Le documentaire disponible sur Netflix, The Social Dilemma, est sur toutes les lèvres. Il traite de l’omniprésence des réseaux sociaux dans nos vies, et surtout des algorithmes mis en place par les programmeurs pour nous inciter à rester branchés afin que les compagnies accumulent de l’info sur nous. Ces grands monstres sociaux vendent ce savoir et l’utilise pour qu’on voit des opinions semblables à la nôtre, effaçant graduellement la possibilité de débats et de discussions et, bien sûr, pour afficher des publicités convenant à nos besoins. Je me souviens très bien quand la première publicité de « cure minceur » est apparue sur mon profil deux semaines après mon premier accouchement!
The Social Dilemma en arrive à la conclusion que notre monde court à sa perte à cause de ces réseaux sociaux. Rien de moins.
Si c’était aussi simple, on n’aurait qu’à interdire les réseaux sociaux pour le monde ne s’effondre pas, n’est-ce pas? C’est drôle, j’ai pourtant l’impression que ça ne règlerait pas le bouleversement climatique ou les inégalités de richesse, pour ne nommer que quelques autres des dangers à nos démocraties.
Les réseaux sociaux ont clairement une emprise immense sur nos vies, et ce documentaire permettra sans doute à plusieurs personnes de réaliser l’impact néfaste que ces compagnies exercent sur nous. Et c’est tant mieux.
Mais voilà! Maintenant que vous êtes au courant, que vous savez tout ça, qu’est-ce que vous pouvez faire? Personnellement, je me sens complètement impuissante. Les réseaux sociaux m’apportent la possibilité de garder contact avec ma famille et des amis lointains; elle me renseigne sur les opinions des autres aussi (que je découvre parfois avec surprise); elle me permet de partager les nouvelles à propos de mon écriture. Je n’ai pas vraiment le choix de continuer à les utiliser. Alors, que puis-je faire? Ce documentaire ne m’apporte que bien peu de réponses, me laissant seule devant l’immense pouvoir d’une compagnie. Ce n’est pas un peu décourageant?
En fait, la plus grande faille de The Social Dilemma est qu’il pense comme notre époque: en basant tout sur l’individu. Et c’est étrange car ça rejoint ce qu’est un « dilemme social » en philosophie: c’est-à-dire une situation où les individus auraient tout avantage à collaborer pour régler un problème, mais qu’ils sont au contraire démunis parce qu’ils sont de plus en plus seuls et divisés. On l’applique en politique avec les wedge issues, on le voit dans les religions aussi, c’est l’une des constantes de notre humanité.
Or, à chaque fois que la technique, ou la technologie aujourd’hui, a fait un bond en avant, les solutions n’ont pas été individuelles, mais collectives. Prenons un exemple qui remonte à 100-150 ans: lors de l’industrialisation, avec tous les abus que les grands propriétaires d’usines ont fait subir aux ouvriers (hommes, femmes ET enfants), un ouvrier seul dans son usine, qui aurait osé dire à son patron d’arrêter de le traiter comme un automate sur sa chaine de montage n’avait pas beaucoup de chance. Ils ont dû être plusieurs ouvriers pour qu’on finisse par mettre en place des lois encadrant l’industrie.
Il est temps que les gouvernements imposent des lois du 21e siècle. Car les États sont encore capables de mettre des limites, quoique cela est questionnable quand on voit ce qui arrive en Australie, les menaces à l'Europe et comment le Canada a du mal à faire des recommandations pour la protection de nos données personnelles, alors qu'il y a un rapport désastreux sur la question…
Bref, on n’est pas sortis de l’auberge. Mais on n’y arrivera pas seul, c’est certain.
Aucun commentaire:
Publier un commentaire