J’écris de Kyoto. C’est normalement la journée où j’aurais dû prendre le train vers Tokyo, puis l’avion vers chez moi, mais le typhon Hagibis a changé les plans. J’ai retardé mon retour pour être sûre de pouvoir circuler. Les trains sont toujours au ralenti ce matin et l’aéroport rouvrira cet après-midi, alors c’était la bonne chose à faire. À Kyoto, la situation est restée calme, du vent et de la pluie en grande partie, mais la région centrale et le nord du Japon ont subi plusieurs inondations. Il y a quatre morts, 17 personnes disparues et une centaine de blessés jusqu’à maintenant. J’ai pu suivre la situation à la télévision toute la journée hier.
Mes dix jours au Japon se sont bien passés. J’ai rencontré plusieurs personnes en personne pour la première fois, dont David Brulotte, le délégué général du Québec à Tokyo, Maud Archambault, qui a contribué avec moi au Fabuleux Japon publié chez Ulysse et plusieurs professeurs! J’ai aussi visité plusieurs amis de longue date, ce qui est un vrai bonheur.
Lors du colloque de sociologie de Japan Sociological Society, où j’étais invitée, j’ai fait ma communication sur les pères québécois et japonais. C’était en anglais, ce qui est une première pour moi! Cet événement fut intéressant, mais il y avait huit intervenants qui se succédaient pendant trois heures sans pause, ce qui est difficile pour la concentration. De plus, les sujets des panels étaient très disparates, ce qui ne favorisaient pas la réunion des gens en fonction de leur intérêt. Le dimanche, je suis allée à un panel (de huit intervenants) sur le seul sujet des minorités sexuelles au Japon, et c’était plein, ce qui démontre que c’est préférable de mettre ensemble les chercheurs ayant des thèmes communs.
J’ai ensuite visité brièvement Matsumoto et Nagano. Il y a longtemps que je voulais découvrir la région montagneuse, au centre de l’île principale. J’étais dans un ryokan, c’était fort agréable. Le moment que j’ai préféré fut au Zenkô-ji de Nagano, où l’un des moines a remarqué que je visitais seule et que je parlais japonais. Il est venu me voir, m’a demandé si je lui accordais quelques minutes et m’a fait visiter. C’était infiniment sympathique et cela a rendu mon expérience mémorable. Merci!
À Kyoto, j’ai visité une classe de littérature francophone à l’université Kyoto Gaikoku-go. J’ai parlé devant une classe en japonais pendant près d’une heure! Ça aussi, c’était une première! On pourra dire que j’ai repoussé mes frontières pendant ce court séjour au Japon! Je remercie les deux professeurs qui m’ont accueillie dans leurs classes, car c’est l’un de mes moments favoris du voyage. Les étudiants étaient super sympathiques, ils ont ri et étaient intéressés. Un grand bonheur!
Finalement, ce sont les moments où je rencontre d’autres personnes, où j’ai le temps d’avoir une longue conversation avec une amie autour d’un thé, ou en marchant lentement dans un vieux temple, que je ressens le plus que le voyage a un sens. Sans aucun doute parce qu’à travers ces discussions, ces rencontres, je change un peu à chaque fois. Et c’est le souvenir le plus précieux que je ramène de chacun de mes séjours.