19 août 2011

La Grande-Entrée et ses vagues extrêmes, Îles-de-la-Madeleine

Ile BoudreauQuand nous sommes partis vers les îles les plus éloignées de Cap-aux-Meules, ce matin, j'avais des papillons dans l'estomac. Je savais qu'après avoir traversé Havre-aux-Maisons, la Pointe-aux-Loups et Grosse-Île, j'arriverais sur Grande-Entrée, où nous attendait un sport extrême... Mais avant de se diriger vers l'Auberge Salicorne, qui offrait cette sortie spéciale, nous avons visité le bout du bout des îles: l'île Boudreau, qui n'est pas une île, mais une presqu'île.

Pour s'y rendre, on s'est un peu perdus dans un chemin de terre où seul des 4X4 pouvaient rouler. Heureusement qu'on l'a compris à temps! De retour au bon endroit, la marche vers l'île Boudreau s'amorce dans le sable, passe par les marais et se termine tout près de falaises rouges. Il faut suivre le chemin pour éviter l'érosion du grès fragile. Quelle vue quand on arrive à proximité de cette pointe qui s'allonge dans la mer! Magnifique! Et si peu de gens la visitent...

Iles-de-la-MadeleineSport extrême, je disais, alors sport extrême, nous y allons... Nous avions réservé une activité de « flottaison dans les caverses », mais le vent étant fort, cette activité s'appelait maintenant « vagues extrêmes »... On nous passe une combinaison isothermique (wetsuit) de 7 mm d'épaisseur (comme les plongeurs), puis une veste de sauvetage, un casque bien solide et on nous amène dans la mer... On saute de petites falaises et on se fait envoyer sur les rochers enduits d'algues par les vagues pour faire un genre de glissade « à l'envers » (on monte la glissade grâce à la force de l'eau).

Ils disent qu'on doit savoir nager... De la foutaise! Avec cette combinaison, même si vous savez nager, vous ne pourrez pas faire grand mouvements. Je vous conseille plutôt d'être en forme et d'être assez fort. Vous nagerez mieux que moi qui ait été sauveteuse.

Phare Le-Moine-Qui-PrieJ'ai voulu, moi aussi, terminer la sortie en grimpant le cap pour faire un saut de quelques pieds... Pour se faire, je devais m'en approcher, puis m'agripper à la roche quand la vague m'y amenait. Pas capable pantoute... Après cinq tentatives (à chaque fois je devais revenir aux rochers, à contre-vagues!), j'ai bu la tasse de ma vie avec une grosse vague qui m'a roulée pendant un bon dix secondes et trainée sur quelques mètres. J'étais à la fois soulagée et honteuse quand un guide s'est jeté à l'eau pour me « coacher », tandis qu'un autre m'attendait sur le roc pour me tendre la main. J'étais tellement fatiguée que lorsque je suis enfin montée et qu'il m'a dit: « Plie le genou et mets-le ici », j'avais à peine l'énergie pour plier mon articulation avec ce maudit wetsuit trempé et très très lourd...

Mais malgré ma présentation de « sport extrême » et de mes petites aventures, c'est une activité sécuritaire et bien organisée. En plus de la combinaison enveloppante (et encombrante), les trois guides testent tous les lieux où ils nous amènent et ils restent près du groupe. C'est bien intéressant si vous voulez nager dans les vagues entourant les Iles-de-la-Madeleine.

Iles-de-la-MadeleineNous étions bien évidemment fatigués après cette sortie. Alors nous avons choisi une dernière soirée de simplicité: arrêt à la Fromagerie Le Pied de vent pour acheter du Tomme des Demoiselles à pâte molle, puis à la boulangerie Madelon pour une baguette de pain et du jambon. Puis nous nous sommes rendus sur le chemin de la Grave, complètement à l'autre bout des îles, près de la plage où nous avons regardé le soleil se coucher en mangeant nos baguettes sandwich. Magique.

Notre voyage aux Iles fut magnifique, trop court certainement. Nous y reviendrons, c'est certain. Et cette fois-là, pour plus longtemps.

18 août 2011

L'île d'Entrée, Îles-de-la-Madeleine

Iles de la MadeleineCe matin, après un petit déjeuner où nous avons pris le temps de jaser avec des gens qui habitent également l'auberge, nous sommes partis vers le port de Cap-aux-Meules. C'est là que sont amarrés les bateaux de pêcheurs, que les traversiers de Souris et de Montréal/Québec accostent. Et c'est de là que partait notre petit zodiac en direction de l'île d'Entrée, la seule qui n'est pas reliée aux autres.

Une demi-heure de vent sud-ouest, de vagues fort agréables pour nous, mais un peu trop fortes pour d'autres. Beaucoup d'éclaboussures, de plaisir et de rires.

Iles de la MadeleineAvec notre capitaine Marco, nous avons fait le tour de l'île d'Entrée et nous avons pu comprendre un peu mieux la formation des Iles-de-la-Madeleine. En fait, ces iles sont posées sur sept pics de sel qui remontent depuis le fond marin. Par dessus le sel, qui forme la base de toutes les iles, se trouve du grès rouge (qui donne de superbes paysages, mais est une matière friable) et des roches volcaniques (de couleur grise et plus solides) qui vient d'un temps où les volcans entourant ces terres ont laissé beaucoup de matières. Les iles sont donc toutes divisées en deux: du grès rouge et de la roche grise. Maintenant que nous le savons, nous sommes capables de voir cette coupure, facilement observable quand on fait le tour en bateau de l'île d'Entrée ou quand nous sommes revenus sur l'île de Cap-aux-Meules.

L'île d'Entrée, c'est une centaine d'anglophones d'origine irlandaise et écossaise, qui vivent sur des collines presque uniquement couvertes d'herbes. Un traversier s'y rend jusqu'aux glaces, puis ensuite un petit avion prend le relais en hiver. Il y a une école anglaise où les enfants peuvent étudier jusqu'en 8e année. Ensuite, ils doivent venir en pensionnat sur les autres îles pour terminer le secondaire.

Iles de la MadeleineDes animaux vivent au milieu des collines, qui est leur vaste pâturage. Vaches et chevaux nous regardent monter la Big Hill, le point le plus élevé des Îles-de-la-Madeleine, avec 175 mètres. Un cheval nous a même suivi pendant un moment, espérant que nous aurions un second trognon de pomme à lui offrir... Les vaches, quant à elles, aime l'herbe salée du bord des falaises et elles s'avancent très près, beaucoup plus près qu'il est sécuritaire de le faire! Il arrive parfois qu'un bord s'écroule et on voit les traces d'éboulis quand on fait le tour en bateau.

De la Big Hill, la vue est magnifique. On peut voir le grand C formé par les Îles-de-la-Madeleine. Le vent souffle fort, toute l'Île d'Entrée est d'un vert tendre, c'est très apaisant. Nous avons vraiment apprécié notre balade dans cette « petite Irlande ».

De retour à Cap-aux-Meules, nous avons roulé vers l'Étand-du-Nord où nous avons bu un thé au salon Le Flâneur, un endroit bien charmant et fort bien situé, juste devant les quais. Non loin de là, une dame nous avait parlé d'une petite plage, au bout du chemin Delaney. Philippe s'y est baigné, mais l'eau était froide et il y avait quelques méduses. Un Madelinot venu en promenade avec ses deux chiens sympathiques a pris le temps de jaser avec nous. Nous avons ainsi appris que ce n'était pas un très bon endroit pour la baignade à cause des nombreuses carcasses de bateaux tout près (raison très extraordinaire pour nous!) On a parlé musique et chansons, les îles étant un endroit privilégié pour les musiciens. Il a réussi à nous donner le goût: la prochaine fois on apporte la guitare et on s'installe pour chanter quelques pièces de Yume. On prévoit déjà notre prochain voyage!

17 août 2011

Plages et vent, Îles-de-la-Madeleine

Iles de la MadeleineQuelle belle journée nous avons passé! Malgré la fatigue de ce matin après cette courte nuit, nous avons eu le plaisir de voir le ciel se dégager ce matin et le soleil réchauffer la matinée.

Nous sommes partis avec la voiture vers l'île du Havre-Aubert. Nous n'avons pu nous empêcher de s'arrêter en chemin, pour marcher sur la plage de la Martinique. On en a profité pour déguster un muffin et un pain au chocolat que nous avions acheté à la boulangerie Fleur-de-sable. C'était tellement beau! Que serait une vie ici? Nous nous sommes surpris à l'imaginer en laissant la mer caresser nos pieds et le vent fouetter notre énergie.

Iles de la MadeleineÀ Havre-Aubert, nous avons fait une visite aux Artisans du sable, un économusée fort intéressant qui présente les multiples usages du sable des îles. Ils vendent des objets fort intéressants. Juste un peu plus loin, on peut flâner sur le chemin de la Grave, où l'on trouve de nombreuses boutiques. Peut-être que j'ai un préjugé, mais j'ai souvent l'impression que les lieux touristiques avec de petits magasins de souvenirs présentent pas les mêmes objets faits en Chine. Ce n'était pas le cas! Bien au contraire! Quelle heureuse surprise! On trouve un peu de tout, des vêtements, objets d'art et bijoux faits par des artisans locaux. Très intéressant. Les Îles-de-la-Madeleine sont un endroit béni des artistes et artisans.

Iles de la MadeleinePour terminer cette dernière visite de l'île du Havre-Aubert, nous avons escaladé les buttes surnommé Les Demoiselles. Le chemin vers le sommet est court, facile d'accès. La vue est magnifique, mais c'est souvent le cas aux îles.

Nous avons fait le trajet de retour en passant par le Bassin, ce qui nous permet de voir le côté plus boisé de l'île. En effet, les arbres sont certainement ce qui manque le plus aux Iles-de-la-Madeleine, particulièrement les feuillus. Pour l'instant, seuls 18 % de la surface est constituée de forêt (surtout des conifères). Mais chaque année, on plante quelques dizaines de milliers d'arbres pour reboiser les îles. On dit que lorsque Jacques Cartier s'y est arrêté en 1534, toutes les Îles-de-la-Madeleine étaient couvertes d'arbres jusqu'aux bords des falaises. C'est fort différent aujourd'hui.

Pour finir, nous voulions voir une plage du côté nord. Sur le chemin de la plage de l'hôpital, on s'est arrêté à l'herboristerie l'Anse aux vents où j'ai acheté de l'huile d'olive parfumée à la tomate. Ils offrent des mélanges d'épices et une huile à base de homard qui parfume très bien les plats, je n'ai pas de doute!

Iles de la MadeleineEn arrivant à la plage du nord, le vent soufflait très fort et les vents étaient violentes. Fort peu de gens s'y prélassaient et encore moins osaient y mettre le pied. Nous nous sommes contentés de marcher en regardant les trois personnes moins saines d'esprit qui faisaient du kite-surf sur de puissants courants marins... Enfin.

Un voyage aux îles sans manger à la Factrie (l'usine à poisson de la compagnie Cap-sur-Mer) n'est pas un voyage. Au deuxième étage de l'usine, une grande cafétéria vous offre le poisson à toutes les sauces, le homard près de son beurre à l'ail, le pot-en-pot (pâté de fruits de mer). C'est très populaire, il y avait beaucoup de monde! Et j'y ai même retrouvé une amie qui visitait aussi les îles, tout à fait par hasard. C'est vraiment LA PLACE du poisson frais. :)

16 août 2011

Double départ

Arrivée aux Iles-de-la-MadeleineL'avion était prévu à 10h20. Il a décollé à l'heure prévue, direction Havre-aux-Maisons, aux Iles-de-la-Madeleine. Après une heure trente de vol, notre descente presque à sa fin, je vois apparaître les côtes de l'île, les petites maisons qui surgissent au milieu de la brume... Puis tout à coup, nous remontons vers les nuages et tout disparaît... Mais où allons-nous?

L'agente de bord nous annonce que nous allons atterrir à Charlottetown, à l'Ile-du-Prince-Édouard. À cause du plafond très limité aux Iles (il n'était que de 200 pieds à ce moment-là), il est impossible de se poser. Le plafond minimal pour une bonne visibilité sur la piste est de 450 pieds.

Trente minutes plus tard, nous voilà à Charlottetown. L'avion s'est posé, mais il est interdit de poser le pied sur le sol de la province. L'escalier du petit Dash 8 est descendu pour permettre à l'air de rafraîchir légèrement les 50 personnes qui patientent à l'intérieur, mais ce n'est pas très efficace. Il fait chaud. C'est l'heure du diner, nous avons tous faim. Mais il faut attendre la décision d'Air Canada qui décide...de nous renvoyer à Québec.

La raison officielle est que les conditions météo ne s'amélioreront pas avant la nuit. Mais ce n'est pas tout à fait vrai. À 16h, le plafond était déjà suffisant pour se poser aux Iles et les conditions n'ont cessé de s'améliorer, comme me l'avait indiqué un spécialiste de l'aviation avec qui j'ai discuté.

La raison véritable est que la compagnie aérienne a besoin de l'avion, qui devait normalement repartir des Iles en après-midi et refaire un autre vol en soirée. Les passagers qui n'ont pu se rendre pourront remplir les places vides des autres vols, c'est tout...

À 16h, nous étions donc de retour à Québec sans avoir diner. Le temps de réserver des billets sur les quelques places disponibles en soirée et on va casser la croûte. Notre vol est à 19h20. Nous arrivons à 23h, heure des Maritimes...

Le temps est clair avec un peu de bruine, l'air sent le sel quand nous sortons de l'avion. Enfin, nous sommes rendus! À l'auberge où nous logeons, notre hôte avait préparé quelques sushis de nuit pour nous rassasier. et puis! hop! petit dodo bien mérité.

Sur ce, je vous laisse, car la journée est commencée et le soleil m'appelle dehors. À bientôt!

04 août 2011

Entretenir un rêve

Bateau sur le fleuveC’était avant Internet. Avant l’information facile, à portée du bout des doigts.

C’est la fin du mois de mai. J’ai 14 ans. J’ouvre mon bottin téléphonique et je compose le premier numéro sur la liste. Celui de la Colombie-Britannique, puis de la Saskatchewan, de la Nouvelle-Écosse… Maintenant que je suis un peu plus âgée, j’imagine la réaction des employés devant cette jeune fille qui leur demandait d’envoyer un guide touristique de leur province. Ils devaient bien se douter que je ne partirais pas en voyage cet été-là, mais ils se prêtaient au jeu et m’envoyaient la documentation.

Et je surveillais la poste. La boite aux lettres était juste devant la fenêtre de ma chambre. Chaque matin de grandes vacances, vers 8h30, c’est moi qui prenais la clé de la poste et courais vider le contenu. J’avais six correspondantes, un ou deux magazines, des factures pour les parents et, un jour, je commençais à recevoir les guides demandés un peu partout au Canada, parfois à grand peine, car dans certaines provinces, je devais utiliser l’anglais. Dans ces cas-là, l’enveloppe arrivait toujours un peu en retard car l’adresse avait été mal comprise. Et mon nom avait souvent des graphies très originales…

Chaque année, c’était la même chose. Chaque année, je faisais livrer à la maison des dizaines de rêves pour mon futur. Des guides qui contenaient des photos magnifiques, les meilleurs hôtels, des suggestions d’activités. Je me rappelle que l’Ontario avait été généreuse : j’avais même reçu des signets. Mais les plus beaux guides étaient toujours ceux des Maritimes : l’Ile-du-Cap-Breton, le Labrador, la baie de Fundy. Une année, l’Ile-du-Prince-Édouard m’a même fait parvenir une vidéocassette en français! Le pays d’Anne me fascinait depuis si longtemps…

Pour le Québec, c’était un peu différent. Chaque région avait son guide. Je n’osais demander tous les guides à l’employé, alors je variais les régions d’année en année. Quand je suis partie à Sherbrooke pour les études, je me souviens avoir retrouvé celui des Cantons-de-l’Est et l’avoir annoté.

Avant Internet. Je suis assez âgée pour avoir vécu ça. Et je me souviens de ces moments avec plaisir. J’avais classé toutes les cartes provinciales ensemble et tous les guides se côtoyaient. Je me rappelle encore du toucher de leurs pages, de l’odeur de l’encre.

Dans moins de deux semaines, je visiterai pour la première fois les Iles-de-la-Madeleine. Tout à l’heure, je vais faire quelque chose que je n’ai pas fait depuis quinze ans : téléphoner à l’Association touristique pour me faire livrer un guide. Mais cette fois, je sais que ce ne sera pas uniquement pour entretenir un rêve.