Suite au blitz d’écriture, j’ai toujours un deuil à faire. Il me faut quitter des personnages dont j’étais quasiment amoureuse, les laisser aller. Ça arrive que je cherche désespérément à leur créer de nouvelles scènes, juste pour passer encore du temps avec eux. Mais c’est de « l’inspiration forcée » et ça ne donne jamais rien. C’est seulement une façon de retarder le deuil inévitable de cette histoire qui n’a plus besoin de moi.
Alors je me console en faisant imprimer les textes et en les relisant pour les corriger. Je barbouille les papiers, je retourne à l’ordinateur pour faire les modifications. C’est moins plaisant de réviser, mais ça rend la séparation moins difficile.
Et puis, je vous en parle sur mon blogue. J’ai écrit trois textes pour sortir de ma « frénésie », ça aide. Un des effets agréables de ces publications, c’est de me faire demander: « Et quand pourra-t-on lire ça? » C’est flatteur: des gens sont intéressés à partager les aventures de mes personnages. Mais la réponse est moins drôle parce qu’elle varie de: « Peut-être dans quelques années à... jamais ».
Ils sont nombreux les textes que j’adore et qui dorment dans mon ordinateur. Certains ont même des suites en cours parce que leurs personnages m’inspirent toujours et que je m’amuse à poursuivre l’histoire (même si le tome 1 n’est pas en route vers la publication). D’autres ne trouvent pas d’éditeurs parce qu’ils se trouvent entre deux types de lecteurs (les adultes et les adolescents) ou de genres. Passion Japon a pris un temps infini avant d’être publié car ce n’était ni un carnet de voyage, ni un guide sur le Japon... Et avant de trouver l’éditeur qui cherchait un hybride entre ces deux genres (merci Hamac!), ça m’a pris deux ans.
Maintenant que mon texte est terminé, que j’ai fait mes corrections, je le fais lire à un petit groupe de « lecteurs-testeurs » qui me feront des commentaires. Je compte profiter de ce temps pour relire encore, et faire corriger le manuscrit par une amie réviseuse. Quand le récit sera tout peaufiné, corrigé, travaillé, tout doux dans les angles, il est temps de penser à des éditeurs.
Trouver le bon éditeur est un travail de minutie. Il faut consulter les sites et explorer les catalogues: quel type de collections? Pour quel lecteur? Accepte-t-il ce genre? Je me crée toujours un petit tableau où je note les éditeurs potentiels: comment il préfère recevoir le document, à quelle date je l’ai envoyé.
Il faut aussi avoir un budget, car envoyer des manuscrits, ça coûte cher. Je prévois 20 dollars par essai: huit dollars pour l’impression (recto seulement, à double interligne), quatre pour la reliure et encore huit dollars pour l’envoi par la poste (la plupart n’accepte pas les envois électroniques). Alors pour un récit, on peut facilement dépasser les 200 à 300 dollars (une dizaine d’éditeurs).
Pourquoi l’envoyer à plusieurs éditeurs en même temps? Ce serait plus économique d’attendre les refus avant d’essayer un autre éditeur, c’est évident. Mais le délai avant de recevoir une réponse varie entre trois à neuf mois... À ce rythme, envoyer le récit un éditeur à la fois prendra cinq ans pour faire 10 tentatives!
La plupart du temps, la réponse, c’est non. C’est mieux quand c’est un non expliqué : ça ne cadre pas dans nos collections (« On ne publie pas de littérature jeunesse » en était un exemple), ou quand il y a une offre accolée (« Ce n’est pas ce qu’on cherche en ce moment, mais accepteriez-vous d’écrire une histoire à propos d’une fille qui... »). D’autres acceptent, mais en vous proposant de payer pour l’impression. Et c’est ainsi que mon texte reste à ronronner sur le disque dur d’un ordinateur, ses personnages endormis.
Heureusement, il y a aussi les « oui! » Et commence alors toute une série d’autres étapes pour en arriver à la publication. Ne vous inquiétez pas, je vous aviserai si ça m’arrive pour ce récit. Mais généralement, mes textes se reposent longtemps avant de devenir des livres (Passion Japon: quatre ans, La Pomme de Justine: trois ans) Je me croise les doigts!
5 commentaires:
Reliure?!? Rends-toi service : sauf 4$. La plupart des éditeurs n'aiment pas recevoir des manuscrits reliés.
En fait, je sais de source sûr qu'il y a même des éditeurs chez qui ça te vaut un transfert quasi-automatique dans la pile "refusé".
oups, sauve 4$
Oui, je crois que mes derniers manuscrits ne l'étaient pas. C'est fou comme il faut être expert en "relations publiques axées ver l'édition" pour espérer simplement être lue...
Voilà un petit bout que je lisais tes commentaires sur le blogue de Gen, mais jamais encore je n'avais été lire le tient.
Je viens de tomber sur 3 billets extraordinaires. je ne veux pas nécessairement devenir écrivaine, mais je veux écrire et on dirait que je bloque. Merci pour ses billets. Ils m'ont grandement aider :)
Merci Gaby, c'est vraiment gentil de ta part! J'ai eu beaucoup de plaisir à faire ces textes! :)
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