toujours enrichissant. Je suis devenue une grande fan. Et je ne suis pas la seule!
À Lévis, le dimanche 26 avril dernier, 250 personnes ont assisté à la conférence de Serge Bouchard, écrivain, animateur et anthropologue, venu parler du premier habitant d’origine européenne à Lévis: Guillaume Couture (1618-1701). Une cinquantaine de personnes ont dû repartir bredouille, car la salle était pleine. Cette large assistance a fait plaisir à Monsieur Bouchard: « Ça fait beaucoup de monde qui vienne entendre parler d’histoire. C’est bouleversant, c’est étonnant, c’est peu commun. L’histoire n’est pas le premier sujet du roulement de nos vies, mais apparemment, vous êtes là, c’est réel. Donc il n’y a pas à se décourager, c’est intéressant de parler de l’histoire! »
Invité pour parler de Guillaume Couture, qui donne maintenant son nom au principal boulevard traversant Lévis, Serge Bouchard s’est montré heureux du changement: « La toponymie, c’est important. Toutes les villes devraient rafraîchir leur mémoire de temps en temps. » Guillaume Couture fait partie de la série des Remarquables oubliés, créée par Serge Bouchard. C’est le deuxième personnage de son livre consacré aux coureurs des bois, Ils ont couru l’Amérique, écrit en collaboration avec Marie-Christine Lévesque: « Guillaume Couture ne fait partie de l’histoire qu’on nous enseigne à l’école. On nous a présenté les missionnaires, ce qui était justifié parce qu’il y en a eu beaucoup. On nous a présenté les aristocrates, beaucoup d’aristocrates! Mais pas beaucoup d’Amérindiens, ni ce genre de personnages qui auront couru, qui auront démarré l’Amérique. C’est beau de voir l’histoire par la vie de ces gens-là. »
Arrivé de Rouen, en 1637, Guillaume Couture est menuisier et charpentier. Rapidement, il quitte Québec pour construire Sainte-Marie-au-pays-des-Hurons, dans la baie Georgienne. Totalement fasciné par la vie des Amérindiens, il les observe et apprend la langue. En 1642, il est fait prisonnier par les Iroquois, torturé, puis adopté. À l’image de ce qui arrivera à Radisson quelques décennies plus tard, Guillaume Couture devient Iroquois sous le nom d’Achirra. En Nouvelle-France, on le croit mort. Quelle surprise de voir Guillaume arriver à la conférence de paix des Trois Rivières en 1645: « Trois chefs se présentent en grande cérémonie avec tout l’apparat. Parce que dans ce temps-là, les signes ostentatoires étaient très appréciés! Un des trois chefs, c’est Guillaume Couture. Il annonce aux Français, en français, qu’il a conseillé aux Iroquois de faire la paix avec eux. »
Cette paix négociée durera un an. Entre temps, Guillaume Couture est le premier à obtenir une concession sur la seigneurie de Lauzon en 1647. Aucun colon d’origine européenne n’osait s’y établir en raison des passages occasionnels des Iroquois. Guillaume Couture est la personne tout indiquée pour y faire sa place: « Tout le monde est étonné, on s’attend toujours à ce qu’il se fasse tuer : les Iroquois vont venir! Oui, ils viennent. Mais ils ne tuent pas Couture... C’est leur ami. Quand les Iroquois visitent, c’est pour prendre le thé chez lui. »
Il se marie avec Anne Aymard en 1649 avec qui il aura dix enfants. Souvent, Guillaume quitte le foyer pour servir d’interprète: « Il chialait tout le temps et il était agréable seulement quand il voyageait. Alors ils vont l’envoyer en exploration. C’était la meilleure façon pour qu’il arrête de chialer à la maison! » Il fera diverses expéditions jusqu’à ses 50 ans. Par la suite, il restera à Lévis où il occupera plusieurs fonctions dans la ville naissante: capitaine de la milice, juge, marchand d’anguilles et de fourrures. Il mourra à 83 ans, ce qui prouve que « la vie rude ne tue pas », comme l’a souligné M. Bouchard.
Lors de sa conférence, Serge Bouchard n’a pas manqué de souligner d’autres personnages tout aussi fascinants, collègues et amis de Guillaume Couture: Nicolas Marsolet, Louis Jolliet, François Bissot. Il a rappelé que le premier tome des Remarquables oubliés est consacré aux femmes, Elles ont fait l’Amérique, soulignant avec aplomb et humour: « Les femmes ont fait l’Amérique pendant que les hommes la couraient, rien d’étonnant là-dedans! » Le troisième tome, prévu l’an prochain, sera entièrement consacré aux Amérindiens et s’intitulera Ils ont perdu l’Amérique.
Par sa conférence dynamique, Serge Bouchard a rendu l’histoire accessible et vivante. Il s’est désolé que les réalisateurs québécois ne parlent pas davantage de ces ancêtres plus grands que nature qui ont été à la base de notre société. Quelle fascinante série télé ferait la vie de Guillaume Couture, qui court de Québec à la baie Georgienne, du lac Mistassini au Labrador pour se terminer à Lévis… À bon entendeur salut!
À Lévis, le dimanche 26 avril dernier, 250 personnes ont assisté à la conférence de Serge Bouchard, écrivain, animateur et anthropologue, venu parler du premier habitant d’origine européenne à Lévis: Guillaume Couture (1618-1701). Une cinquantaine de personnes ont dû repartir bredouille, car la salle était pleine. Cette large assistance a fait plaisir à Monsieur Bouchard: « Ça fait beaucoup de monde qui vienne entendre parler d’histoire. C’est bouleversant, c’est étonnant, c’est peu commun. L’histoire n’est pas le premier sujet du roulement de nos vies, mais apparemment, vous êtes là, c’est réel. Donc il n’y a pas à se décourager, c’est intéressant de parler de l’histoire! »
Invité pour parler de Guillaume Couture, qui donne maintenant son nom au principal boulevard traversant Lévis, Serge Bouchard s’est montré heureux du changement: « La toponymie, c’est important. Toutes les villes devraient rafraîchir leur mémoire de temps en temps. » Guillaume Couture fait partie de la série des Remarquables oubliés, créée par Serge Bouchard. C’est le deuxième personnage de son livre consacré aux coureurs des bois, Ils ont couru l’Amérique, écrit en collaboration avec Marie-Christine Lévesque: « Guillaume Couture ne fait partie de l’histoire qu’on nous enseigne à l’école. On nous a présenté les missionnaires, ce qui était justifié parce qu’il y en a eu beaucoup. On nous a présenté les aristocrates, beaucoup d’aristocrates! Mais pas beaucoup d’Amérindiens, ni ce genre de personnages qui auront couru, qui auront démarré l’Amérique. C’est beau de voir l’histoire par la vie de ces gens-là. »
Arrivé de Rouen, en 1637, Guillaume Couture est menuisier et charpentier. Rapidement, il quitte Québec pour construire Sainte-Marie-au-pays-des-Hurons, dans la baie Georgienne. Totalement fasciné par la vie des Amérindiens, il les observe et apprend la langue. En 1642, il est fait prisonnier par les Iroquois, torturé, puis adopté. À l’image de ce qui arrivera à Radisson quelques décennies plus tard, Guillaume Couture devient Iroquois sous le nom d’Achirra. En Nouvelle-France, on le croit mort. Quelle surprise de voir Guillaume arriver à la conférence de paix des Trois Rivières en 1645: « Trois chefs se présentent en grande cérémonie avec tout l’apparat. Parce que dans ce temps-là, les signes ostentatoires étaient très appréciés! Un des trois chefs, c’est Guillaume Couture. Il annonce aux Français, en français, qu’il a conseillé aux Iroquois de faire la paix avec eux. »
Cette paix négociée durera un an. Entre temps, Guillaume Couture est le premier à obtenir une concession sur la seigneurie de Lauzon en 1647. Aucun colon d’origine européenne n’osait s’y établir en raison des passages occasionnels des Iroquois. Guillaume Couture est la personne tout indiquée pour y faire sa place: « Tout le monde est étonné, on s’attend toujours à ce qu’il se fasse tuer : les Iroquois vont venir! Oui, ils viennent. Mais ils ne tuent pas Couture... C’est leur ami. Quand les Iroquois visitent, c’est pour prendre le thé chez lui. »
Il se marie avec Anne Aymard en 1649 avec qui il aura dix enfants. Souvent, Guillaume quitte le foyer pour servir d’interprète: « Il chialait tout le temps et il était agréable seulement quand il voyageait. Alors ils vont l’envoyer en exploration. C’était la meilleure façon pour qu’il arrête de chialer à la maison! » Il fera diverses expéditions jusqu’à ses 50 ans. Par la suite, il restera à Lévis où il occupera plusieurs fonctions dans la ville naissante: capitaine de la milice, juge, marchand d’anguilles et de fourrures. Il mourra à 83 ans, ce qui prouve que « la vie rude ne tue pas », comme l’a souligné M. Bouchard.
Lors de sa conférence, Serge Bouchard n’a pas manqué de souligner d’autres personnages tout aussi fascinants, collègues et amis de Guillaume Couture: Nicolas Marsolet, Louis Jolliet, François Bissot. Il a rappelé que le premier tome des Remarquables oubliés est consacré aux femmes, Elles ont fait l’Amérique, soulignant avec aplomb et humour: « Les femmes ont fait l’Amérique pendant que les hommes la couraient, rien d’étonnant là-dedans! » Le troisième tome, prévu l’an prochain, sera entièrement consacré aux Amérindiens et s’intitulera Ils ont perdu l’Amérique.
Par sa conférence dynamique, Serge Bouchard a rendu l’histoire accessible et vivante. Il s’est désolé que les réalisateurs québécois ne parlent pas davantage de ces ancêtres plus grands que nature qui ont été à la base de notre société. Quelle fascinante série télé ferait la vie de Guillaume Couture, qui court de Québec à la baie Georgienne, du lac Mistassini au Labrador pour se terminer à Lévis… À bon entendeur salut!
21 avril 2015
Techno vintage
Ça m’arrive de plus en plus souvent quand je sors mon téléphone intelligent de susciter l’étonnement. « Oh! C’est quelle version? Fantastique! Ça me rappelle des souvenirs! » Un iPhone 3GS que j’étrenne depuis 2010, c’est maintenant une « antiquité » technologique. Et malgré tous les articles sur l’obsolescence programmée, combien d’entre nous se rendent vraiment à la limite du fonctionnement de leurs petites machines?
Il y a un problème quand on garde nos bebelles longtemps: on n’a plus très souvent ce plaisir de présenter nos nouveaux achats à nos amis. Et rapidement (les technologies se succèdent si vite), on devient « techno vintage », suscitant la nostalgie quand on sort notre vieil iPhone arrondi.
Et pourtant, avec tous les problèmes qu’engendre notre surconsommation, n’est-ce pas une attitude à développer? En l’honneur du Jour de la Terre, j’ai voulu me flatter dans le sens du poil et faire fuir ma culpabilité d’appartenir à l’une des populations qui pollue le plus la planète. Et je vous présente quelques-unes de mes machines vintages. C’est à la fois un choix ou tout simplement parce que ça coûte trop cher de changer tous ces appareils.
Je vous invite à embarquer dans le mouvement et à utiliser les mots-clics sur Facebook et Twitter #technovintage et #JourdelaTerre
Bien évidemment, ne nommez pas tout, on ne veut tout de même pas attirer les voleurs vintages.
De mon côté, j’utilise:
- depuis 2010, un iPhone 3GS (tellement cute!)
- depuis 2009, un PC (que je n’ai jamais eu à reformater)
- depuis 2008, un téléviseur ACL 32 pouces (oui, elle affiche encore)
- depuis 2007, une Toyota (elle ne lit même pas les mp3! Full vintage!)
Soyez fiers d’avouer que vous n’êtes pas si cool que ça et que vous possédez des vieilles machines!
Environnementalement vôtre,
Nomadesse
Il y a un problème quand on garde nos bebelles longtemps: on n’a plus très souvent ce plaisir de présenter nos nouveaux achats à nos amis. Et rapidement (les technologies se succèdent si vite), on devient « techno vintage », suscitant la nostalgie quand on sort notre vieil iPhone arrondi.
Et pourtant, avec tous les problèmes qu’engendre notre surconsommation, n’est-ce pas une attitude à développer? En l’honneur du Jour de la Terre, j’ai voulu me flatter dans le sens du poil et faire fuir ma culpabilité d’appartenir à l’une des populations qui pollue le plus la planète. Et je vous présente quelques-unes de mes machines vintages. C’est à la fois un choix ou tout simplement parce que ça coûte trop cher de changer tous ces appareils.
Je vous invite à embarquer dans le mouvement et à utiliser les mots-clics sur Facebook et Twitter #technovintage et #JourdelaTerre
Bien évidemment, ne nommez pas tout, on ne veut tout de même pas attirer les voleurs vintages.
De mon côté, j’utilise:
- depuis 2010, un iPhone 3GS (tellement cute!)
- depuis 2009, un PC (que je n’ai jamais eu à reformater)
- depuis 2008, un téléviseur ACL 32 pouces (oui, elle affiche encore)
- depuis 2007, une Toyota (elle ne lit même pas les mp3! Full vintage!)
Soyez fiers d’avouer que vous n’êtes pas si cool que ça et que vous possédez des vieilles machines!
Environnementalement vôtre,
Nomadesse
06 février 2015
We love Japanese Songs - la suite
L'émission Médium large m'a reçue pour parler du prix, c'était une entrevue fort sympathique. Et le trophée est arrivé! Directement du Japon, nous avons reçu une grosse boîte très lourde. Alors que l'on croyait que le trophée offert par le concours We love Japanese Songs serait en plastique, nous avons sous-estimé le cadeau et quelle ne fut pas notre surprise en découvrant une très jolie étoile de cristal. Une belle façon de souligner ce début d'année à la japonaise. :)
27 janvier 2015
Les arts au Japon
Du 29 janvier au 25 février, je donnerai une nouvelle conférence dans les bibliothèques de la ville de Québec. Je termine tout juste le montage de cette présentation des arts au Japon. L'idée m'a été suggérée par des gens qui venaient assister à ma conférence Passion Japon et qui auraient aimé en apprendre un peu plus sur les arts. Mais je réalise que même en donnant toute une heure là-dessus, on ne fait qu'effleurer le Japon artistique. Au menu: théâtre, poésie, manga, origami, kimono, musique... Au plaisir de vous y rencontrer! Voici le calendrier des conférences.
03 janvier 2015
Special Jury's Prize - We love Japanese Songs 2015!
Nous avons gagné le prix spécial du jury! Nous avons été choisi par les chanteuses Nana Mizuki et Gille. Selon Nana Mizuki, "la voix est magnifique bien sûr, mais j'ai aussi été fascinée par le lieu et l'amour familial qu'il y a dans le vidéo, ça m'a touchée." Et Gille ajoute: "Je n'ai jamais visité le Canada, mais en voyant le film, ça me donne le goût d'y aller. Il y a tant de belles images." Wow! C'est très émouvant d'entendre ces commentaires et aussi de nous voir recevoir le prix, petit Léo sur les genoux. Il venait tout juste de se lever et on avait veillé toute la nuit pour l'enregistrement. :)
Nous avions envoyé une interprétation de la chanson Zankoku na Tenshi no Te-Ze, le thème de l'animé Evangelion. La vidéo a été tournée à la fin octobre, en compagnie de Léo, mais aussi de notre petite Émi qui patientait dans sa poussette, âgée de seulement trois semaines. C'est donc un vidéo rempli de souvenirs familiaux. Voici la version complète:
Pour entendre seulement la musique, ou d'autres interprétations japonaises-françaises, on s'est créé une page Yume sur Soundcloud. :)
Merci à tous pour vos votes! Valérie et Philippe
Nous avions envoyé une interprétation de la chanson Zankoku na Tenshi no Te-Ze, le thème de l'animé Evangelion. La vidéo a été tournée à la fin octobre, en compagnie de Léo, mais aussi de notre petite Émi qui patientait dans sa poussette, âgée de seulement trois semaines. C'est donc un vidéo rempli de souvenirs familiaux. Voici la version complète:
Pour entendre seulement la musique, ou d'autres interprétations japonaises-françaises, on s'est créé une page Yume sur Soundcloud. :)
Merci à tous pour vos votes! Valérie et Philippe
S'abonner à :
Messages (Atom)