Comme l’an dernier, je décollerai vers le Japon le jour de mon anniversaire. La fête durera donc très peu de temps, car je passerai la ligne de changement de date au milieu du Pacifique et le 2 octobre deviendra brusquement le 3. En 2018, j’ai « vécu » 8 heures du jour de mon anniversaire; cette année, ce sera un peu plus. Si je les mets ensemble, ça fera moins de 24 heures! C’est très drôle.
Le problème avec le changement de décennie est que chaque âge porte des « attentes ». Et en entrant dans le 40, je corresponds de moins en moins à ces dernières.
Personnellement, vieillir ne me fait pas grand-chose. Dans ma tête, j’étais déjà « vieille » quand j’avais 5 ans. Je me sentais décalée, encore plus en arrivant à l’adolescence. La « beauté » et la fraicheur de la jeunesse ne m’ont jamais vraiment servie. Je restais concentrée sur mes livres, je chantais dans ma chambre en cachette et j’avais la tête dans mes projets et mes rêves, avec mille et une envies.
Alors vieillir pour moi, ça a longtemps voulu dire qu’on me reprochait de moins en moins d’être comme je suis. J’avais l’air plus « normale » de partir à l’étranger en sac à dos, de changer d’emplois, de revenir aux études au lieu d’être sérieuse. C’était « de mon âge ».
Mais 40 ans, c’est un tournant où ma façon de vivre recommence à être taxée de « bizarre ». Je n’ai pas de job stable, pas de maison, pas de définition précise de qui je suis. Quand je sors une carte d’affaires, je dois me demander laquelle convient à la personne devant moi: celle plus sérieuse, avec mon titre de sociologue ou celle en japonais qui précise mon pays? Celle où il y a l’énumération de mes réseaux sociaux? Celle avec mes livres? Celle consacrée au Japon ou à l’Islande? Ou la « retraitée » carte d’affaire musicale?
Ce qui est normal pour moi, c’est d’être multi, alors je suis à l’aise avec mes différentes cartes. Mais ça provoque deux types d’effets: « Wow! Je t’envie! Comment tu fais? » ou « Vas-tu te brancher un moment donné? » Étrangement, ma réponse est la même: « Je ne sais pas ». Ça dépend de tant de choses hors de ma volonté: l’inspiration, la passion, la chance, les idées, la santé, le chum, la famille.
On remarquera que l’âge n’entre pas dans mes critères. Bien sûr, l’âge vient jouer dans l’aspect « santé », mais la réplique « Ce n’est plus de ton âge » n’a pas plus d’impact que « Tu es trop jeune pour ça » en avait quand j’avais 12 ans. Désolée. La vie est trop courte pour que j’ajoute ce critère à mes limites.
L’apparence de jeunesse, c’est un avantage quand on veut cruiser. Mais pas quand on doit être crédible en contexte académique. Alors, pour mon prochain voyage, je ne conviens pas.
J’assume. Je serai la seule femme sur mon panel au congrès de sociologie, à Tokyo. Une des rares étrangères aussi. J’amène mon complet vert printemps. Tant qu’à sortir du lot, aussi bien le faire franchement.
Tout ça pour dire que je suis bien stressée de prendre cet avion. Et mes 40 ans.
Heureusement, l’envie ne s’est pas tarie. J’ai bien l’intention de le faire durer jusqu’à mes 100 ans. On s’en reparlera à ce moment-là, ça arrivera bien assez vite.
2 commentaires:
Hihihihi!
"Dans ma tête, j'étais vieille à cinq ans". Je te comprends TELLEMENT! lol!
Je crois que la différence, c'est qu'en approchant du 40, on hausse encore plus facilement les épaules quand les gens nous disent que X ou Y n'est plus de notre âge. Ça nous fait une bonne trentaines d'années d'expérience dans l'art de "ne pas fitter", alors on prend ça avec philosophie.
PS : Je suis en train de me magasiner des leggings de yoga avec des licornes dessus, parce que je suis jalouse de ceux de ma fille de 5 ans. :p
"Ça nous fait une bonne trentaines d'années d'expérience dans l'art de "ne pas fitter", alors on prend ça avec philosophie." Ah ah ah! C'est en plein ça!
Ah moi je me suis offert un Hoodies Pokémon pareil pour ma fille, il arrivera en novembre. J'ai ben hâte! https://lesamoursdelelou.com/categorie-produit/hoodie/hoodies-enfants/
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