28 février 2013

Fini le changement d'heure!

Les médias vous le diront bientôt : le 10 mars, n’oubliez pas d'avancer vos montres. En novembre, on vous dira de la reculer. On trouvera des articles pour nous parler des infarctus qui augmenteront légèrement, des troubles du sommeil et des accidents de la route qui sont attribuables à cette petite heure qu’on modifie artificiellement.

À peu près tout le monde chialera en perdant cette heure, et toute la semaine, on se promènera les yeux petits à cause du manque de sommeil. Sans penser aux parents qui auront la joie d’expérimenter les réveils très matinaux (encore plus matinaux!).

On chiale, on chiale, mais personne ne fait rien. Pourquoi? Parce que le changement d’heure : c’est un peu comme un caillou dans un soulier, c’est plate, mais on ne va pas nécessairement s’arrêter de marcher pour si peu. Il faudrait que ça fasse vraiment mal pour qu’on le fasse…

Eh bien, depuis que je suis maman, le changement d’heure me fait vraiment mal. Je me suis donc arrêtée pour préparer une pétition qui vient d’être mise sur le site de l’Assemblée nationale. Pour ceux qui savent déjà qu’ils en ont marre de ce changement, je vous invite à aller la signer. Ça ne prend même pas 10 secondes.

Pour ceux qui ne sont pas sûrs cependant, après tout, ça doit bien servir à quelque chose ce changement d’heure… Et puis d’où ça vient justement… Bref, pour les curieux qui ont soif d’information, j’ai créé pour vous un site web où j’ai recensé les études avec les points négatifs et positifs, l’historique et un regard sur les autres pays.

Pour ceux qui aiment vivre le changement d’heure et ne veulent pas signer cette pétition, sachez que je vous aime pareil. Et la prochaine fois que j’ai un caillou dans mon soulier, je penserai à vous!

05 février 2013

Les racines de La Pomme de Justine

Kamogawa JaponLors de mon dernier séjour au Japon, j’ai vécu pour la première fois de ma vie un mal du pays. Je me trouvais pourtant dans le plus beau des environnements : les fleurs de cerisiers bordaient la rivière Kamogawa de Kyoto, je retrouvais mes amies japonaises et la sonorité de cette langue que j’adore. Dès le début de cette belle aventure qui allait durer trois mois, j’avais le blues. De mon chum, de mon pays.

Ça m’a pris dix jours pour comprendre que la nomadesse qui voulait voir le monde et découvrir l’univers se sentait vide. Après avoir voyagé pendant des années en compagnie de mon chum, sa vision très intuitive de la vie me manquait. Je me sentais comme s’il me manquait un œil. Je peux très bien vivre avec un seul œil, je peux voir, mais avouez qu’à deux yeux, ça va beaucoup mieux!

La Pomme de JustineJ’avais son amour, il était avec moi peu importe où je voyageais, mais il me manquait son regard, sa sensibilité. En dix jours, j’avais donc compris que je pouvais me sentir chez moi partout sur la terre, si j’étais accompagnée de mon amoureux.

Il me restait encore dix semaines à attendre avant qu’il ne vienne me rejoindre.
Alors je me suis mise à écrire. Une histoire d’amour. Où je décris la nature québécoise comme aussi joli et certainement aussi puissante que la délicatesse des sakura. Dans La Pomme de Justine, mon premier roman publié ce mois-ci chez Québec Amérique, la nature est le troisième personnage.

Je me souviens que je parlais beaucoup à mes amies de cette histoire. Certaines me disaient que la vie n'était pas facile pour mes personnages! Parfois, en visitant un coin du Japon, j’ajoutais un bout d’histoire en sortant du train, ayant puisé dans mes souvenirs, dans mes lectures et dans ce que je venais de vivre.

C’est fou comme une histoire est liée à des tonnes d’événements et d’émotions. Elles se collent à des personnages qui deviennent vivants dans l’esprit d’un auteur, si vivants qu’on devient un peu fou, négligeant de manger, de dormir ou de sortir pour continuer de les côtoyer. Et quand l’aventure est fini, quand le bout de vie qu’on avait à partager avec eux est terminé, on a le goût de les partager.

J’espère que l’aventure d’Alexandre et de Justine, perdus dans la nature québécoise, vous touchera.

Pour lire le premier chapitre...

03 janvier 2013

Bonne année 2013! あけましておめでとう!

MariageJe ne suis pas vraiment du genre à faire des résolutions. J’ai toujours souhaité plein de choses aux autres. C'est probablement comme les cadeaux que l’on offre: souvent on les désire pour nous-mêmes. Alors je souhaite aux autres c’est qui me semble le plus important.

Je vous souhaite la santé, parce que sans elle, on perd le goût à tout.
Je vous souhaite aussi l’amour, en grandes et petites doses, parce que ça donne de l’énergie.
Et je vous souhaite l’émerveillement pour avoir un regard pétillant.

À chaque début d’année, je me lance dans la production d’un album-souvenir. Il y a longtemps que je ne fais plus imprimer de photos, mais j’aime faire à chaque année un livre que je conserve dans ma bibliothèque.

J’ai aussi fait mon budget annuel que j’ai pu comparer avec les années passées. Et voulez-vous que je vous dise…je vous souhaite la santé encore une fois parce que le dentiste, ça coûte cher en titi! ;)

Le Père Noël a visité la maison de ma sœur, où nous étions venus l’attendre. Il avait mangé ses biscuits pendant la nuit, mais notre petit Léo s’est chargé de terminer l’assiette qui traînait près du sapin, au grand dam de son cousin qui le regardait faire avec surprise (pas de gaspillage de biscuits, quand même!) ;)

En 2013, nous passerons à l’année du Serpent dès le 10 février. Pour ceux que le 13 inquiète, changez de superstitions et adoptez le zodiaque chinois pour cette année, puisque le Serpent est un excellent signe, un symbole d’esprit, d’analyse et de chance.

Bonne année! Akemashite omedetô!

18 décembre 2012

Lancement de mon site web

NomadesseJusqu'à maintenant, je n'avais qu'un blogue qui commençait à être surchargé d'icônes et d'informations sur mes livres, mes photos, ma musique, mes vidéos, etc. C'est pourquoi l'idée de faire un site web pour réunir tout cela me trottait dans la tête. Eh bien, dès aujourd'hui, mon blogue est libre!

Je vous présente donc mon site web où vous trouverez divers onglets vers mes livres, mes photos de voyages, les conférences offertes, ma biographie, le duo Yume... Bref, à peu près tous mes lieux de création.

Et en plus, j'ai le plaisir de vous annoncer que mon éditeur m'a préparé deux fonds d'écran avec la couverture de mon livre, téléchargeable sur mon nouveau site. Tout un cadeau de Noël pour une auteure!

Sur ces bonnes nouvelles, et avec la neige qui tombe depuis hier, je vous souhaite un beau Noël et surtout une année 2013 remplie de sourires.

13 novembre 2012

Les secrets d'une langue

Krusenstern QuébecLaissez-moi vous mettre au défi et vous racontez une énigme qui m’a torturé le cerveau pendant un cours de linguistique.

Petite énigme

Un père et son fils font du vélo sur l’autoroute, ce qui n’est pas très prudent. Bien évidemment, ce qui devait arriver arriva et un accident survint. Le père fut blessé, mais c’est le petit garçon qui fut le plus gravement amoché. On l’apporta d’urgence à l’hôpital où on conclut qu’il avait besoin d’une intervention d’urgence. Le médecin responsable de la chirurgie fut appelé. Comme il était au sixième, il tardait un peu, mais on le vit enfin arriver. Il se stérilisa les mains, mis des gants et entra dans la salle. En voyant le garçon, le médecin refusa d’avancer en disant: « Je ne peux pas opérer cet enfant, car c’est mon fils. »

Alors? Qui est le médecin? Les scénarios les plus farfelus se sont mis à germer chez les étudiants pendant que le professeur riait dans sa barbe. Le mariage gai est permis, alors cet enfant a deux pères. Ou alors le père imprudent est son père adoptif et le médecin son vrai père…

Jusqu’à ce que le prof coupe net nos spéculations: « C’est simple : le médecin est sa mère. »

Jamais le sexisme de ma langue ne m’a frappée autant que ce jour-là. Parce que dans ma tête, pendant que le professeur nous racontait l’histoire du petit garçon et du médecin, jamais je n’ai vu une femme: j’ai vu un homme en sarrau blanc. Moi qui me croyais si égalitaire, si soucieuse de ne pas discriminer selon le sexe, j’avais pourtant vu un homme et je n’avais absolument pas pensé à une femme à cause du mot « le médecin ». Le masculin est supposé inclure le féminin, non? Et combien de grands textes contiennent le mot « homme » pour signifier à la fois l’homme et la femme?

Le bonheur n'a point d'enseigne extérieure ; pour le connaître, il faudrait lire dans le cœur de l'homme heureux.
Jean-Jacques Rousseau

La plupart des hommes emploient la première partie de leur vie à rendre l'autre moitié misérable.
La Bruyère

Paix sur la Terre aux hommes de bonne volonté.
Évangile de Saint-Luc

La langue française est sexiste jusque dans ses mots et cette façon de représenter les choses nous atteint plus fortement qu’on le croit. Ce prof a réussi à me montrer cela en quelques minutes.

Je débute présentement l’apprentissage de l’islandais. Quelques mots, quelques phrases, je n’irai sûrement pas aussi loin qu’en japonais, mais je tiens tout de même à explorer cette langue avant de visiter le pays. Et à chaque fois que je commence une langue, je me demande ce que j’apprendrai sur sa culture et sa société. Ce que je découvrirai caché dans les replis d’une langue est parfois plus évident pour un néophyte que pour celui qui l'exerce comme langue maternelle.

Le cas du japonais

Pour l’instant, je n’ai rien pour l’islandais, mais parlons un peu du japonais. Dans cette langue, la séparation entre la langue des hommes et des femmes (joseigo) est claire et nette: les hommes ont droit à certains mots qui paraissent très vulgaires s’ils sont utilisés par des femmes. Un homme dira qu’un repas est bon en utilisant umai, tandis qu’une femme utilisera le mot plus usuel oishii. Les hommes utilisent les formes neutres des verbes (da, taberu, hanasu), alors que la femme utilisera les formes polies (desu, tabemasu, hanashimasu).

Mais un des exemples les plus intéressants se trouve dans les pronoms personnels (qu’on utilise moins souvent qu’en français, mentionnons-le):

Pour une femme:
- le je très poli est watakushi: EXCLUSIVEMENT FÉMININ
- le je usuel est watashi
- le je mignon est atashi: EXCLUSIVEMENT FÉMININ
- le tu est anata
- le tu usuel peut être kimi

Pour un homme:
- le je poli est watashi
- le je usuel est boku: plus souvent MASCULIN
- le je usuel plus masculin est ore: EXCLUSIVEMENT MASCULIN, pour une fille, celui-là est même très vulgaire
- le tu poli est anata, anta ou kimi
- le tu usuel est omae: plus souvent MASCULIN
- le tu vulgaire est temee ou encore pire kisama

Ce qui me rappelle que j’avais été sidérée en louant les dvd de Dragonball au Japon. En écoutant les épisodes en version originale avec mon chum, j’avais été très surprise de voir que Sangoku parlait à ses adversaires en utilisant « kisama », ce qui se traduirait en québécois par « mon t*b*rn*c ». Vous comprenez mes gros yeux! On avait assoupli le texte lors de la traduction française, ça c’est sûr! ;)

D’où l’importance de ne pas apprendre son japonais par les dessins animés… Certains étrangers ont donné tout un choc aux Japonais avec leur utilisation de « temee » et « kisama »! :)

Pour en revenir au français

Le français a aussi des tours dans son sac. Par exemple:

- Homme et femme : on désigne ici des personnes de sexe différent
- Mari et femme : on parle des gens mariés
Remarquons que l’homme dispose de deux mots pour désigner deux choses différentes, alors que le mot « femme » signifie à la fois une personne et une épouse. La « femme » est donc liée à quelqu’un pour être, non? Vous pensez que j’exagère… Alors continuons.

- Garçon et fille : on désigne ici des enfants de sexe différent
- Fils et fille : on parle des enfants de quelqu’un
Encore une fois, la fille n’a qu’un mot pour parler deux choses bien différentes. La « fille » est liée ici à son père ou sa mère, mais elle est liée à quelqu’un.

C’est assez étonnant. Quand je parle à mon fils et que je l’appelle « mon petit homme », jamais je n’oserais dire « ma petite femme » à une fillette. Et pourtant… c’est l’équivalent, non? Est-ce que cela veut dire que le petit garçon est déjà vu comme un homme miniature, mais que la fillette reste elle, petite plus longtemps avant qu'on puisse la qualifier de « femme »?

17 octobre 2012

Vers l'Islande

Islande de POtographeAprès six mois de retard, la première étape du doctorat est terminée : la scolarité. Tous mes cours sont complétés. J’en suis heureuse et, en même temps, un peu triste. Parce que je n’aurai plus de classes pendant au moins trois ans. Parce que je n’en aurai probablement plus, tout court.

Quoiqu’il en soit, je prépare déjà la quatrième étape : le voyage en Islande. Oui, oui, la quatrième. Si on résume les étapes du doctorat de sociologie, ça ressemblerait à peu près à cela :

1- Scolarité
2- Examen de synthèse (ce que je fais cette session : c’est-à-dire deux questions auxquelles on doit répondre en 50-60 pages, et ensuite justifier avec une consultation orale)
3- Projet de thèse (où l’on développe notre thème et notre projet)
4- Voyage en Islande!!!
D'autres étapes suivront...

Après plusieurs mois de réflexion, j’ai grandement modifié le sujet de mon doctorat. J’étudierai uniquement les pères québécois. Ce qui veut dire que je n’ai plus besoin d’aller en Islande aussi longtemps que je l’avais prévu (4-6 mois). J’étais très stressé de faire un séjour aussi long avec un enfant : les aspects financiers et organisationnels devenaient une montagne de soucis! J’irai faire un stage en Islande pour consulter les chercheurs et les études sur le sujet. Ce qui exige moins de temps et d’argent.

Je suis très à l’aise avec ce changement. Pour ma maîtrise, je retournais au Japon, un terrain connu. Mais l’Islande est toute nouvelle pour moi. Rien ne dit que je n’y retournerai pas ensuite. Mais je commencerai par un séjour plus court.

Le départ est donc prévu à la fin du mois d’août 2013, avec un retour à la fin septembre. L’appartement est déjà loué : il semble très mignon, à distance de marche du centre-ville et de l’université. De l’océan déchaîné aussi, ce qui me plaît beaucoup.

Évidemment, nous en profiterons pour visiter le pays, mais avec un enfant de deux ans et demi, nous n’irons pas camper au milieu d’un glacier non plus! Mais je ne m’inquiète pas : je verrai sûrement plusieurs beautés naturelles pendant ce voyage. Je vous invite à jeter un coup d’œil à ce blogue, tenu par un journaliste du Soleil, qui propose de magnifiques photos.
Et voici son reportage, tout à fait intéressant.

J’ai déjà commencé à apprendre l’islandais, langue oh combien! dépaysante! Je crois que Léo est meilleur que moi : il arrive à dire « oui » en islandais (yaou) avant de le dire en français… Ah les bébés!

Ce que j’aimerais de ce voyage? De travailler avec des chercheurs inspirants, d’être impressionnée par la grandeur de la nature et aussi de développer des relations amicales avec des Islandais… Je sais, je sais, c’est beaucoup pour un mois. Rien n’empêche de rêver! :)

11 septembre 2012

Couverture et notes

J’adore mon éditeur parce qu’il est très ouvert à mes demandes. Comme la couverture de mon dernier livre ou les notes de bas de page…

Couverture

C’est une de mes amies de Kyoto qui a généreusement accepté de me laisser utiliser sa photo pour illustrer Le pari impossible des Japonaises. Il me semblait important que la Japonaise représentant un sujet si difficile ait un visage souriant. Parce que lorsqu’on lit mon livre, on peut en arriver à se dire que la situation est terrible et que la vie doit être infiniment triste au Japon. Or la réalité n’est pas uniquement constituée du désir d’enfant. La vie est complexe et l’être humain infiniment adaptable. Évidemment, la situation de la femme japonaise n’est pas facile. Les Japonaises ont leurs joies et leurs peines. Leurs regrets aussi sans doute. Mais elles apprennent à vivre avec leur réalité.

Akiko, la dame sur la photo, me disait qu’elle trouvait cela très drôle de figurer sur un livre qu’elle ne peut pas lire, étant donné la barrière de la langue. Et que c’était très émouvant de penser que son visage souriant allait se promener entre les rayons des bibliothèques, les coins des pianos ou les passagers d’un autobus. C’est en effet toute une histoire qui l’aura menée jusqu’au bout du monde!

Notes de bas de page

Même si je savais que ça prendrait beaucoup plus de place, j’avais fait la demande que toutes les citations originales soient disponibles en notes de bas de page. Que les extraits des entrevues soient imprimés en japonais pour ceux qui peuvent le lire, que les citations anglaises des chercheurs soient intégralement transcrites. Je l’ai fait pour deux raisons.

D’abord parce que j’ai un respect infini pour la langue originale. Je crois que, si les mots sont traduisibles, il peut arriver que les concepts le soient moins. Lire le texte original permet parfois de comprendre un deuxième sens impossible à transmettre en traduction. Ceux qui lisent le japonais pourront donc lire les vrais mots des Japonaises rencontrées. Ceux qui lisent l’anglais pourront aussi constater qu’il arrive que les chercheurs japonais qui écrivent en anglais fassent des erreurs…que je n’ai pas reproduites lorsque j’ai traduit le tout en français! ;)

Ensuite, j’ai aussi un énorme respect pour les unilingues français. Alors que dans ma maîtrise les citations anglaises étaient laissées telles quelles, pour un livre, je tenais à ce que la lecture en français soit possible d’un bout à l’autre. Parce que j’ai longtemps été unilingue moi-même et j’ai longtemps regretté de manquer des morceaux d’information en anglais, ce qui me semblait injuste puisque je lisais justement un livre en français pour éviter de vivre cette gêne.

Alors, chers lecteurs, sachez que ni l’anglais ni le japonais ne sont nécessaires pour lire mon livre. Mais si vous les connaissez, vous pourrez lire les notes de bas de page où les citations figurent en langue originale. Un grand merci à mon éditeur pour cette ouverture!

28 août 2012

Invitation à mon lancement

LancementDans une semaine aura lieu le lancement de mon prochain livre Le pari impossible des Japonaises, publié aux éditions du Septentrion. Il me fait plaisir de vous inviter à cette soirée toute spéciale où je ferai une conférence et nous pourrons nous régaler de thés et de mochis, une gracieuseté de Sebz thé et lounge.

L'événement aura lieu au Musée de la Civilisation de Québec, le mercredi 5 septembre, de 17h à 19h. Vous êtes tous les bienvenus! Vous pouvez arriver un peu avant et en profiter pour visiter la superbe exposition Samouraï, si ça vous dit de faire une soirée "full Japon".

Finalement, je vous mets également en lien une entrevue que j'ai faite à la radio avec Serge Bouchard, et qui fut vraiment agréable. Si vous ne pouvez être présent au lancement, ça vous donnera un aperçu de mes livres!

15 août 2012

L'éducation des Asiatiques

La campagne électorale au Québec est pleine de rebondissements et de déclarations "chaudes". On parle de poids sans en parler, du salaire des femmes qui se contentent de peu, de crucifix et de vrai-faux Québécois et même, à ma grande surprise, des Asiatiques où le taux de décrochage est absent et où les enfants travaillent fort à l'école!

Étonnante déclaration. Qui passe par-dessus des réalités "asiatiques" moins enviables.

Le Japon par exemple, un pays qui me tient à cœur, possède le malheureux record mondial des taux de suicide. La pression commence jeune et elle se poursuit jusqu'à l'entrée à l'université, comme on peut le lire dans cet article de mon entrevue avec un journaliste du Soleil:
Le système d'éducation japonais a des effets pervers

Il existe au Japon des termes qui ne sont pas traduisibles parce qu'ils parlent d'une réalité quasi-inexistante ici. Ces phénomènes sont reliés, du moins partiellement, à la pression qu'on met sur l'enfant pour qu'il réussisse à l'école.

La kyoiku-mama: c'est une mère qui attache tellement d'importance à la réussite de son enfant que s'il ne réussit pas comme elle l'espérait, le pauvre s'imagine qu'elle ne l'aime plus. Avec des conséquences malheureuses, évidemment.

Le hikikomori: au Japon, on parle de 230 000 enfants qui s'enferment dans leur chambre pour ne plus en sortir. Ils refusent d'aller à l'école, de discuter avec leurs parents, ils s'isolent complètement dans un monde de jeux vidéos/mangas/animés...pendant quelques années. S'il y a peu de décrochage scolaire au Japon, le hikikomori en est une forme très triste qui désarme les parents.

Le freeter: un jeune qui n'a pas réussi ses examens d'entrée à l'université, ou qui sort d'une université peu reconnue et n'arrivent pas à se trouver un poste. Il accepte alors des petits contrats, qui se succèdent. Il arrivera difficilement à se sortir de ce cercle vicieux puisque les entreprises engagent principalement des jeunes finissants.

L'herbivore: un jeune homme qui vit chez ses parents et qui a un emploi. Il est particulièrement attaché à sa mère (une ex-kyoiku-maman?) et ne manifeste aucune intention de se chercher une copine (bref d'être "carnivore") et de fonder une famille.

Finalement, je rappellerai deux choses en rapport avec l'éducation japonaise.

1. Jusqu'à son entrée à l'université, la plupart des écoles interdisent à leurs élèves de travailler, même à temps partiel. Les jeunes Japonais ne travaillent donc pas, même l'été. Ils étudient, ce qui veut dire qu'ils se consacrent uniquement à cela. Ce modèle-là, j'ai l'impression qu'il va à l'envers de ce que nos politiciens souhaitent...

2. Dans mon livre Le pari impossible des Japonaises, j'identifie les coûts de l'éducation comme un des trois obstacles au désir d'avoir un enfant. Ça coûte tellement cher d'éduquer un enfant qu'on ne peut plus en avoir... Ce n'est pas une situation qu'on veut importer ici.

Alors, importer le modèle asiatique au Québec? C'est un pensez-y-bien.

16 juillet 2012

Projet Islande

ReykjavikLe problème avec un blogue de voyage, c’est quand on ne voyage pas. Le blogue semble mort et rien ne s’y passe. Et pourtant, pendant ce grand silence, on prépare le voyage, une activité qui exige beaucoup de temps, d’économies et d’énergie. Surtout quand c’est un voyage d’envergure… Cette fois, je vise l’Islande!

Où?> L’Islande est mon terrain de recherche. J’y vais donc pour les études… Mais tant qu’à y être, pourquoi ne pas allonger le voyage pour en faire une expérience de vie? Pour l’instant, il est donc prévu que j’aille en Islande, accompagnée de Mari-gentil et de Bébé-aventurier. Bien sûr, rien n’est coulé dans le béton. Les choses pourront changer, selon différents facteurs (santé, budget, calendrier, cheminement des études, etc.)

Quand?> Ce n’est pas encore clair. Soit en automne 2013, soit au printemps 2014. Ça dépendra un peu d’où j’en suis dans mes études et des disponibilités de Philippe.

Pourquoi?> AH! Après une maîtrise sur le Japon, je me fais souvent demander pourquoi l’Islande? Quel est le rapport entre ces deux pays? Parce qu’il y en a un, évidemment! En faisant ma recherche sur les mères japonaises, j’ai réalisé que le peu d’implication des pères avait un impact sur la motivation à avoir plusieurs enfants. On parle de plus en plus de conciliation travail-famille pour encourager les couples qui jugent le travail incompatible avec la venue d’un enfant. Or, au Japon, le partage inégal des tâches rend cette conciliation extrêmement difficile et fort peu de femmes peuvent ou veulent reprendre un travail régulier après l’arrivée d’un enfant.

Dans une étude où l’on comparait plusieurs pays, l’Islande était citée en exemple comme LE pays où le congé paternel était le plus long (3 mois) et le mieux rémunéré (75 % du salaire), depuis 2001. Ça a attiré mon attention. Est-ce que ce congé a fonctionné? Avant ce programme, le nombre total de journées de congé parental utilisé par les pères islandais n’était que de 3,3 %. L’année suivante, les statistiques ont fait des bonds énormes: 90 % des pères ont pris tous les jours auxquels ils avaient droit. Dans ce pays, on a donc réussi à inverser la tendance et à impliquer les pères de façon beaucoup plus intensive.

Quant au Québec, nous avons un fort beau programme paternel : cinq semaines à 75 % du salaire. Et il marche bien: en 2010, 73 % des pères l’avaient utilisé.

ReykjavikPis?> Qu’est-ce que ça donne des pères plus impliqués dans leur famille? Il semblerait qu’un père présent au début de la vie de son nourrisson aura tendance à l’être également plus tard, à diminuer ses heures supplémentaires au boulot par exemple. En plus, d’après l’OCDE, l’implication des pères est non seulement essentielle au bien-être de la famille, mais elle a un impact sur la perception des entreprises quant aux employées féminines et à l’inégalité des salaires: « Tant que ce sont les mères, plutôt que les pères, qui réduiront leur temps de travail pour s’occuper des enfants et qui utiliseront les droits aux congés parentaux, il y aura forcément des employeurs qui considéreront que les femmes s’impliquent moins dans leur travail que les hommes […] » (Bébés et employeurs, OCDE, 2007).

C’est donc absolument important pour la famille, mais aussi pour l’égalité entre les sexes, à la maison et au travail. Si l’égalité se fait vraiment dans nos sociétés et qu’on parcourt le bout de chemin qu’il reste pour y parvenir, je crois que cela viendra probablement grâce aux hommes.

Et puis, après avoir étudié les mamans, j’ai appliqué ce principe d’égalité : je ne pouvais m’abstenir d’étudier les papas! ;)