24 juin 2006

La Saint-Jean au Japon

Cette année, il est clair que ma Saint-Jean sera différente. Je vis à Kyoto, dans un milieu totalement japonais où le Québec n’est pas très représenté. Je suis toute seule avec mon drapeau.

J’ai eu la chance de trouver une minuscule école où je peux enseigner le français. J’ai donc plusieurs étudiantes qui savent maintenant ce que c’est le Québec, où c’est le Québec et comment c’est beau, le Québec...

J’ai commencé à leur en parler tout doucement, en incluant mon drapeau dans les cartes des pays à apprendre en français. Lors du cours sur les animaux, j’ai parlé des baleines dans Charlevoix. Lorsqu’il a fait froid, j’ai expliqué la neige et notre vie en hiver. Quand c’est la fête d’une étudiante, je lui prépare un gâteau au chocolat et je lui chante : « Chère étudiante, c’est à ton tour de te laisser parler d’amour... » Et j’ai fait imprimer des photos de Charlevoix qui leur font faire des « oh… ah… ».

Graduellement, non seulement ils commencent à connaître mon coin de pays, mais ils commencent à y rêver.

Le 24 juin, c’est un samedi. C’est ma plus longue journée de cours. Pour moi, il n’y aura pas de concerts et de feux d’artifices. Mais je me prépare toute une fête.

On se fera des petits drapeaux du Québec en cours. J’amènerai un CD avec de la musique d’artistes de chez nous. On jouera à la chaise musicale et, pour les plus avancés, on analysera la poésie de Desjardins et de Félix. Je leur apprendrai quelques expressions québécoises. Et je me ferai une joie de leur préparer des crêpes aux bleuets. Ce seront sûrement des cours remplis de rire. :)

Je penserai sûrement à mon coin de pays où il y aura des feux d’artifice et de la musique. Kyoto est une ville magnifique, le Japon est rempli de beautés, mais y’a rien de plus beau que le Québec, Charlevoix et ses gens. Quand on est loin, on le réalise très fort : y’a rien de plus beau que son pays.

Bonne Saint-Jean à tout le monde!

18 juin 2006

Mariage à Kobe, Japon

Voilà, c’est aujourd’hui la fête des Papas, même au Japon! Alors bonne fête à tous les papas! :)

Aujourd’hui, c’était pour nous une grande journée : nous avions notre premier contrat de chanson payé. Nous devions chanter à Kobe, sur le toit du nouvel aéroport pour un mariage chrétien (kekkon shiki).

Au début, nous avons chanté « Amazing Grace » en compagnie de d’autres personnes (un guitariste et une chanteuse classique). Ça s’est bien passé. Ma voix un peu grave m’a semblée un peu « gospelisé », mais c’est correct pour cette chanson.

Ensuite, nous chantions une chanson de mariage chrétienne en japonais. Très ennuyante, si vous voulez mon avis. Mais bon! :)

Philippe a joué plusieurs musiques instrumentales pendant le mariage, le guitariste aussi en a joué une. C’était très bien.

Puis nous avons offert notre « presento songu » au nouveau couple marié, notre composition : Quand la Terre parle au Ciel. Les paroles françaises figuraient même dans le programme remis aux invités. Ça s’est très bien passé. Pendant que je chantais, j’avais une vue complète sur Kobe, ses montagnes, ses édifices, la mer, c’était fantastique et très inspirant. Un avion a même décollé pour la finale de la chanson! :)

Nous avons donc été chanceux : le temps était magnifique, juste un petit peu de vent pour faire voguer les robes, c’était très joli. Un temps parfait. On ne pouvait pas demander mieux! Une bonne chose que ce soit fait, je suis bien contente, j’étais nerveuse et Philippe aussi! :)

Vous ai-je parlé des mariages chrétiens au Japon? Il me semble que non. Alors, j’explique un peu pour que compreniez bien le contexte. Les Japonais ne sont pas chrétiens pour la plupart. Mais ils sont très romantiques, les filles en particulier. Ils voient beaucoup de films américains où un prêtre marie une belle mariée habillée de blanc. Ce qui explique l’engouement pour le mariage « chrétien ».

Ce qu’il y a d’un peu spécial dans le mot « chrétien », c’est que le prêtre n’en est pas un. Il n’a aucune formation théologique et n’est finalement qu’un ministre de mariage. Mais tout est mis en œuvre pour que l’image passe bien : il porte une aube flamboyante, lit la Bible, fait la prière et explique qu’il faut répéter AMEN après lui. On a alors l’impression de vivre un mariage chrétien. Qui dure un gros 15 minutes!

Un peu étrange, n’est-ce pas? Disons que ça fait réfléchir. Oui, je l’avoue, la cérémonie est un petit spectacle. On pourrait crier à l’hypocrisie d’un événement sacré. Mais on doit ici reconnaître qu’on connaît tous un couple qui s’est marié à l’église parce que « ça faisait plus beau ». À mon humble avis, ce qui se passe au Japon ressemble un peu à ça.