Il y a quelques années, j’ai lu un article sur un artiste japonais qui avait fait les personnages de Star Wars à l’encre de Chine. J’ai aimé le mouvement que les traces et les points laissés par le pinceau donnaient aux personnages, renouvelant tout à coup leurs portraits. Il a récemment dessiné les personnages de Marvel aussi.
L’artiste se nomme Kôjô Masayuki et il est originaire de Uji, la ville juste au sud de Kyoto, où j’ai enseigné le français pendant un an en 2006. La spécialité de cet artiste est le bujinga, soit les dessins de guerriers. Habituellement, il fait donc des dessins de ce style-là.
Une grande part de son art se fait en spectacle, ce qu’il nomme le live art. C’est-à-dire qu’il invite les gens à venir le voir créer sa toile devant eux. Sur un fond de musique à la fois traditionnelle et moderne, il fait de la grande toile blanche devant lui un guerrier à cheval, un samouraï en attaque ou un guerrier tenant sa lance. C’est fort impressionnant.
Je rêvais que mon prochain roman puisse avoir une couverture avec une toile de cet artiste. En 2018, j’ai donc préparé un courriel en japonais que j’ai fait corriger et que j’ai envoyé. Mais je n’ai reçu aucune réponse. Qu’à cela ne tienne! Je partais trois mois à Kyoto en automne, sait-on jamais!
Comme de fait, je constate dès mon arrivée au Japon que le 18 octobre, l’artiste viendra faire un live art à la mairie d’Uji! C’est fantastique! Mais ça commence à midi et mes cours se terminent à midi trente à Kyoto! NON!!! Je ne pourrai pas y être! Alors j’envoie toute la famille en mission: filmer le live art pour moi et, si possible, rencontrer l’artiste et lui expliquer mon projet. De mon côté, je tenterai de me rendre à Uji le plus vite possible.
Je finis mes cours, je cours à la gare de Kyoto pour prendre le train vers Uji (j’arrive à avoir l’express), puis je cours vers la mairie (il faisait chaud ce jour-là!). Quand je suis arrivée, la toile était rangée, mais Masayuki-san était toujours là, avec ma famille qui le gardait sur place… :) Je lui offre la bière de la microbrasserie de Charlevoix que j’avais apportée et mon exemplaire des Fleurs du Nord. Il me dit qu’il est intéressé et de contacter son agent, dont il me donne le courriel. Il est super sympathique, j’étais vraiment contente d’avoir couru mon marathon pour arriver à temps!
N’osant trop espérer, j’envoie un courriel à son agent dès mon retour à la maison. Je reçois une confirmation que Masayuki-san est intéressé, mais qu’il se demande quel type de dessin je souhaite, étant donné que je lui ai montré une toile représentant un musicien alors que mon livre traitera des ninjas (le mot shinobi étant un synonyme). J’explique donc l’histoire de mon roman: le shinobi est présent, oui, mais il est « caché » en musicien au début, puis après, on le cherche… Je préfère donc un musicien.
J’explique aussi que ma maison d’édition paie pour avoir le droit d’utiliser une toile déjà faite, alors pas besoin d’en faire une originale pour moi… Mais son agent me dit que Masayuki-san veut en faire une spécialement pour le roman. Je comprends, mais je me dis que j’ai sûrement mal compris. Alors j’envoie le courriel à une amie japonaise qui me confirme que j’ai bien compris et me félicite.
Et je recevrai effectivement le fichier de la toile, encore plus extraordinaire que tout ce que j’ai pu espérer! Je vous épargne les détails pour pouvoir avoir le fichier en haute qualité, les soucis pour la facture et le paiement… Mais tout a fini par se régler et voilà que j’ai la chance d’avoir cette extraordinaire couverture!!!
Ceux et celles qui viendront au lancement pourront voir l’œuvre imprimée en grand format. Je n’ai pas l’originale (qui vaut plusieurs milliers de dollars), mais j’ai une magnifique reproduction. :)