31 mai 2011

L'impression en Chine

En fréquentant les Salons du livre plus souvent, je m'amuse à visiter les kiosques et, bien sûr, à acheter des livres. J'ai ainsi fait de belles découvertes (Mon Afrique de Lucie Pagé, L'envers de l'assiette de Laure Waridel, Les aventures de Radisson de Martin Fournier). 

Mais j'ai aussi appris que de nombreux éditeurs font imprimer leurs livres en Chine. Particulièrement lorsqu'il y a de la couleur, nos éditeurs québécois envoient le travail à Singapour ou en Chine. (∞~∞) Pour ne donner qu'un exemple, les éditions Dominique et compagnie, qui publie de nombreux auteurs reconnus, imprime tous leurs volumes en Chine. Il paraît que ça coûte vraiment moins cher... 

J'ai vécu au Japon, alors je sais que l'autre côté de la terre, c'est loin. Pourquoi imprimer un livre en Asie et le ramener ici par bateau, ce qui consommera énormément de pétrole (le poids d'un livre n'est pas léger, je vous le rappelle), coûte moins cher que de le faire produire ici? Normalement, ce livre devrait nous coûter les yeux de la tête puisqu'il a tant voyagé...

Non seulement c'est polluant, mais en plus, c'est très mauvais pour les emplois au Québec. C'est comme ça qu'on a tué le textile québécois, c'est comme ça que le meuble québécois pousse ses derniers soupirs... 

D'abord, on fait produire en Chine ce qui coûte le plus cher pour faire plus de profits et PEUT-ÊTRE en faire profiter le consommateur. Comme les entreprises, disons les imprimeries par exemple, doivent augmenter leurs prix parce qu'ils impriment moins de livres, surtout s'ils sont en couleur, les autres éditeurs doivent aussi faire produire en Chine parce que le service couleur n'est plus offert. Puis on finit par se dire que le noir et blanc coûterait sûrement moins cher aussi... Des imprimeries ferment, des employés sont mis à la rue, on en parle aux nouvelles et on se désole... Mais à chaque fois qu'on achète un livre fait en Chine, on encourage ce cercle vicieux.

On ne peut plus faire grand chose pour les vêtements ou les toutous, il n'y en a plus beaucoup qui se produit ailleurs qu'en Chine... Pour les meubles, c'est devenu difficile aussi. J'attends d'avoir de l'argent pour faire faire ma table à manger par un ébéniste, alors je peux vous dire que c'est devenu compliqué. Mais pour les livres, c'est encore possible.

Nos éditeurs sont payés par des fonds publics et leurs livres sont achetés par des Québécois (principalement). Alors c'est la moindre des choses que leurs produits encouragent des gens d'ici, des imprimeries locales.

Ça préserve nos emplois et ça évite une monstruosité de pollution.

Et quand je mets le nez dans cet arbre transformé en pages et en couleurs pour profiter de son odeur, il me semble que mon livre sent meilleur.

2 commentaires:

Gilles Herman a dit...

Pourquoi ? Ce qui coûte cher dans l'imprimerie c'est l'homme. Et on sait que les salaires, entre autre par absence de sécurité sociale, sont bien moindres en Asie.

Il faut savoir qu'en imprimant à l'extérieur, les éditeurs renoncent à certaines aides. Pas de crédit d'impôt provincial si en dehors du Québec, pas de Fonds du livre du Canada si en dehors du Canada. Enfin, ça c'est en théorie. En pratique, les éditeurs les plus astucieux arrivent à détourner, en toute légalité, ces règlements. Question de compétitivité.

Est-ce que le public est prêt à payer le prix de la fabrication locale ? Est-ce que la société est solidaire ou c'est chacun pour soi ? Hélas, poser la question c'est un peu y répondre...

Nomadesse a dit...

J'ai reçu un commentaire suite à ma plainte aux Éditions Dominique et Compagnie. Je la place en copie, car cela est pertinent. Je les remercie de leur réponse, même si je reste en désaccord avec "ce monde dans lequel nous vivons" décrit par Monsieur Payette. Justement, c'est aux consommateurs de changer cela, par leurs achats. "Acheter, c'est voter" comme le disait Laure Waridel. Voici donc son courriel:

"Bonjour,

Oui nous recevons à l’occasion cette plainte et nous répondons.

Au départ, Dominique et comagnie, division de Editions Héritage inc fait partie du Groupe Payette qui exploite 2 imprimeries au Québec. Mon père a fondé une imprimerie que j’ai joint après mon cours classique. C’est alors que nous avons ouvert une librairie papeterie, et à la mort de mon père j’ai vendu les librairie à mon frère et conservé l’imprimerie depuis cette date. Donc notre entreprise avec mes deux garçons et mes deux filles font partie de notre entreprise qui va fêter ses 100 ans d’existence. Nous éditons des centaines de titres chaque année et comme imprimeur nous cherchons à les imprimer nous-mêmes ou au Canada.

Alors pourquoi aller en Chine, c’est pour une raison de prix de revient car nos albums ne se vendraient pas à prix plus dispendieux.

C’est aussi vrai pour les Chinois qui achètent notre minerai, nos avions Bombardier etc. Eux aussi ne viennent pas chez nous pour nos beaux yeux car les Chinois se procurent ce minerai parce qu'il est meilleur marché, ce qui leur permet de vendre eux aussi aux étrangers.

L'électricité qui nous permet de survivre au Québec en vendant une partie importante aux Américains et profiter de bas prix pour les usagers québecois et les usines genre Alcan qui dévorent l’électricité fermeraient boutique rapidement sans ces avantages économiques. Le monde moderne est bâti sur les échanges.

Nous sommes fiers de pouvoir offrir à notre clientèle un produit de haute qualité à un prix raisonnable. De plus ce même produit de chez nous se retrouvera en France, en Belgique et en Suisse. Et de plus il ne faut pas oublier que ce même produit est vendu à travers le monde pour être traduit en coréen, en anglais, en espagnol, en chinois, etc. Nous avons vendu des droits à des pays étrangers pour les adapter dans leur langue pour le bénéfice de leur population jeunesse. Ainsi va le monde dans lequel nous vivons.

Merci de m’avoir lu.

Jacques Payette