「子どもができてすみません」C’est ainsi que se traduisent les mots d’un futur père qui est allé rencontrer le directeur de la garderie où travaille sa femme. Ils se sont excusés tous les deux, car ils avaient mis la garderie dans l’embarras: l’employée est devenue enceinte au mauvais moment, elle n’a pas attendu « son tour ». En effet, d’autres femmes à l’emploi depuis plus longtemps dans cette garderie n’ont pas encore eu de bébé. Malgré les excuses, le lendemain, la pauvre employée se faisait reprocher son « erreur ». Cet exemple de matahara (le harcèlement des mères, de l’anglais « maternity harassment ») a choqué son mari qui a terminé sa lettre dans l’Asahi Shimbun ainsi:
Les éducatrices des garderies sacrifient leurs propres enfants pour prendre soin de ceux des autres. C’est une noble profession de faire grandir les enfants qui construiront le futur de notre pays. Je respecte ma femme à cause de son engagement dans sa carrière, et je continuerai de l’encourager. Mais ces conditions de travail difficiles pour celles qui prennent soin des enfants sont le signe d’un pays rétrograde.
Heureusement, la réaction des Japonais fut majoritairement en support pour le couple. Dans un pays où la dénatalité des dernières décennies frappe de plein fouet, le nombre de Japonais diminuant à chaque année, cette façon de traiter les femmes sur le marché du travail a choqué. Ce qui m'a fait penser au texte d'une blogueuse anonyme, Crève Japon!, publié en 2016 et au support qu'elle avait reçu. Mais la situation n’est pas nouvelle: les plaintes pour harcèlement suite à une grossesse ne cessent de faire les nouvelles, un tribunal de Tokyo ayant même condamné une entreprise l’an dernier suite à un licenciement abusif, déguisé en démission.
Une pharmacienne que j’avais rencontrée dans le cadre de ma maîtrise avait témoigné de cette situation: « Quand mon plus jeune a eu trois ans, j'ai dû démissionner. S’il était malade, on me demandait pourquoi je prenais un jour de congé. Mon employeur ne pouvait pas me dire: "Démissionne!" et me mettre dehors, mais je sentais une pression constante. Ça commençait à poser problème, alors j'ai démissionné. »
Le « boss-partum », soit des patrons qui souhaiteraient éviter au maximum les inconvénients des absences causées par les congés de maternité, n’existe pas seulement au Japon. Mais le Forum économique mondial a fait perdre quelques points au Japon l’an dernier, le classant 114e (sur 144) au chapitre de l’égalité homme-femme.
« Toutes nos excuses pour avoir fait un enfant ».
Ce sont des mots qu’on ne devrait jamais entendre.
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