Lorsque nous sommes arrivés à Kyoto en janvier, nous avons pu constater que ce n’était pas la meilleure saison pour visiter la cité. La température se situait près du point de congélation, il bruinait, tout était gris. Les arbres étaient comme en novembre au Québec : sombres et menaçants. Lorsqu’on m’a dit que les arbres qui bordaient la rivière Kamogawa étaient de fameux sakura, reconnus pour leur beauté, je dois avouer que j’ai eu un doute.
Le spectacle de l’hiver à Kyoto n’est pas toujours réjouissant. La majorité des arbres dans la ville sont des feuillus, alors il est triste de voir la majorité d’entre eux tout nus, à part les bambous qui conservent leurs feuilles. Mais les pires à voir n’étaient pas les noirs cerisiers qui longeaient la rivière, mais les arbres qui bordaient les rues. Je ne savais pas encore leur nom, mais ils me faisaient un peu peur. C’étaient des arbres très hauts, aux branches courtes, avec un air lugubre. Les jours de pluie, on se serait cru dans un film de Tim Burton, du genre « Sleepy Hollow ».
J’ai été surprise quand j’ai appris que ces arbres tristes étaient des ginkgos bilobas. Alors, c’était ça, l’arbre légendaire? Lire l'article de Wikipédia. Celui qui existe depuis 300 millions d’années, qui a vu les dinosaures, qui peut vivre 2500 ans et qui guérit nombre de maladies?
À la vue de mon visage stupéfait et déçu, mon interlocuteur japonais s’empressa de me dire que tous les ans, on devait tailler les itchoo (comme on les appelle au Japon), car ils poussent extrêmement vite en été.
Comme j’ai arpenté la rue Marutamachi de long en large toute l’année, j’ai surveillé attentivement les ginkgos. Eh bien, il avait raison. En juin, en moins d’une semaine, de petites branches ont poussé de partout et les feuilles du ginkgo sont apparues. Je dois dire que cela transformait avantageusement mon paysage quoditien.
Il y avait tellement de feuilles qui poussaient que l’arbre est devenu quasiment touffu. Les feuilles elles-mêmes sont superbes, car elles ont la forme d’un éventail. Quel bel arbre!
En octobre, le fruit puant des arbres femelles (d’après mon pif, ça ressemble assez à l’odeur du vomi) est excellent. Il faut prendre le temps d’enlever la coquille puante, car à l’intérieur se cache une petite noix tendre sans odeur qu’on fait cuire au four micro-ondes, comme du popcorn. On trempe la noix chaude dans une pincée de sel, et voilà une autre découverte délicieuse, mais réservée aux adultes car elle peut être toxique pour les enfants. Évidemment, la ville de Kyoto ne devient pas malodorante chaque automne puisqu’on prend bien soin de planter des ginkgos mâles au bord des rues.
Je n’étais pas au bout de mes surprises. Non seulement le ginkgo résiste-t-il à la pollution (ce qui explique pourquoi il borde les rues), mais il devient en automne d’un jaune doré absolument magnifique.
Malheureusement, l’histoire triste commence justement en plein automne. Les gens de la voirie s’attellent à la tâche de couper toutes les branches des ginkgos des rues de Kyoto. C’est terrible. Un désastre. On massacre la beauté naissante. Est-ce qu’on coupe les fleurs d’un sakura avant leur éclosion? Après de longues recherches pour comprendre le sens de cette pratique, j’ai fini par obtenir une réponse. Les feuilles tombées des ginkgos encombrent les rues et les terrains des maisons. Au Japon, on est responsable des feuilles de notre arbre qui tombent dans la cour du voisin. Ainsi pour éviter ce genre de « pollution », on préfère couper les feuilles avant qu’elles ne tombent.
D’ailleurs, j’ai pu constater qu’on faisait la même chose avec d’autres arbres. Nous avons vu une femme d’entretien enlever systématiquement les pétales des roses sauvages pour éviter qu’elles ne tombent dans le sentier du temple. C’est ainsi qu’on réalise que les perceptions peuvent être très différentes à l’autre bout du monde.
21 novembre 2006
15 novembre 2006
Le retour approche
Comment allez-vous? Nous, nous allons très bien. Le retour se compte maintenant en jours et cela nous rend très heureux. En plus, l’automne est vraiment beau ici et les feuilles sont très colorées. Le vent est frais, nous avons commencé à chauffer l’appartement depuis quelques jours.
Nous avons aussi commencé à vendre les choses : piano, télé, vélo, chaises, lampe, tiroirs, etc. Graduellement, l’appartement s’agrandit.
J’ai déjà donné, à certains étudiants, leur dernier cours. Chaque semaine, je dois dire au revoir à d’autres étudiants. Certains enfants savent qu’ils ne restent que deux cours et ils ont déjà des larmes dans les yeux. C’est émouvant. J’ai préparé des petits albums avec les photos de tous nos cours. Je vais leur offrir lors de la dernière leçon.
Je dois dire que j’ai été chanceuse. J’ai eu environ une vingtaine d’étudiants, la majorité étant des adultes. Tous mes étudiants enfants étaient toujours calmes et mignons. Je n’ai pas vraiment eu à faire de la discipline (ouf!). En plus, j’ai enseigné le français à la moitié de mes étudiants, ce qui était inespéré à Kyoto.
Avec les étudiants adultes, on apprend beaucoup, c’est génial. Ils nous parlent du Japon, de leur famille, de leur vie. J’ai aussi beaucoup parlé de mon Québec, de ma culture. C’est certainement avec ces personnes qu’on échange le plus. C’est donc une bonne chose de leur enseigner.
Par contre, ce n’est pas ainsi qu’on apprend le japonais. Je dois dire qu’être professeur au Japon ne permet absolument pas d’apprendre le japonais. Oui, on apprend quelques mots par-ci, par-là, mais les étudiants souhaitent entendre la langue qu’ils étudient. Il faut donc parler l’anglais ou le français (quoique avec les étudiants débutants en français, je parlais en japonais pour les explications).
Pour apprendre le japonais, il faut donc avoir la volonté de s’y mettre et d’y travailler. Ce n’est pas une langue facile. À partir du mois d’avril, je me suis donc payée une professeure privée, car les cours gratuits du Centre de Kyoto étaient un peu difficiles. Avec Tae-chan, j’ai vraiment beaucoup appris. Pas seulement le japonais. C’est grâce à elle qu’on a découvert le bunraku, l’ikebana, la pension au Mont Fuji, le noh, le quartier chinois de Yokohama, les meilleurs okashi (pâtisseries) de Kyoto et d’autres, et d’autres! :)
Quand je lui ai appris que je m’étais inscrite à un examen de japonais pour le mois de décembre, elle a décidé de me lancer dans le grand programme : devoirs, devoirs et devoirs. J’ai donc terminé les deux gros livres Minna no Nihongo en trois mois! Je vous dis que j’ai travaillé fort! ;) Mais j’espère que je pourrai passer l’examen, car je sais qu’il est difficile. :)
Voilà mes petites pensées d’aujourd’hui. :)
Ah! Hier, Philippe et moi avons envoyé notre démo à des compagnies de disques québécoises. On espère fort fort avoir des réponses! :) Mais sinon, on ne se découragera pas et on fera comme à Kyoto : on se forgera un petit public graduellement. :)
Nous avons aussi commencé à vendre les choses : piano, télé, vélo, chaises, lampe, tiroirs, etc. Graduellement, l’appartement s’agrandit.
J’ai déjà donné, à certains étudiants, leur dernier cours. Chaque semaine, je dois dire au revoir à d’autres étudiants. Certains enfants savent qu’ils ne restent que deux cours et ils ont déjà des larmes dans les yeux. C’est émouvant. J’ai préparé des petits albums avec les photos de tous nos cours. Je vais leur offrir lors de la dernière leçon.
Je dois dire que j’ai été chanceuse. J’ai eu environ une vingtaine d’étudiants, la majorité étant des adultes. Tous mes étudiants enfants étaient toujours calmes et mignons. Je n’ai pas vraiment eu à faire de la discipline (ouf!). En plus, j’ai enseigné le français à la moitié de mes étudiants, ce qui était inespéré à Kyoto.
Avec les étudiants adultes, on apprend beaucoup, c’est génial. Ils nous parlent du Japon, de leur famille, de leur vie. J’ai aussi beaucoup parlé de mon Québec, de ma culture. C’est certainement avec ces personnes qu’on échange le plus. C’est donc une bonne chose de leur enseigner.
Par contre, ce n’est pas ainsi qu’on apprend le japonais. Je dois dire qu’être professeur au Japon ne permet absolument pas d’apprendre le japonais. Oui, on apprend quelques mots par-ci, par-là, mais les étudiants souhaitent entendre la langue qu’ils étudient. Il faut donc parler l’anglais ou le français (quoique avec les étudiants débutants en français, je parlais en japonais pour les explications).
Pour apprendre le japonais, il faut donc avoir la volonté de s’y mettre et d’y travailler. Ce n’est pas une langue facile. À partir du mois d’avril, je me suis donc payée une professeure privée, car les cours gratuits du Centre de Kyoto étaient un peu difficiles. Avec Tae-chan, j’ai vraiment beaucoup appris. Pas seulement le japonais. C’est grâce à elle qu’on a découvert le bunraku, l’ikebana, la pension au Mont Fuji, le noh, le quartier chinois de Yokohama, les meilleurs okashi (pâtisseries) de Kyoto et d’autres, et d’autres! :)
Quand je lui ai appris que je m’étais inscrite à un examen de japonais pour le mois de décembre, elle a décidé de me lancer dans le grand programme : devoirs, devoirs et devoirs. J’ai donc terminé les deux gros livres Minna no Nihongo en trois mois! Je vous dis que j’ai travaillé fort! ;) Mais j’espère que je pourrai passer l’examen, car je sais qu’il est difficile. :)
Voilà mes petites pensées d’aujourd’hui. :)
Ah! Hier, Philippe et moi avons envoyé notre démo à des compagnies de disques québécoises. On espère fort fort avoir des réponses! :) Mais sinon, on ne se découragera pas et on fera comme à Kyoto : on se forgera un petit public graduellement. :)
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