J’ai appris dernièrement que Balzac buvait 50 tasses de café par jour, ce qui se traduisait par une efficacité à toute épreuve : il passait 18 heures de sa journée à écrire! Évidemment, brûler la chandelle par les deux bouts n’est pas une bonne chose: il est mort à 53 ans (ce qui est relativement long avec une telle consommation).
Je ne bois pas de café. En fait, les rares fois où j’en ai bu, c’est au Japon. J’avais une amie qui m’en préparait à chacune de mes visites. Voulant être polie, je n’ai jamais osé lui dire que je n’appréciais pas le goût de ces précieux petits grains. Je buvais sans rechigner. Ce n’est qu’un an après que j’ai osé lui avouer la vérité! Elle m’a demandé ce que je préférais.
Le thé. Ce n’est pas la première fois que j’en parle sur ce blogue.
À mon retour de Kyoto en 2007, j’avais fait une chronique sur le thé froid.
J’ai aussi parlé des saintes règles que je ne respecte pas tellement…
Et j’ai même eu la chance de visiter une plantation de thé en 2010.
En fait, depuis quinze ans, dès que je suis en équilibre précaire sur mes deux pieds du matin, je me dirige vers la bouilloire pour sélectionner la bonne température. Je nettoie la théière de la veille et je prépare mon premier litre matinal. Du thé vert japonais. De préférence, celui de Kyoto (d’Uji en fait!), même si je n’en ai plus en ce moment. Mon dernier voyage date d’un peu plus d’un an maintenant et il est difficile de trouver à l’étranger ce thé un peu plus corsé que celui de Shizuoka (près du mont Fuji).
J’en bois une tasse avant que les enfants se lèvent, en préparant les déjeuners, en regardant mes courriels et le journal.
Puis la routine du lever prend toute la place : les enfants s’éveillent, on se change, on mange, on se prépare à sortir. Quand je reviens travailler, je repars la bouilloire pour un deuxième litre du même thé.
J’attends généralement après le diner pour me préparer une troisième théière. Je peux varier à ce moment-là : choisir un autre thé vert, un oolong ou, plus rarement, un thé noir ou aromatisé.
La routine du retour, du souper, des bains, du dodo s’enclenche assez tôt chez nous. Mais avant même que la porte de la chambre des enfants ne soit fermée, mon conjoint ou moi, on démarre la bouilloire pour notre thé du soir. Un bon litre de thé. Mais cette fois, on infuse les feuilles cultivées dans les hautes montagnes de Taiwan, que je commande directement chez un ami qui tient une boutique en ligne.
Quand c’est la fin de semaine et qu’on est assez fou pour écouter plus d’une heure de télé (un film!), on fait une deuxième infusion.
Avec quatre à cinq litres de consommation par jour, les marchands de thé me connaissent personnellement. Ceux de Kyoto me reconnaissent, ceux de Québec aussi et Philippe de Taiwan Tea Crafts joint des petits mots et des échantillons dans mes commandes.
Dans mon budget annuel, j’ai une ligne dédiée au thé pour savoir combien ça me coûte chaque année. C’est plutôt élevé. Ça dépasse les 500 dollars, genre.
Quand je suis prise en plein travail d’écriture, le thé est le seul plaisir assez puissant pour me faire interrompre l’inspiration une minute. Aucune lecture, aucune série, aucun dessert n’en fera autant. Il n’y a que le thé. Ironiquement, le thé me permet de manger moins. Je grignote souvent, mais beaucoup moins qu’auparavant, étant soutenue par toute l’eau que j’ingère. Et je suis bien sûr très hydratée!
Pourtant, je peux m’en passer et ne pas en boire plusieurs jours. Je ne ressentirai aucun symptôme. Ça m’arrive souvent et ce n’est pas un drame. Simplement, en boire me fait plaisir.
Ce n’est pas la stimulation de la théine que je recherche, c’est la sensation de profiter du moment, là et maintenant.
Ce n’est pas que le corps qu’il réchauffe, c’est le cœur.
Ce n’est pas pour la santé de mon corps, c’est pour la santé de mon esprit.
Le thé me réconforte dans les moments tristes.
Il ajoute une touche de bonheur de plus dans les moments heureux.
Nous sommes des milliers comme moi. Merci au cher théier camellia sinensis...