La météo qui affichait des jours tristes de pluie sans fin s'est subitement transformée en une suite de petits soleils. En plus, ce n'est pas la canicule humide habituelle de Kyoto, mais bien un temps de lumière claire, avec un vent frais qui permet de supporter le soleil.
Je sors donc tous les jours de la maison. Je fais du magasinage. Je trouve tout plein de petites choses mignonnes, du nouveau linge aussi. J'ai remarqué que le coton utilisé au Japon dans les t-shirts est très doux et qu'il respire mieux. Les modèles sont également très mignons!
Je fais du vélo. Je vais chanter sur le bord de la rivière. Je fais mes exercices de voix en regardant les oiseaux pêcher, dans un superbe mélange de bleu et de vert. Je flâne aux deux temples d'à côté, je passe de longs moments à regarder les jardins.
Il faut dire que j'ai l'esprit facilement inspiré ces temps-ci. Je n'écris pas ces histoires qui me passent par la tête, parce que je n'ai pas l'énergie de m'y consacrer entièrement. Après mon dernier roman, j'ai fait un petit rhume suite à mon exagération, alors… J'écris les plans pour ces idées (une sorte de petit résumé), mais c'est tout. Je sais bien que si je m'y mets maintenant, je ne sortirai plus du tout et ne quitterai plus mon ordinateur. Ce que je trouverais dommage parce que je ne suis pas au Japon par un beau temps pareil pour ne pas en profiter, bonyenne!
De toute façon, pour être bien inspirée, il faut quitter l'écran. Il faut marcher, il faut se laisser porter les trains, écouter de la musique, rêver avant de dormir.
Samedi, je suis donc partie vers un temple situé de l'autre côté des montagnes de l'est, dans une autre ville, sur le bord du lac Biwa. Dans mon petit guide, on disait que le temple Ishiyama-dera est l'endroit où Murasaki Shikibu a écrit "Le Dit du Genji".
Qu'est-ce que c'est ça? Eh bien, Murasaki Shikibu est une femme noble de la cour Heian (l'équivalent de l'époque médiévale japonaise) et elle a écrit au 11e siècle cette longue histoire racontant les aventures d'un prince séducteur et poète (Genji). On dit souvent que ce texte est le premier roman psychologique au monde!
Alors, pour moi, petite auteure débutante, mais dans un si beau moment d'inspiration, Murasaki Shikibu est un modèle! D'abord parce que c'est une femme, ensuite une auteure, finalement parce qu'elle a écrit cette histoire il y a mille ans, créant un nouveau genre…
Je viens en effet de me rendre compte que ce que j'écris entre tout à fait dans le style "light novel", un genre japonais (oui, le nom est en anglais, mais c'est pour faire "moderne", un peu comme en France avec "Star Academy"). Les "light novel" sont des romans courts, mettant l'emphase sur les dialogues et s'adressant à un public de 18-31 ans. On trouve également des illustrations aux 30-50 pages. Un peu comme les vieux romans de Sherlock Holmes ou les tomes des Mille et une nuits, illustrés eux aussi.
Je ne crée pas un nouveau genre, puisqu'il existe ici… Mais disons qu'en français, ce n'est pas encore le cas. La page Wikipédia n'existe même pas (je suis une grande lectrice de Wikipédia, alors, ça me touche!)
Voilà. J'ai des romans de type "light novel" sur mon ordinateur. Je ne sais pas trop quoi faire avec ça maintenant. :) J'ai pensé à cela en flânant dans ce vieux temple rempli de belles grandes pierres et de beaux bâtiments. Je suis retournée à mes histoires en revenant lentement en train, en métro, puis en vélo! Le temps m'importe peu, il me permet d'explorer les scénarios de mes "light novel"! ;)
30 mai 2010
26 mai 2010
Fonds d'écran: Pourquoi je fais ça?
Un petit mot pour vous dire que je viens d'ajouter 33 fonds d'écran, disponibles en format régulier et en format "cinéma". J'ai les yeux qui n'en peuvent plus de regarder l'écran de mon ordinateur.
Il y a quatre ans que j'ai pris la décision de rendre mes photos disponibles gratuitement sur le web. Je m'en souviens très bien, nous étions pris à l'aéroport d'Osaka. J'ai passé deux jours à traiter les images, les couper et les corriger légèrement.
L'an dernier, j'ai ajouté les photos de Nouvelle-Calédonie, de San Francisco et du Québec. Et voilà que je vous offre ce que je considère comme les plus belles photos du voyage que je réalise présentement.
En faisant la préparation de ces photos, je me suis posée mille fois la question: "Pourquoi est-ce que je fais ça?" Parce que vous devinez bien que ce n'est pas en plaçant une indication "Copyright: Valérie Harvey, www.nomadesse.com" que mes photos sont protégées. Dès qu'une photo est diffusée, le photographe a bien peu de pouvoirs…
À quelques reprises, j'ai reçu un courriel me demandant la permission d'utiliser une photo pour illustrer tel ou tel document. Une université en Californie l'a utilisée pour ses notes de cours sur le Japon… Savez-vous ce que je demande en échange? La citation de la source (mon nom ainsi que l'adresse de mon bloque) et UN exemplaire du document en question. Pour mon porte-folio, au cas où j'en aurais besoin un jour.
Eh bien, je n'ai jamais reçu aucun de ces documents. Je me console en me disant qu'au moins, ils m'ont demandé la permission, alors je sais où la photo a été utilisée. Mais retrouverai-je un jour ma photo sur un livre sans être citée? Pourquoi pas? C'est le risque à courir en mettant tout cela sur le web.
Alors, pourquoi je le fais quand même?
Il y a quatre ans, prise contre mon gré à attendre un avion, j'ai compris pourquoi j'avais pris tant de temps à écrire les 80 chroniques de mon année au Japon. C'est parce qu'en racontant, on se sent moins seul. On se sent humain, en lien avec d'autres personnes.
À quoi serviront mes photos, bien en sécurité sur mon ordinateur? Elles feraient peut-être plaisir à quelqu'un qui aimerait avoir ces fleurs en fond d'écran? Elles étonneraient peut-être un autre? Ces temples et ces chemins de bambous peuvent-ils vraiment apaiser l'âme? Mais n'est-ce pas le pouvoir d'une image de toucher quelque chose en nous?
Ces photos, je les mets sur le web parce qu'elles me font du bien et qu'au lieu de me demander comment les protéger, je préfère me dire qu'elles peuvent peut-être vous faire plaisir à vous aussi. Même si vous êtes silencieux avec celle que vous avez choisie. Même si vous ne me dites rarement que vous l'avez aimée.
Profites-en bien et, si jamais ça vous tente, vous pouvez m'écrire un petit mot sur le sujet. Veuillez noter mes efforts considérables pour vous offrir l'image d'un chien, malgré mon affection pour les chats! =^.^=
Il y a quatre ans que j'ai pris la décision de rendre mes photos disponibles gratuitement sur le web. Je m'en souviens très bien, nous étions pris à l'aéroport d'Osaka. J'ai passé deux jours à traiter les images, les couper et les corriger légèrement.
L'an dernier, j'ai ajouté les photos de Nouvelle-Calédonie, de San Francisco et du Québec. Et voilà que je vous offre ce que je considère comme les plus belles photos du voyage que je réalise présentement.
En faisant la préparation de ces photos, je me suis posée mille fois la question: "Pourquoi est-ce que je fais ça?" Parce que vous devinez bien que ce n'est pas en plaçant une indication "Copyright: Valérie Harvey, www.nomadesse.com" que mes photos sont protégées. Dès qu'une photo est diffusée, le photographe a bien peu de pouvoirs…
À quelques reprises, j'ai reçu un courriel me demandant la permission d'utiliser une photo pour illustrer tel ou tel document. Une université en Californie l'a utilisée pour ses notes de cours sur le Japon… Savez-vous ce que je demande en échange? La citation de la source (mon nom ainsi que l'adresse de mon bloque) et UN exemplaire du document en question. Pour mon porte-folio, au cas où j'en aurais besoin un jour.
Eh bien, je n'ai jamais reçu aucun de ces documents. Je me console en me disant qu'au moins, ils m'ont demandé la permission, alors je sais où la photo a été utilisée. Mais retrouverai-je un jour ma photo sur un livre sans être citée? Pourquoi pas? C'est le risque à courir en mettant tout cela sur le web.
Alors, pourquoi je le fais quand même?
Il y a quatre ans, prise contre mon gré à attendre un avion, j'ai compris pourquoi j'avais pris tant de temps à écrire les 80 chroniques de mon année au Japon. C'est parce qu'en racontant, on se sent moins seul. On se sent humain, en lien avec d'autres personnes.
À quoi serviront mes photos, bien en sécurité sur mon ordinateur? Elles feraient peut-être plaisir à quelqu'un qui aimerait avoir ces fleurs en fond d'écran? Elles étonneraient peut-être un autre? Ces temples et ces chemins de bambous peuvent-ils vraiment apaiser l'âme? Mais n'est-ce pas le pouvoir d'une image de toucher quelque chose en nous?
Ces photos, je les mets sur le web parce qu'elles me font du bien et qu'au lieu de me demander comment les protéger, je préfère me dire qu'elles peuvent peut-être vous faire plaisir à vous aussi. Même si vous êtes silencieux avec celle que vous avez choisie. Même si vous ne me dites rarement que vous l'avez aimée.
Profites-en bien et, si jamais ça vous tente, vous pouvez m'écrire un petit mot sur le sujet. Veuillez noter mes efforts considérables pour vous offrir l'image d'un chien, malgré mon affection pour les chats! =^.^=
25 mai 2010
Calligraphie et gourmandise
La fin de semaine dernière, j'ai eu droit à mon deuxième cours de calligraphie. Je suis vraiment, mais vraiment!, très mauvaise. Bon… Soyons gentils et disons que je suis débutante! C'est un art très difficile à maîtriser. Mais j'adore l'écriture. Et le dessin aussi, même si je n'ai pas de talent dans le domaine. Alors, je crois que la calligraphie est une bonne façon d'allier les deux.
J'ai aussi fait une découverte intéressante. Lorsque je fais de la calligraphie, je ne pense qu'à une seule chose: comment tracer cette ligne…! Parfois, on me parlait en même temps et je ne pouvais plus écrire. Pour moi, qui fait habituellement deux-trois choses en même temps, c'est très rare de pouvoir concentrer toute mon attention vers une seule activité. C'est donc très relaxant. Il paraît également que l'odeur de l'encre (sumi) apporte le calme, alors j'ai pensé que je devais absolument me ramener un kit pour pratiquer chez moi.
Je me suis donc informée à une amie, chez qui je dormais en fin de semaine. J'ai rencontré ses parents hyper sympathiques et sa chatte qui a des crises de "mii-mii" de temps à autre. Eh bien, la maman de mon amie s'est mise à chercher partout dans la maison et m'a trouvé un kit complet de calligraphie japonaise. Quatre pinceaux, trois encres, un support de bois, un poids pour la feuille, un feutre, un versoir à eau, la pierre pour l'encre… Sans le savoir, j'étais dans une des rares familles où les femmes pratiquent la calligraphie depuis trois générations (au moins), ce qui veut dire qu'ils avaient du matériel en trop… Je suis chanceuse comme un bossu! (ça ne veut pas dire que je vais devenir meilleure en calligraphie, mais bon…) (+_+)
Avec cette amie, nous sommes allées à Nagahama, tout au bout du lac Biwa. En train, c'est très rapide. Là-bas, il pleuvait beaucoup, mais nous avons mangé des nouilles udon dans une gelatine salée avec un énorme champignon shiitake. C'était délicieux. J'ai le goût d'y retourner juste pour en remanger! (gourmande, vous pensez?) (o^∀^o)
Dans chaque ville japonaise, on trouve toujours la spécialité culinaire du coin. Il existe donc des guides qui vous conseille tel ou tel restaurant, telle ou telle pâtisserie reconnue là-bas. Avez-vous remarqué à quel point je vous parle souvent de nourriture? C'est parce que lorsque je voyage, je fais comme les Japonais et je cherche les spécialités. Je ramène également des petits gâteaux sucrés que je mange ensuite en me souvenant de ces voyages. Je trouve que la bonne bouffe est un très beau cadeau à se faire. (définitivement: Valérie est une gourmande!) =^.^=
Lundi, je suis allée à Kobe avec une autre amie (c'est toujours plus plaisant de voyager avec quelqu'un d'autre). Nous avons mangé un mini okonomiyaki et yakisoba dans un restaurant où il y a une plaque au centre d'une petite table pour deux (un genre de "teppanyaki"). C'était délicieux! Kobe est une ville que j'adore, elle est très vivante, active et moderne. Comme je l'explique dans Passion Japon, il y a un dynamisme dans cette ville, peut-être dû à sa récente reconstruction suite au terrible tremblement de terre de 1995... Je ne sais pas, mais je préfère Kobe à Osaka.
Comme il pleuvait à boire debout, nous sommes restées dans les magasins. J'ai ainsi découvert que Kobe possède un grand Tokyu Hands (magasin où on trouve plein de choses intéressantes: à voir absolument!)… Dépenses, dépenses…! Nous sommes aussi passées au Ikuta-jinja, un sanctuaire shintô tout près de la gare.
J'ai aussi fait une découverte intéressante. Lorsque je fais de la calligraphie, je ne pense qu'à une seule chose: comment tracer cette ligne…! Parfois, on me parlait en même temps et je ne pouvais plus écrire. Pour moi, qui fait habituellement deux-trois choses en même temps, c'est très rare de pouvoir concentrer toute mon attention vers une seule activité. C'est donc très relaxant. Il paraît également que l'odeur de l'encre (sumi) apporte le calme, alors j'ai pensé que je devais absolument me ramener un kit pour pratiquer chez moi.
Je me suis donc informée à une amie, chez qui je dormais en fin de semaine. J'ai rencontré ses parents hyper sympathiques et sa chatte qui a des crises de "mii-mii" de temps à autre. Eh bien, la maman de mon amie s'est mise à chercher partout dans la maison et m'a trouvé un kit complet de calligraphie japonaise. Quatre pinceaux, trois encres, un support de bois, un poids pour la feuille, un feutre, un versoir à eau, la pierre pour l'encre… Sans le savoir, j'étais dans une des rares familles où les femmes pratiquent la calligraphie depuis trois générations (au moins), ce qui veut dire qu'ils avaient du matériel en trop… Je suis chanceuse comme un bossu! (ça ne veut pas dire que je vais devenir meilleure en calligraphie, mais bon…) (+_+)
Avec cette amie, nous sommes allées à Nagahama, tout au bout du lac Biwa. En train, c'est très rapide. Là-bas, il pleuvait beaucoup, mais nous avons mangé des nouilles udon dans une gelatine salée avec un énorme champignon shiitake. C'était délicieux. J'ai le goût d'y retourner juste pour en remanger! (gourmande, vous pensez?) (o^∀^o)
Dans chaque ville japonaise, on trouve toujours la spécialité culinaire du coin. Il existe donc des guides qui vous conseille tel ou tel restaurant, telle ou telle pâtisserie reconnue là-bas. Avez-vous remarqué à quel point je vous parle souvent de nourriture? C'est parce que lorsque je voyage, je fais comme les Japonais et je cherche les spécialités. Je ramène également des petits gâteaux sucrés que je mange ensuite en me souvenant de ces voyages. Je trouve que la bonne bouffe est un très beau cadeau à se faire. (définitivement: Valérie est une gourmande!) =^.^=
Lundi, je suis allée à Kobe avec une autre amie (c'est toujours plus plaisant de voyager avec quelqu'un d'autre). Nous avons mangé un mini okonomiyaki et yakisoba dans un restaurant où il y a une plaque au centre d'une petite table pour deux (un genre de "teppanyaki"). C'était délicieux! Kobe est une ville que j'adore, elle est très vivante, active et moderne. Comme je l'explique dans Passion Japon, il y a un dynamisme dans cette ville, peut-être dû à sa récente reconstruction suite au terrible tremblement de terre de 1995... Je ne sais pas, mais je préfère Kobe à Osaka.
Comme il pleuvait à boire debout, nous sommes restées dans les magasins. J'ai ainsi découvert que Kobe possède un grand Tokyu Hands (magasin où on trouve plein de choses intéressantes: à voir absolument!)… Dépenses, dépenses…! Nous sommes aussi passées au Ikuta-jinja, un sanctuaire shintô tout près de la gare.
17 mai 2010
Je n'aime pas le Pavillon d'or
Je n'aime pas le Pavillon d'or (Kinkaku). Voilà, c'est dit.
J'y suis retournée hier pour vérifier. Je me suis assurée que la journée soit ensoleillée pour le voir à son meilleur, les rayons se reflétant sur sa lourde chape d'or.
Je suis arrivée au milieu d'une foule, comme d'habitude. Des voyages étudiants, des étrangers, des touristes. Il y a de nombreux endroits comme ça à Kyoto. Le temple suspendu Kiyomizu-dera, par exemple, est toujours plein de monde. Ça ne m'empêche pas de l'aimer, au contraire du Kinkaku.
Vous me direz: "Mais Valérie, c'est tellement beau sur les photos!" Je sais, je sais, et je vous en ferai de très beaux fonds d'écran. Mais le Pavillon d'or, c'est juste ça: une image.
On en fait le tour, on le prend sur tous les angles, en sachant très bien qu'on a tous les mêmes clichés, puisque les possibilités sont limitées. Et puis, on continue un peu plus loin, vers les boutiques de souvenirs et le petit café dans la montagne.
Le problème du Kinkaku, c'est que je ne sens rien de sacré à cet endroit. Au contraire du Ryoan-ji (lui aussi très populaire, à cause de son jardin sec de 500 ans), il n'y aucun banc pour s'asseoir près de l'étang. Il n'y aucune place pour s'arrêter et laisser le paysage paisible surpasser la foule bruyante.
Vous faites le tour, essayant de trouver un "spot" pour prendre la photo et hop! c'est pas mal fini.
La seule chose que j'ai aimé, ce sont les iris qui faisaient de superbes touches violettes autour de l'étang. Mais qui les avait remarqués sur la photo du haut? Ce pavillon d'or prend tant de place…
Je préfère les temples plus discrets, plus zen, plus paisibles. Désolée pour les inconditionnels du brillant pavillon jaune (ma couleur préférée d'ailleurs!), je ne crois pas que le Kinkaku me reverra de sitôt.
J'y suis retournée hier pour vérifier. Je me suis assurée que la journée soit ensoleillée pour le voir à son meilleur, les rayons se reflétant sur sa lourde chape d'or.
Je suis arrivée au milieu d'une foule, comme d'habitude. Des voyages étudiants, des étrangers, des touristes. Il y a de nombreux endroits comme ça à Kyoto. Le temple suspendu Kiyomizu-dera, par exemple, est toujours plein de monde. Ça ne m'empêche pas de l'aimer, au contraire du Kinkaku.
Vous me direz: "Mais Valérie, c'est tellement beau sur les photos!" Je sais, je sais, et je vous en ferai de très beaux fonds d'écran. Mais le Pavillon d'or, c'est juste ça: une image.
On en fait le tour, on le prend sur tous les angles, en sachant très bien qu'on a tous les mêmes clichés, puisque les possibilités sont limitées. Et puis, on continue un peu plus loin, vers les boutiques de souvenirs et le petit café dans la montagne.
Le problème du Kinkaku, c'est que je ne sens rien de sacré à cet endroit. Au contraire du Ryoan-ji (lui aussi très populaire, à cause de son jardin sec de 500 ans), il n'y aucun banc pour s'asseoir près de l'étang. Il n'y aucune place pour s'arrêter et laisser le paysage paisible surpasser la foule bruyante.
Vous faites le tour, essayant de trouver un "spot" pour prendre la photo et hop! c'est pas mal fini.
La seule chose que j'ai aimé, ce sont les iris qui faisaient de superbes touches violettes autour de l'étang. Mais qui les avait remarqués sur la photo du haut? Ce pavillon d'or prend tant de place…
Je préfère les temples plus discrets, plus zen, plus paisibles. Désolée pour les inconditionnels du brillant pavillon jaune (ma couleur préférée d'ailleurs!), je ne crois pas que le Kinkaku me reverra de sitôt.
14 mai 2010
Ise, le sacré de tous bords, tous côtés
Les idées qu'on se fait avant de vivre quelque chose sont très importantes dans la perception qu'on en aura. Par exemple, avez-vous déjà été déçu parce que vous vous attendiez à une expérience merveilleuse et que c'était moins bien que l'idée? Et puis, avez-vous déjà vécu le contraire? Avoir été averti que cela n'était pas si bien, ne pas avoir trop d'attentes et être heureusement surpris par la réalité? Il y a aussi les moments où on s'attend à quelque chose de grandiose et où la réalité dépasse l'imagination.
Mon voyage à Ise s'est déroulé comme ça. Je suis partie avec peu d'attentes.
Ise est le lieu sacré par excellence dans la religion shintô. Ses deux sanctuaires (Geku, le sanctuaire "extérieur" et Naiku, le sanctuaire "intérieur") existent depuis 690. Ces lieux, situés à quelques kilomètres l'un de l'autre respectent la tradition shintoïste: on les détruit et les reconstruit à tous les 20 ans. Lors de ma visite, j'ai donc vu la 62e construction!
Au contraire des autres sanctuaires japonais, les pavillons d'Ise sont donc tous neufs. Ce qui peut être la déception numéro 1 pour ceux qui ne le savaient pas.
Déception numéro 2: ces lieux sacrés sont réservés à l'empereur. Les deux pavillons principaux sont donc entourés de hautes barrières de bois qui empêchent toute intrusion et tout regard… Les photos des pavillons sont également interdites.
Alors, que fait-on au Geku et au Naiku? On visite de mini-pavillons neufs et on prie devant chacun d'eux en marchant dans les sentiers qui sont autorisés.
J'ai été tout de suite prise de vertige par la beauté millénaire des lieux. Ce sont les arbres qui témoignent de l'ancienneté et de la force de ces sanctuaires. Emportée dans mon élan, je touchais ces troncs gigantesques en levant les yeux vers le sommet… Et je constatais que tous les Japonais faisaient la même chose que moi. C'était donc un geste partagé, et non un geste appris. Un geste inspiré par quelque chose de plus grand que nous.
J'ai réalisé un vidéo sur le pont du Naiku pour vous présenter la nature verdoyante de l'endroit:
À trente minutes en autobus, il y avait également un lieu que je voulais voir depuis longtemps: Meoto-iwa, les rochers "mariés" ou le "couple de pierres".
Déception numéro 3: les photos de ces rochers nous font croire qu'ils sont beaucoup plus grands, mais ils sont en fait minuscules. On m'avait averti, vous l'êtes aussi maintenant.
Mais… Mais… Mère Nature nous réservait une surprise en cette journée claire et fraîche, balayée par de forts vents. Alors que l'amie qui m'accompagnait avait vu ces rochers quatre fois auparavant, elle ne les avait jamais vu fouettés par une mer déchaînée, sous un soleil éclatant et une mer d'un bleu séduisant! L'énergie qui se dégageait du lieu, où les vagues venaient nous asperger en se fracassant sur la côte… m'a fait tomber en amour avec cet endroit!
Après avoir vu la force tranquille des grands cèdres japonais, j'avais maintenant sous les yeux l'énergie des remous et des vagues du Pacifique. Deux façons d'aborder le sacré… Et cette journée a surpassé mes espérances.
Mon voyage à Ise s'est déroulé comme ça. Je suis partie avec peu d'attentes.
Ise est le lieu sacré par excellence dans la religion shintô. Ses deux sanctuaires (Geku, le sanctuaire "extérieur" et Naiku, le sanctuaire "intérieur") existent depuis 690. Ces lieux, situés à quelques kilomètres l'un de l'autre respectent la tradition shintoïste: on les détruit et les reconstruit à tous les 20 ans. Lors de ma visite, j'ai donc vu la 62e construction!
Au contraire des autres sanctuaires japonais, les pavillons d'Ise sont donc tous neufs. Ce qui peut être la déception numéro 1 pour ceux qui ne le savaient pas.
Déception numéro 2: ces lieux sacrés sont réservés à l'empereur. Les deux pavillons principaux sont donc entourés de hautes barrières de bois qui empêchent toute intrusion et tout regard… Les photos des pavillons sont également interdites.
Alors, que fait-on au Geku et au Naiku? On visite de mini-pavillons neufs et on prie devant chacun d'eux en marchant dans les sentiers qui sont autorisés.
J'ai été tout de suite prise de vertige par la beauté millénaire des lieux. Ce sont les arbres qui témoignent de l'ancienneté et de la force de ces sanctuaires. Emportée dans mon élan, je touchais ces troncs gigantesques en levant les yeux vers le sommet… Et je constatais que tous les Japonais faisaient la même chose que moi. C'était donc un geste partagé, et non un geste appris. Un geste inspiré par quelque chose de plus grand que nous.
J'ai réalisé un vidéo sur le pont du Naiku pour vous présenter la nature verdoyante de l'endroit:
À trente minutes en autobus, il y avait également un lieu que je voulais voir depuis longtemps: Meoto-iwa, les rochers "mariés" ou le "couple de pierres".
Déception numéro 3: les photos de ces rochers nous font croire qu'ils sont beaucoup plus grands, mais ils sont en fait minuscules. On m'avait averti, vous l'êtes aussi maintenant.
Mais… Mais… Mère Nature nous réservait une surprise en cette journée claire et fraîche, balayée par de forts vents. Alors que l'amie qui m'accompagnait avait vu ces rochers quatre fois auparavant, elle ne les avait jamais vu fouettés par une mer déchaînée, sous un soleil éclatant et une mer d'un bleu séduisant! L'énergie qui se dégageait du lieu, où les vagues venaient nous asperger en se fracassant sur la côte… m'a fait tomber en amour avec cet endroit!
Après avoir vu la force tranquille des grands cèdres japonais, j'avais maintenant sous les yeux l'énergie des remous et des vagues du Pacifique. Deux façons d'aborder le sacré… Et cette journée a surpassé mes espérances.
08 mai 2010
La magique Nara
Bonne fête des mamans à toutes ces femmes extraordinaires! Je ne suis pas près de ma mère cette année, mais je pense très fort à elle. Et à mes grands-mamans aussi! Ici aussi, on fête le "Haha no Hi" (les "h" se prononcent), ce qui se traduit littéralement par "Fête des Mères". :)
La porte-patio est grande ouverte et ça sent bon dans ma chambre. Le soleil est là ce matin, mais il y a aussi une brume dans l'air qui masque la clarté. On commence à sentir la chaleur de l'été qui monte lentement dans la ville. Kyoto est une ville horrible pour cela, tout le monde s'entend là-dessus, j'en parle souvent avec les Japonais! Mais bon, cette fois, au pire moment de cette atmosphère, je fuirai vers chez-nous! Héhé!
Avec une amie, hier, nous sommes parties visiter Nara. La ville est annoncée sur des publicités partout au Japon, avec un personnage pas mignon du tout. Sous les traits d'un bébé, on a mélangé deux traits bien reconnus de la ville: son Bouddha de 30 mètres et ses 1200 cerfs skia en liberté (symboles du bouddhisme). Je trouve ce petit bonhomme presque effrayant de laideur. Ça me fait un peu penser au "projet Vachibou" pour Québec (voir ici)
Le but? Nous annoncer le 1300e anniversaire de la fondation de la ville comme capitale (avant qu'on déménage à Nagaoka, puis à Kyoto et maintenant Tokyo depuis 1868). Ça me fait toujours drôle de penser que j'ai travaillé pour fêter le 400e anniversaire de Québec. Les vieux pays, c'est quelque chose, n'est-ce pas…?
J'adore Nara. C'était ma troisième visite, mais la première de ce voyage. J'aime son atmosphère de petite ville touristique. J'aime sa nature qui est partout. J'aime aussi son histoire impressionnante!
Nous sommes d'abord passé au Kofuku-ji, le "temple de la chance et du bonheur". Comme cette année est spéciale, certains pavillons sont ouverts, alors j'ai pu voir des lieux fermés la dernière fois. La température était parfaite, il faisait beau sans faire trop chaud, avec un petit vent rafraîchissant.
Mon amie voulait goûter au fameux "kamameshi", une spécialité de Nara. J'ai retrouvé le restaurant d'il y quatre ans et nous avons dégusté avec plaisir ce plat délicieux.
Nous avons marché près du Todai-ji (où il y a le grand Bouddha), mais nous ne sommes pas entrées, car nous l'avions tous les deux déjà vu. C'est en marchant près des petits pavillons qui l'entourent que nous avons découvert un temple qui offre une très belle vue sur la ville.
Il y avait beaucoup moins de touristes dans la montagne. Nous croisions à l'occasion des cerfs, qui attendaient impatiemment qu'on leur donne un biscuit (ce que je n'ai pas fait non plus).
Sans le savoir, le clou du voyage nous attendait. C'était le "Kasuga-taisha", un sanctuaire shintô très ancien. En entrant sur le terrain, des centaines et des centaines de lanternes de pierres, de bronze et d'or nous entourent. C'était également la saison des glycines ("fuji no hana") et il y en avait beaucoup plus qu'au Byodo-in. Nous avons pris plusieurs photos, émerveillées.
J'ai été très touchée par un vieux cèdre japonais ("sugi") de plus de mille ans dont la circonférence atteint presque 8 mètres. J'avais le goût de le serrer dans mes bras pour sentir son énergie. Mais comme il est sacré, je me suis retenue! Je l'ai seulement touché et j'ai pris une photo avec lui!
Finalement, c'est aussi un des rares endroits où les étrangers peuvent recevoir leur papier de forture (omikuji) en anglais…! J'ai tiré le numéro 13 et j'ai reçu le "dai-kichi", c'est-à-dire l'"immense bonne fortune", ce qui est assez rare (je vous explique bientôt le fonctionnement de ces fortunes, je prépare une chronique spéciale là-dessus!) J'étais heureuse comme un colibri qui vient de boire de l'eau sucrée, je suis repartie avec le grand sourire et j'ai collé mon papier près de mon ordinateur pour m'en rappeler!
La porte-patio est grande ouverte et ça sent bon dans ma chambre. Le soleil est là ce matin, mais il y a aussi une brume dans l'air qui masque la clarté. On commence à sentir la chaleur de l'été qui monte lentement dans la ville. Kyoto est une ville horrible pour cela, tout le monde s'entend là-dessus, j'en parle souvent avec les Japonais! Mais bon, cette fois, au pire moment de cette atmosphère, je fuirai vers chez-nous! Héhé!
Avec une amie, hier, nous sommes parties visiter Nara. La ville est annoncée sur des publicités partout au Japon, avec un personnage pas mignon du tout. Sous les traits d'un bébé, on a mélangé deux traits bien reconnus de la ville: son Bouddha de 30 mètres et ses 1200 cerfs skia en liberté (symboles du bouddhisme). Je trouve ce petit bonhomme presque effrayant de laideur. Ça me fait un peu penser au "projet Vachibou" pour Québec (voir ici)
Le but? Nous annoncer le 1300e anniversaire de la fondation de la ville comme capitale (avant qu'on déménage à Nagaoka, puis à Kyoto et maintenant Tokyo depuis 1868). Ça me fait toujours drôle de penser que j'ai travaillé pour fêter le 400e anniversaire de Québec. Les vieux pays, c'est quelque chose, n'est-ce pas…?
J'adore Nara. C'était ma troisième visite, mais la première de ce voyage. J'aime son atmosphère de petite ville touristique. J'aime sa nature qui est partout. J'aime aussi son histoire impressionnante!
Nous sommes d'abord passé au Kofuku-ji, le "temple de la chance et du bonheur". Comme cette année est spéciale, certains pavillons sont ouverts, alors j'ai pu voir des lieux fermés la dernière fois. La température était parfaite, il faisait beau sans faire trop chaud, avec un petit vent rafraîchissant.
Mon amie voulait goûter au fameux "kamameshi", une spécialité de Nara. J'ai retrouvé le restaurant d'il y quatre ans et nous avons dégusté avec plaisir ce plat délicieux.
Nous avons marché près du Todai-ji (où il y a le grand Bouddha), mais nous ne sommes pas entrées, car nous l'avions tous les deux déjà vu. C'est en marchant près des petits pavillons qui l'entourent que nous avons découvert un temple qui offre une très belle vue sur la ville.
Il y avait beaucoup moins de touristes dans la montagne. Nous croisions à l'occasion des cerfs, qui attendaient impatiemment qu'on leur donne un biscuit (ce que je n'ai pas fait non plus).
Sans le savoir, le clou du voyage nous attendait. C'était le "Kasuga-taisha", un sanctuaire shintô très ancien. En entrant sur le terrain, des centaines et des centaines de lanternes de pierres, de bronze et d'or nous entourent. C'était également la saison des glycines ("fuji no hana") et il y en avait beaucoup plus qu'au Byodo-in. Nous avons pris plusieurs photos, émerveillées.
J'ai été très touchée par un vieux cèdre japonais ("sugi") de plus de mille ans dont la circonférence atteint presque 8 mètres. J'avais le goût de le serrer dans mes bras pour sentir son énergie. Mais comme il est sacré, je me suis retenue! Je l'ai seulement touché et j'ai pris une photo avec lui!
Finalement, c'est aussi un des rares endroits où les étrangers peuvent recevoir leur papier de forture (omikuji) en anglais…! J'ai tiré le numéro 13 et j'ai reçu le "dai-kichi", c'est-à-dire l'"immense bonne fortune", ce qui est assez rare (je vous explique bientôt le fonctionnement de ces fortunes, je prépare une chronique spéciale là-dessus!) J'étais heureuse comme un colibri qui vient de boire de l'eau sucrée, je suis repartie avec le grand sourire et j'ai collé mon papier près de mon ordinateur pour m'en rappeler!
05 mai 2010
Le mont Hiei et le temple Enryaku-ji
Jeudi 6 mai, la Golden Week vient de se terminer au Japon. C'est-à-dire que les trois jours fériés du 3, 4 et 5 mai ne sont plus que de bons souvenirs pour les étudiants et certains employés (beaucoup travaillent quand même). Je vais pouvoir poster une lettre datant de presque une semaine (j'avais oublié la Golden Week…)
Hier, je suis allée en expédition au mont Hiei. Cette montagne que je vois de la chambre où j'habite m'a toujours attirée. J'avais atteint le sommet du mont de l'ouest (Atago-san) à l'époque où j'habitais tout près, je voulais maintenant visiter la montagne dominant l'est! Malgré les trains qui y grimpent (cable-car puis téléphérique), je voulais l'atteindre avec les pieds. Une amie s'est donc portée volontaire pour m'y accompagner et nous étions trois hier.
Il faisait très beau. Environ 28 degrés, très humide et étouffant. Comme en été. Et je suis loin d'être en forme (mes amies non plus)! Ça nous a pris un bon deux heures par le chemin du mont Kirara pour attendre le sommet de Hiei-zan. Ouf! J'ai encore mal aux jambes ce matin!
Le sentier parcourt une voie naturelle entre des glissements de terrain. C'est presque effrayant. Près du sommet, c'est une forêt de cèdres japonais qui nous entourent (quelle odeur enivrante…) Nous avons mangé assis par terre en regardant le village de Ohara blotti entre les montagnes du nord de Kyoto.
En haut, nous sommes allés visiter le temple Enryaku-ji, reconnu au patrimoine mondial de l'humanité. J'ai pu y obtenir quatre calligraphies (sur une possibilité de dix, mais je ne voulais pas courir partout). J'ai également pu admirer de très belles calligraphies d'étudiants. Ce qui m'a rappelé mon état de débutante!
Petite histoire à propos de ce temple vieux de 1200 ans: il a longtemps été un lieu d'entraînement de moines guerriers (sôhei). La puissance de cette branche du bouddhiste (Tendai) est devenue tellement importante que le daimyô Nobunaga a attaqué le lieu et y a mis le feu en 1571. Ce que l'on peut y admirer sont des reconstructions du 16e et 17e siècles.
C'est souvent comme cela au Japon. Les lieux sont âgés, mais c'est un pays qui a toujours vécu avec les catastrophes naturelles (typhon, tsunami, tremblement de terre, volcan) et humaines (guerres, incendies). On reconstruit donc constamment ce qui est détruit, le lieu restant sacré et important.
D'ailleurs, ce temple est toujours le chef-lieu de la branche Tendai du bouddhiste. Et on y sent quelque chose de puissant. Dans la personnalité de ces moines qu'on y croise, dans ces pavillons qu'on a construit et reconstruit à bout de bras au sommet d'une montagne de 900 mètres, on est définitivement dans un endroit "habité" par l'histoire et le sacré.
Pour me voir sonner la grande cloche du temple:
Nous avons pris l'autobus pour rejoindre le téléphérique et redescendre. Nous avons pu admirer Kyoto d'un bord et le lac Biwa de l'autre côté de la montagne. C'est vraiment très beau. Au sommet, on peut également visiter un jardin, ce qui je n'ai pas fait (j'étais "un peu" fatiguée!)
Hier, je suis allée en expédition au mont Hiei. Cette montagne que je vois de la chambre où j'habite m'a toujours attirée. J'avais atteint le sommet du mont de l'ouest (Atago-san) à l'époque où j'habitais tout près, je voulais maintenant visiter la montagne dominant l'est! Malgré les trains qui y grimpent (cable-car puis téléphérique), je voulais l'atteindre avec les pieds. Une amie s'est donc portée volontaire pour m'y accompagner et nous étions trois hier.
Il faisait très beau. Environ 28 degrés, très humide et étouffant. Comme en été. Et je suis loin d'être en forme (mes amies non plus)! Ça nous a pris un bon deux heures par le chemin du mont Kirara pour attendre le sommet de Hiei-zan. Ouf! J'ai encore mal aux jambes ce matin!
Le sentier parcourt une voie naturelle entre des glissements de terrain. C'est presque effrayant. Près du sommet, c'est une forêt de cèdres japonais qui nous entourent (quelle odeur enivrante…) Nous avons mangé assis par terre en regardant le village de Ohara blotti entre les montagnes du nord de Kyoto.
En haut, nous sommes allés visiter le temple Enryaku-ji, reconnu au patrimoine mondial de l'humanité. J'ai pu y obtenir quatre calligraphies (sur une possibilité de dix, mais je ne voulais pas courir partout). J'ai également pu admirer de très belles calligraphies d'étudiants. Ce qui m'a rappelé mon état de débutante!
Petite histoire à propos de ce temple vieux de 1200 ans: il a longtemps été un lieu d'entraînement de moines guerriers (sôhei). La puissance de cette branche du bouddhiste (Tendai) est devenue tellement importante que le daimyô Nobunaga a attaqué le lieu et y a mis le feu en 1571. Ce que l'on peut y admirer sont des reconstructions du 16e et 17e siècles.
C'est souvent comme cela au Japon. Les lieux sont âgés, mais c'est un pays qui a toujours vécu avec les catastrophes naturelles (typhon, tsunami, tremblement de terre, volcan) et humaines (guerres, incendies). On reconstruit donc constamment ce qui est détruit, le lieu restant sacré et important.
D'ailleurs, ce temple est toujours le chef-lieu de la branche Tendai du bouddhiste. Et on y sent quelque chose de puissant. Dans la personnalité de ces moines qu'on y croise, dans ces pavillons qu'on a construit et reconstruit à bout de bras au sommet d'une montagne de 900 mètres, on est définitivement dans un endroit "habité" par l'histoire et le sacré.
Pour me voir sonner la grande cloche du temple:
Nous avons pris l'autobus pour rejoindre le téléphérique et redescendre. Nous avons pu admirer Kyoto d'un bord et le lac Biwa de l'autre côté de la montagne. C'est vraiment très beau. Au sommet, on peut également visiter un jardin, ce qui je n'ai pas fait (j'étais "un peu" fatiguée!)
03 mai 2010
Thé et kyôgen
Ah! Cette visite d'une plantation de thé! J'avais déjà vu ces très petits champs recouverts d'une pellicule noire pour forcer les feuilles à faire plus de chlorophylle (donc à devenir plus vertes), mais c'est la première fois que j'entrais dans une telle plantation.
D'abord, soulignons que c'est très beau. C'est très vert et la couverture noire fait de l'ombre bien appréciée des apprentis cueilleurs. Pour moi, c'est également un espèce de rêve d'être dans un champ de thé. J'adore le thé vert japonais, alors… Particulièrement celui de Uji (la ville au sud de Kyoto), qui est difficile à trouver chez nous, puisque la production est presque uniquement écoulé au Japon. C'est un thé qui se cultive à petites échelles, les champs sont petits, pris entre les maisons et les montagnes. Comme il est très reconnu ici, on n'a pas besoin de l'exporter pour en faire la vente.
Nous (j'étais avec une amie) avons cueilli des feuilles nouvelles pendant une heure environ. Très lentement, comme des débutantes, nous avons rempli notre petit sac. Que nous avons ramené à la maison, sans savoir quoi en faire! Parce qu'après, il aurait fallu le faire griller ou sécher. Mais il n'y avait plus de place à cette activité. Mes feuilles sont donc toujours au frigidaire et je vais prendre une bouffée de leur odeur de temps à autre.
C'était une belle activité, que nous avons eu la chance de faire par une chaude température. Nous parlions en cueillant les feuilles, gardions le silence, cherchions les feuilles cachées sous les plus âgées… Nous avons découvert quelques petites choses sur le thé dans les activités spéciales. Tout pour nous faire aimer encore plus cette petite plante!
Pour me voir en pleine action:
En soirée, avec la même amie et une de ses connaissances, nous allions assister à des représentations de "kyogen" extérieur au temple Senbon-Enma-dô. Dans les arts théâtraux du Japon, le kabuki et le kyogen sont mes préférés. J'avoue que maintenant que je comprends un peu mieux le japonais, c'est encore plus agréable.
Le kyogen est constitué de courtes pièces, souvent à caractère comique et caricatural. Généralement, des musiciens sont présents à droite de la scène et font aussi les voix. Mais le temple Enma-dô est le seul à présenter un kyogen particulier: les acteurs parlent sous leur masque. Ils ont un micro, alors on entend très bien ce qu'ils disent. Et c'est sans doute encore plus drôle.
Le kyogen du temple Enma-dô est présenté une seule fois par année, au début mai. Je suis donc très chanceuse d'avoir pu y être à cette date (j'habite tout près en plus!)
19h. Le soleil se couche et nous sommes assis dans la deuxième rangée. Je remarque dans les musiciens (qui deviennent aussi les acteurs) une jeune fille. C'est la première fois que je note une présence féminine dans un art théâtral japonais! Plus tard dans la soirée, un garçon de 8-9 ans sera aussi musicien et acteur. Je suis donc doublement impressionnée.
La première pièce est muette. "Enma-cho" raconte l'histoire d'un vieil homme qui monte au paradis. Sur un parchemin est écrit toute sa vie. Des démons (oni) tentent de s'en emparer, mais ils sont repoussés par les bonnes actions écrites sur le papier. Finalement, on présentera à Enma-sama (le juge suprême de l'Enfer) le parchemin et la vie du vieil homme.
La deuxième pièce, "Kanzaki Watashi", est beaucoup plus drôle. Un moine pauvre vaut traverser la rivière, mais n'a plus un sou. Il a entendu dire qu'un certain passeur aime les jeux de mots, alors il en trouve un bon et se dirige vers lui… Mais sur le chemin, il oublie la finale, ce qui donne lieu à diverses erreurs comiques.
La troisième a été ma préférée. Dans "Nise-jizô", deux hommes s'imaginent trouver une bonne idée en déguisant un d'eux en "jizô", ces petites statues bouddhistes qu'on trouve au bord des chemins et à qui on offre des dons (je vous mets une photo d'un véritable jizô). L'homme reste donc immobile et les gens commencent à venir lui offrir de la nourriture, du saké, des vêtements. Le plus intéressant sont justement les voeux qu'ils formulent… L'un veut devenir beau, l'autre riche, celle-là aimerait être belle… C'était une vraie caricature de notre société et cette pièce m'a touchée (en plus d'être très drôle!)
La quatrième s'appelait "Tsuchi-gumo" et elle contenait plus d'actions. Un homme, visité par deux guerriers, est hanté par une araignée qui cause une maladie sévère. Ses fidèles serviteurs l'aideront à combattre l'araignée en se servant de l'épée et du feu. Bien sûr, l'araignée se défendra et le public recevra les grands filets de sa toile (un ingénieux système de filins de papier) à trois reprises! Impressionnant.
Pour des extraits des pièces, j'ai fait un petit vidéo:
D'abord, soulignons que c'est très beau. C'est très vert et la couverture noire fait de l'ombre bien appréciée des apprentis cueilleurs. Pour moi, c'est également un espèce de rêve d'être dans un champ de thé. J'adore le thé vert japonais, alors… Particulièrement celui de Uji (la ville au sud de Kyoto), qui est difficile à trouver chez nous, puisque la production est presque uniquement écoulé au Japon. C'est un thé qui se cultive à petites échelles, les champs sont petits, pris entre les maisons et les montagnes. Comme il est très reconnu ici, on n'a pas besoin de l'exporter pour en faire la vente.
Nous (j'étais avec une amie) avons cueilli des feuilles nouvelles pendant une heure environ. Très lentement, comme des débutantes, nous avons rempli notre petit sac. Que nous avons ramené à la maison, sans savoir quoi en faire! Parce qu'après, il aurait fallu le faire griller ou sécher. Mais il n'y avait plus de place à cette activité. Mes feuilles sont donc toujours au frigidaire et je vais prendre une bouffée de leur odeur de temps à autre.
C'était une belle activité, que nous avons eu la chance de faire par une chaude température. Nous parlions en cueillant les feuilles, gardions le silence, cherchions les feuilles cachées sous les plus âgées… Nous avons découvert quelques petites choses sur le thé dans les activités spéciales. Tout pour nous faire aimer encore plus cette petite plante!
Pour me voir en pleine action:
En soirée, avec la même amie et une de ses connaissances, nous allions assister à des représentations de "kyogen" extérieur au temple Senbon-Enma-dô. Dans les arts théâtraux du Japon, le kabuki et le kyogen sont mes préférés. J'avoue que maintenant que je comprends un peu mieux le japonais, c'est encore plus agréable.
Le kyogen est constitué de courtes pièces, souvent à caractère comique et caricatural. Généralement, des musiciens sont présents à droite de la scène et font aussi les voix. Mais le temple Enma-dô est le seul à présenter un kyogen particulier: les acteurs parlent sous leur masque. Ils ont un micro, alors on entend très bien ce qu'ils disent. Et c'est sans doute encore plus drôle.
Le kyogen du temple Enma-dô est présenté une seule fois par année, au début mai. Je suis donc très chanceuse d'avoir pu y être à cette date (j'habite tout près en plus!)
19h. Le soleil se couche et nous sommes assis dans la deuxième rangée. Je remarque dans les musiciens (qui deviennent aussi les acteurs) une jeune fille. C'est la première fois que je note une présence féminine dans un art théâtral japonais! Plus tard dans la soirée, un garçon de 8-9 ans sera aussi musicien et acteur. Je suis donc doublement impressionnée.
La première pièce est muette. "Enma-cho" raconte l'histoire d'un vieil homme qui monte au paradis. Sur un parchemin est écrit toute sa vie. Des démons (oni) tentent de s'en emparer, mais ils sont repoussés par les bonnes actions écrites sur le papier. Finalement, on présentera à Enma-sama (le juge suprême de l'Enfer) le parchemin et la vie du vieil homme.
La deuxième pièce, "Kanzaki Watashi", est beaucoup plus drôle. Un moine pauvre vaut traverser la rivière, mais n'a plus un sou. Il a entendu dire qu'un certain passeur aime les jeux de mots, alors il en trouve un bon et se dirige vers lui… Mais sur le chemin, il oublie la finale, ce qui donne lieu à diverses erreurs comiques.
La troisième a été ma préférée. Dans "Nise-jizô", deux hommes s'imaginent trouver une bonne idée en déguisant un d'eux en "jizô", ces petites statues bouddhistes qu'on trouve au bord des chemins et à qui on offre des dons (je vous mets une photo d'un véritable jizô). L'homme reste donc immobile et les gens commencent à venir lui offrir de la nourriture, du saké, des vêtements. Le plus intéressant sont justement les voeux qu'ils formulent… L'un veut devenir beau, l'autre riche, celle-là aimerait être belle… C'était une vraie caricature de notre société et cette pièce m'a touchée (en plus d'être très drôle!)
La quatrième s'appelait "Tsuchi-gumo" et elle contenait plus d'actions. Un homme, visité par deux guerriers, est hanté par une araignée qui cause une maladie sévère. Ses fidèles serviteurs l'aideront à combattre l'araignée en se servant de l'épée et du feu. Bien sûr, l'araignée se défendra et le public recevra les grands filets de sa toile (un ingénieux système de filins de papier) à trois reprises! Impressionnant.
Pour des extraits des pièces, j'ai fait un petit vidéo:
01 mai 2010
Fleurs et chatons
Cette dernière semaine fut particulièrement occupée autour de mes études et mon travail de recherche. Mais j'ai quand même fait quelques petites choses dans mes temps libres.
Une amie m'avait invitée à l'accompagner à Osaka où un centre commercial tenait un événement spécial consacré aux chats… Vous devinez que je me suis sacrifiée! Nous avons fait le voyage en matinée et avons flâné dans la foule qui envahissait l'étage spécial minous.
Mes plus grosses dépenses ont été faites dans la section Wachifields pour un chat qui s'appelle Dayan. J'avais visité son domaine (car Dayan possède un très mignon domaine au lac Kawaguchi-ko, près du mont Fuji) il y a quatre ans. C'est là que j'avais fait sa connaissance. J'adore le dessin de ce chat. J'ai donc acheté les livres illustrés, en japonais, ce qui me permettra de pratiquer! Il y avait une exposition d'un photographe spécialisé en chats de gouttières. Des artisans présentaient là des petits objets (cuir, argile, dessins, bijoux, bois, tissus, etc.), tous avec la thématique "chat". Il y avait vraiment plusieurs tentations! J'ai choisi de mettre la photo du travail de Hanakeko, c'est trop trognon.
Hier, je suis allée admirer, avec une autre amie, la floraison des fuji, des fleurs pendantes qui sont reconnues près d'un temple que j'adore, le Byôdo-in, situé dans la ville du thé vert, juste au sud de Kyoto: Uji. Nous avons pris plusieurs photos du pavillon du phénix, très connu puisqu'il est sur les pièces de 10 yens.
Bien sûr, nous avons profité de notre présence à Uji pour se restaurer de soba (nouilles) au thé vert, de crème glacée et de gelée au matcha. Excellent… Tellement bon que je vais y amener Philippe lors de sa visite.
Aujourd'hui, il faisait tellement beau que sur le chemin d'un cours de calligraphie, j'ai décidé de partir plus tôt et de visiter le Fushimi-Inari, un sanctuaire shintô extraordinaire. C'est là qu'on peut voir des centaines de tori dans la montagne.
En soirée, la dame qui m'accueille m'a invitée à aller voir la sortie des mikoshi, des temples portables. Plusieurs hommes les portaient de peine et de mal. Ils les ont déposé devant le temple principal pour que "l'âme" des dieux se transfèrent dans ces temples portables. Mercredi, il y aura une grande procession dans les rues avec ces temples dorés.
Une amie m'avait invitée à l'accompagner à Osaka où un centre commercial tenait un événement spécial consacré aux chats… Vous devinez que je me suis sacrifiée! Nous avons fait le voyage en matinée et avons flâné dans la foule qui envahissait l'étage spécial minous.
Mes plus grosses dépenses ont été faites dans la section Wachifields pour un chat qui s'appelle Dayan. J'avais visité son domaine (car Dayan possède un très mignon domaine au lac Kawaguchi-ko, près du mont Fuji) il y a quatre ans. C'est là que j'avais fait sa connaissance. J'adore le dessin de ce chat. J'ai donc acheté les livres illustrés, en japonais, ce qui me permettra de pratiquer! Il y avait une exposition d'un photographe spécialisé en chats de gouttières. Des artisans présentaient là des petits objets (cuir, argile, dessins, bijoux, bois, tissus, etc.), tous avec la thématique "chat". Il y avait vraiment plusieurs tentations! J'ai choisi de mettre la photo du travail de Hanakeko, c'est trop trognon.
Hier, je suis allée admirer, avec une autre amie, la floraison des fuji, des fleurs pendantes qui sont reconnues près d'un temple que j'adore, le Byôdo-in, situé dans la ville du thé vert, juste au sud de Kyoto: Uji. Nous avons pris plusieurs photos du pavillon du phénix, très connu puisqu'il est sur les pièces de 10 yens.
Bien sûr, nous avons profité de notre présence à Uji pour se restaurer de soba (nouilles) au thé vert, de crème glacée et de gelée au matcha. Excellent… Tellement bon que je vais y amener Philippe lors de sa visite.
Aujourd'hui, il faisait tellement beau que sur le chemin d'un cours de calligraphie, j'ai décidé de partir plus tôt et de visiter le Fushimi-Inari, un sanctuaire shintô extraordinaire. C'est là qu'on peut voir des centaines de tori dans la montagne.
En soirée, la dame qui m'accueille m'a invitée à aller voir la sortie des mikoshi, des temples portables. Plusieurs hommes les portaient de peine et de mal. Ils les ont déposé devant le temple principal pour que "l'âme" des dieux se transfèrent dans ces temples portables. Mercredi, il y aura une grande procession dans les rues avec ces temples dorés.
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