Ah! Cette visite d'une plantation de thé! J'avais déjà vu ces très petits champs recouverts d'une pellicule noire pour forcer les feuilles à faire plus de chlorophylle (donc à devenir plus vertes), mais c'est la première fois que j'entrais dans une telle plantation.
D'abord, soulignons que c'est très beau. C'est très vert et la couverture noire fait de l'ombre bien appréciée des apprentis cueilleurs. Pour moi, c'est également un espèce de rêve d'être dans un champ de thé. J'adore le thé vert japonais, alors… Particulièrement celui de Uji (la ville au sud de Kyoto), qui est difficile à trouver chez nous, puisque la production est presque uniquement écoulé au Japon. C'est un thé qui se cultive à petites échelles, les champs sont petits, pris entre les maisons et les montagnes. Comme il est très reconnu ici, on n'a pas besoin de l'exporter pour en faire la vente.
Nous (j'étais avec une amie) avons cueilli des feuilles nouvelles pendant une heure environ. Très lentement, comme des débutantes, nous avons rempli notre petit sac. Que nous avons ramené à la maison, sans savoir quoi en faire! Parce qu'après, il aurait fallu le faire griller ou sécher. Mais il n'y avait plus de place à cette activité. Mes feuilles sont donc toujours au frigidaire et je vais prendre une bouffée de leur odeur de temps à autre.
C'était une belle activité, que nous avons eu la chance de faire par une chaude température. Nous parlions en cueillant les feuilles, gardions le silence, cherchions les feuilles cachées sous les plus âgées… Nous avons découvert quelques petites choses sur le thé dans les activités spéciales. Tout pour nous faire aimer encore plus cette petite plante!
Pour me voir en pleine action:
En soirée, avec la même amie et une de ses connaissances, nous allions assister à des représentations de "kyogen" extérieur au temple Senbon-Enma-dô. Dans les arts théâtraux du Japon, le kabuki et le kyogen sont mes préférés. J'avoue que maintenant que je comprends un peu mieux le japonais, c'est encore plus agréable.
Le kyogen est constitué de courtes pièces, souvent à caractère comique et caricatural. Généralement, des musiciens sont présents à droite de la scène et font aussi les voix. Mais le temple Enma-dô est le seul à présenter un kyogen particulier: les acteurs parlent sous leur masque. Ils ont un micro, alors on entend très bien ce qu'ils disent. Et c'est sans doute encore plus drôle.
Le kyogen du temple Enma-dô est présenté une seule fois par année, au début mai. Je suis donc très chanceuse d'avoir pu y être à cette date (j'habite tout près en plus!)
19h. Le soleil se couche et nous sommes assis dans la deuxième rangée. Je remarque dans les musiciens (qui deviennent aussi les acteurs) une jeune fille. C'est la première fois que je note une présence féminine dans un art théâtral japonais! Plus tard dans la soirée, un garçon de 8-9 ans sera aussi musicien et acteur. Je suis donc doublement impressionnée.
La première pièce est muette. "Enma-cho" raconte l'histoire d'un vieil homme qui monte au paradis. Sur un parchemin est écrit toute sa vie. Des démons (oni) tentent de s'en emparer, mais ils sont repoussés par les bonnes actions écrites sur le papier. Finalement, on présentera à Enma-sama (le juge suprême de l'Enfer) le parchemin et la vie du vieil homme.
La deuxième pièce, "Kanzaki Watashi", est beaucoup plus drôle. Un moine pauvre vaut traverser la rivière, mais n'a plus un sou. Il a entendu dire qu'un certain passeur aime les jeux de mots, alors il en trouve un bon et se dirige vers lui… Mais sur le chemin, il oublie la finale, ce qui donne lieu à diverses erreurs comiques.
La troisième a été ma préférée. Dans "Nise-jizô", deux hommes s'imaginent trouver une bonne idée en déguisant un d'eux en "jizô", ces petites statues bouddhistes qu'on trouve au bord des chemins et à qui on offre des dons (je vous mets une photo d'un véritable jizô). L'homme reste donc immobile et les gens commencent à venir lui offrir de la nourriture, du saké, des vêtements. Le plus intéressant sont justement les voeux qu'ils formulent… L'un veut devenir beau, l'autre riche, celle-là aimerait être belle… C'était une vraie caricature de notre société et cette pièce m'a touchée (en plus d'être très drôle!)
La quatrième s'appelait "Tsuchi-gumo" et elle contenait plus d'actions. Un homme, visité par deux guerriers, est hanté par une araignée qui cause une maladie sévère. Ses fidèles serviteurs l'aideront à combattre l'araignée en se servant de l'épée et du feu. Bien sûr, l'araignée se défendra et le public recevra les grands filets de sa toile (un ingénieux système de filins de papier) à trois reprises! Impressionnant.
Pour des extraits des pièces, j'ai fait un petit vidéo:
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