J’ai été happée, début janvier, par une idée et je me suis mis à écrire, dans tous mes moments libres. Je savais que ça risquait d’arriver pour deux raisons :
- les Fêtes sont généralement un moment « hors du temps » et ça stimule mon imagination de sortir de ma routine. S’ensuit donc un mois de janvier chargé d’idées à mettre en œuvre.
- j’avais remis mon projet d’étude au Comité d’éthique de l’Université Laval et je ne peux pas commencer mes entrevues avant leur approbation, prévue pour bientôt…
J’ai donc écrit. Mais pas du tout ce que je croyais écrire. On ne choisit pas ce qui nous inspire. Et c’était un vieux texte que j’avais commencé en 2002-2003, poursuivi en 2009, qui me parlait très fort pour que je le dépoussière. Ce qui, en gros, a voulu dire : pour que je le réécrive presque entièrement. Le texte final est donc très différent du récit de départ, et c’est tant mieux. Je reparlerai davantage de cela demain, dans une autre réflexion sur ce que cette frénésie d’écriture m’a apportée.
Aujourd’hui, parlons du rythme d’écriture lorsqu’on a un enfant à la maison (ou plusieurs). Normalement, voici mon mode d’écriture : une idée me « pogne », je saute dessus à pieds joints, j’écris la scène que j’ai vue, pensant ainsi me libérer de l’image… Mais dès que l’espace est libre dans le cerveau, la suite nous arrive. Et tout apparaît dans le désordre : on peut voir la finale avant le début, le milieu tout de suite, etc. Il faut remettre en ordre, chercher les liens entre les scènes…
Quand je n’écris pas, je vois de nouvelles scènes, ou je revois celle que je viens d’écrire : je dois alors corriger les dialogues (que je sais quasiment par cœur à ce moment-là) parce que ce n’est pas ainsi que l’a exprimé le personnage qui commence à avoir une personnalité bien précise… Et oups! Il me faut revenir aux autres scènes parce que je viens de comprendre un truc essentiel.
Le jour, je mange quand je suis affamée, n’hésitant à oublier les heures pour poursuivre à écrire. Et je prends ce qui se prépare et se mange le plus vite (lunchs congelés, toasts, céréales). La nuit, je suis très concentrée sur mes idées. Pendant toute la frénésie, je mange mal et je dors très peu. Résultat : j’en sors souvent malade. Après le marathon d’écriture pour le squelette initial de La Pomme de Justine (mai 2010, pendant mon séjour au Japon), j’ai eu un gros rhume après et je me suis souviens que la dame chez qui je séjournais m’avait préparé une super soupe au gingembre bien piquant pour me redonner de l’énergie. :)
Alors, avec ce rythme-là, il faut se trouver un compagnon généreux : L'art difficile de bien choisir son partenaire de vie quand on est écrivain. Heureusement, Philippe est très compréhensif de ce point de vue-là. Il écoute mes idées alors que je suis supposée manger un bon repas, il les pousse plus loin, me donne souvent une clé pour solutionner les difficultés… Bref, je n’ai jamais eu de mal à composer avec mes frénésies d’écriture et mon conjoint.
Mais qu’est-ce qu’on fait avec un enfant? Il n’attendra pas son repas jusqu’à 13h30, il ne peut passer sa sieste, il sollicite notre attention… Plusieurs sont très pessimistes sur le sujet : dans les commentaires d’une amie écrivaine qui annonce sa grossesse, on l’avertit que ça mettra en veilleuse son écriture.
Eh bien, ça dépend. C’est la même affaire à propos du pauvre minou qui deviendra complètement délaissé après la naissance du bébé… C’est une question de choix. La tarte du temps est la même : la journée n’a que 24 heures. Alors, avec un bébé qui exige beaucoup des parents, ça grugera sur plein de choses : le sommeil (à ne pas négliger), la propreté de la maison (le linge propre reste parfois dans la sécheuse), l’ordre dans ses fichiers photo (que je renommais un à un…avant), les repas qui durent longtemps, le déjeuner les yeux collés, les émissions qu’on suivait, les livres à lire…
La bonne nouvelle : les bouts à couper sont au choix des parents. Ce qui veut dire que si on décide que le p’tit minou a droit à sa caresse pendant la sieste et que ça nous fait du bien de se plonger dans ce qu’on écrit pendant un mois… Alors c’est possible. Le chum prend en charge une partie du boulot qu’on délaisse et mon Léo de deux ans et demi voit apparaître deux visages supplémentaires à sa maman :
- une maman qui n’est parfois pas toute là parce qu’elle pense à ses histoires ou les écrits
- une maman qui parle beaucoup, avec enthousiaste, de « Midori qui a sorti son kit de calligraphie et puis… » pendant le souper, les marches, la vaisselle…
Écrire, c’est ce que je suis. C’est aussi mon travail, même si je n’en vis pas. C’est normal que l’enfant apprenne à conjuguer avec cette passion de sa maman. Parfois, elle est un peu là, des fois, elle est plus fatiguée et frustrée (parce que je dors aussi mal, mais plus longtemps, étant donné que j’ai moins de temps libres dans ma journée pour écrire, ça allonge mes frénésies!), mais tiens! maman est heureuse. Et ça, c’est pas mal important.
P.-S. Pendant l’écriture de ce texte, la sieste fut interrompue pour un changement de couche, quatre visites à la chambre… Apprendre à laisser ses textes pour y revenir à quinze reprises, c’est aussi ça, être une maman écrivaine.
1 commentaire:
Tu me rassures, mais remarque : les commentaires les plus pessimistes sur ma capacité à continuer d'écrire viennent de gars! ;)
Des mamans écrivaines, j'en connais pas mal.
Et en plus, moi je souffre du syndrôme de la pause : après 15 à 45 minutes d'écriture intense (selon les projets), j'ai besoin d'une pause. Alors les interruptions n'ont jamais été un problème. :)
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