15 décembre 2013

Le sentier de neige - Yuki no michi

Noël arrive à grands pas et la neige est abondante. Pour souligner l'événement, j'ai préparé avec Philippe une version de la très jolie chanson Le sentier de neige en y ajoutant deux couplets en japonais. Vous pouvez télécharger la chanson gratuitement ici.

Je n'ai pu m'empêcher d'ajouter de belles images d'hiver en utilisant une version courte de la chanson. Joyeuses Fêtes!

14 novembre 2013

Les femmes de Playmobil 123

Cher Playmobil,

Je vous adore. Depuis qu’on a offert en cadeau à Léo les premiers Playmobil 1 2 3, sa collection ne cesse d’augmenter. Je suis devenue fan de vos jouets solides, facilement manipulables, souriants et bien conçus pour les petites mains des bambins. Et comme ils ne sont pas faits en Chine, j’ai aussi l’impression de poser un geste responsable. Par chance que Léo les aime autant que moi!

Mais après les fleurs, voici le pot. Cher Playmobil, je dois avouer que je m’interroge de plus en plus sur le rôle des femmes de vos petits jouets. À force de jouer et de rejouer avec vos personnages, j’ai répertorié les différentes fonctions selon les genres.

Playmobil 123 femmesOn trouve la femme dans les rôles de:
- maman
- fermière
- jockey
- princesse
- passagère du train, de l’autobus et de l’avion





Playmobil 123 hommesTandis que l’homme est représenté comme:
- papa
- fermier
- chevalier
- gardien de zoo
- matelot
- garde-côte
- pompier
- astronaute
- cheminot
- pilote de course
- pilote d’avion
- photographe
- conducteur de moto, de tracteur, de camion poubelle, d’autobus

C’est évident: l’homme a plus de choix. En fait, dans vos jouets, le monsieur a une dizaine de choix supplémentaires. Sans oublier que les fonctions qu’il exerce sont souvent celles du chef: le pompier, le gardien, l’astronaute, le pilote d’avion accompagné de sa passagère, le cheminot aussi…

Avec le temps, et l’accumulation de jouets, cette représentation inégale m’a mise mal à l’aise. Heureusement, je suis créative. J’ai fait croire à Léo que le conducteur de moto était une femme: après tout, elle a les cheveux courts, n’est-ce pas? À deux ans et demi, il me croit encore. J'ai même jeté les boites avant de lui offrir la jockey au volant du camion. La technique a fonctionné: pour Léo, les femmes peuvent maintenant conduire de grosses machines...

Playmobil 5334Pourtant, je sais que vous êtes attentifs à cela et que vous osez briser la tradition à l’occasion. En Islande, on m’a montré un Playmobil pour les 4-10 ans où le papa s’occupe seul de son nouveau-né. Je me suis empressée de l’acheter. Car si un jouet montre une telle situation, c’est que dans les esprits, l’idée que les pères sont capables de s’occuper de leur bébé est bien présente! Et c’est tant mieux!

Je ne demande même pas que chaque personnage soit dédoublé avec sa version féminine. Le garde-côte peut rester masculin si vous voulez. Mais l’astronaute pourrait être féminine. Le conducteur de l’autobus pourrait être un monsieur, mais la conductrice de tracteur pourrait avoir les cheveux longs sous son casque de construction. Juste pour que, dans l’ensemble des jouets, on retrouve autant de femmes avec des fonctions diverses que d’hommes.

Parce que, vous savez, les femmes peuvent faire à peu près ce qu’elles veulent aujourd’hui. L’éventail ne se limite plus à être princesse, maman ou fermière. Et elles tiennent souvent les cordons de la bourse… Celle qui contient l’argent pour acheter vos magnifiques jouets.

Pensez-y.

30 octobre 2013

Le changement d’heure : résultats de la pétition

En mars dernier, juste avant le changement d’heure, j’ai eu la surprise de voir les médias s’intéresser à ma pétition mise en ligne sur le site de l’Assemblée nationale et qui visait à abolir ce jeu de yoyo bisannuel. En résumé, je demandais à ce qu’on s’interroge sur notre habitude de changer l’heure deux fois par année. Quels avantages avions-nous encore à y gagner? Et les désavantages d’un tel changement d’horaire étaient-ils importants?

J’avais même créé un site web où on trouvait l’historique du changement d’heure, les études sur la question, les pays qui ne le changeaient plus… Quant à savoir quelle heure il faudrait garder (heure normale ou heure d’été à l’année), j’écrivais sur l’une des pages du site qu’« il y a probablement plus de points positifs à garder l'heure d'été à l'année ». D’un point de vue économique, d’abord, les impacts d’un « décalage » d’une heure entre Montréal et New York pendant quatre mois par année sont minimaux; et puis, ce serait beaucoup plus agréable d’avoir un peu plus de luminosité en soirée en hiver. Mais la pétition elle-même ne faisait la promotion d’aucune option: je préférais laisser notre gouvernement en décider après avoir étudié le cas spécifique du Québec.

À la veille du prochain changement d’heure (le 3 novembre), je partage avec vous la réponse officielle du gouvernement que je viens de recevoir. La pétition a été déposée le 2 mai, mais un seul mois fut suffisant pour évaluer la pertinence du changement d’heure. Dans une lettre datée du 12 juin, le ministre de la Santé, Réjean Hébert conclut que:

« De façon générale, à la lecture des différentes études qui portent sur la question, on constate que les arguments de nature économique s’opposent à ceux reliés à la santé. Rappelons que c’est pour des raisons économiques que le Québec a harmonisé sa Loi sur le temps légal en novembre 2006.

Que ce soit pour des raisons environnementales, économiques ou de santé, l’état actuel des connaissances ne nous permet pas de démontrer que les avantages reliés à l’abolition du changement d’heure soient suffisamment importants pour compenser les désavantages de le maintenir. D’un point de vue de santé publique, l’état actuel des connaissances scientifiques ne permet donc pas de recommander l’abolition du changement d’heure. »


On donne donc priorité à l’économie sur la santé, ce qui est un argument valable s’il s’appuie sur quelque chose de concret. Mais où sont les études qui montrent les avantages économiques du changement d’heure? Nulle part. La lettre du ministre exprime une opinion basée sur un « état actuel des connaissances » flou et pas très convaincant. Ce qui est moins valable.

8228 personnes ont signé la pétition en mars 2013. Je les remercie, et je remercie aussi tous les autres : ceux qui ont pris deux minutes pour réaliser qu’on pouvait remettre en cause une habitude loin d’être normale. Le but de cette pétition, c’était principalement cela: briser un automatisme et tenter une action, si petite soit-elle.

C’est simple: on arrêtera de changer l’heure quand les États-Unis le décideront pour nous. Ça viendra sans doute un jour. Mais ce que ça dit sur le Québec est un peu gênant…

Bon hiver pareil!

15 octobre 2013

Les thés fabuleux de Taïwan

Taiwan Tea CraftsJ’ai assisté, la semaine dernière, à une conférence fascinante d’un producteur de thé taïwanais. Philip Brook, Québécois d’origine, vit maintenant à Taïwan où il cultive, transforme et vend le thé grâce, entre autres, à son site web Taiwan Tea Crafts. Si vous souhaitez acheter du thé frais aux parfums qui stimulent les papilles, je vous confirme la qualité de ses produits!

Je suis une grande fan des thés taïwanais. J’aime leur diversité, leurs odeurs très fraîches, leurs goûts multiples. Disons qu’une tasse de thé taïwanais, ça ne goûte pas seulement le thé, ça transporte aussi la fleur, la noix, la vanille, le chocolat, le soleil… Bref, ça surprend toujours agréablement!

J’ai aussi un préjugé favorable envers Taïwan. J’ai croisé plusieurs Taïwanaises très sympathiques sur mon chemin, qui se sont empressées de m’expliquer qu’elles n’étaient pas Chinoises et pourquoi… Saviez-vous que la « République de Chine » (le nom officiel de Taïwan) a été fondée en Chine, lorsqu’ils ont réussi à faire tomber la monarchie, au tournant du XXe siècle? Malheureusement pour eux, quelques années plus tard, Mao avait d’autres ambitions pour le pays, et il y a eu plusieurs conflits entre les deux factions, ce qui dégénéra en guerre civile. La « République populaire de Chine » (la Chine communiste de Mao, toujours au pouvoir) gagna la partie. Et les anciens républicains trouvèrent refuge sur l’île de Taïwan en 1949.

Aujourd’hui, la Chine (et la majorité du monde) considèrent que Taïwan fait partie du pays. Deux milles missiles sont pointés sur l’île pour bien s’assurer de sa fidélité. Mais Taïwan se considère indépendante, n’ayant jamais fait partie du groupe communiste de Mao. De facto, elle l’est: le pays est une démocratie depuis 1986, la censure n’est pas pratiquée (les Taïwanais sont les plus connectés à Facebook au monde!), les systèmes économiques et d’éducation sont différents… Même la monnaie n’est pas la même. Aux Olympiques, même si la Chine met de la pression pour que Taïwan soient appelée Chinese Taipei, il reste que d’avoir une délégation distincte est une reconnaissance officieuse. Les Québécois font partie de l’équipe canadienne, tout comme les Catalans de l’équipe espagnole ou les Écossais de l’équipe britannique... Les Taïwanais sont donc plus près d’un statut officiel que le Québec. Mais les tensions sont constantes entre la Chine et Taïwan et très peu de pays (23) reconnaissent officiellement Taïwan.

De Taïwan, je connaissais bien le oolong, particulièrement de hautes montagnes. J’aime ses saveurs de fleurs, l’absence d’amertume. Mais Taïwan produit aussi des thés noirs (fabuleux), du puerh, du thé blanc, du oolong vieilli… Et si le camellia sinensis est la plante à thé la plus connue, avec sa variation indienne le camellia assamica, Taïwan possède un troisième type de plante à thé, confirmé génétiquement en 2009, le camellia formosensis.

Taiwan Tea CraftsLes saveurs d’un thé varient bien sûr d’une année à l’autre, mais également de saisons en saisons. Un thé d’été par exemple n’aura pas le même goût qu’un thé « d’hiver ». Et comme ces appellations font référence au calendrier chinois, les saisons ne sont pas tout à fait aux mêmes dates à Taïwan qu’on le croirait ici! Le début de l’hiver est officiellement à la fin octobre et le début du printemps est facile à retenir: il est marqué par le Nouvel An chinois (fin janvier-début février). Alors qu’on a de la neige par-dessus les oreilles au Québec, on est encore bien loin du « printemps »! :)

Lors de la conférence, on a aussi parlé d’insectes. Pour cultiver le thé, on a longtemps utilisé les pesticides. Avec une population très éduquée qui prend soin de sa santé, les producteurs de thé tentent maintenant d’en limiter l’usage, d’autres s’orientent vers le biologique. Mais il est difficile de cultiver totalement bio quand le voisin utilise les pesticides… On fait aussi usage des insectes… Certains types de thé noir utilisent une technique particulière pour développer un goût de miel: on laisse les pucerons envahir la plante qui se défendra. Et c’est ce changement chimique qui crée le goût recherché…

Une des techniques pour augmenter la production de thé laisse à désirer: on arrose la plante d’un engrais folial, c’est-à-dire que la feuille l’absorbe directement. La plante ne profite donc pas de ce surplus de nutriment, puisque l’engrais arrive par les feuilles et non pas par les racines. Quelques jours plus tard, le producteur recueille les feuilles dont le goût est modifié par l’engrais. C’est avec ces feuilles que sont fabriquées nos poches de thé indien, chinois, taïwanais ou japonais… Ce qui explique la différence de goût (et de qualité).

Une conférence absolument fascinante, qui n’a fait que confirmer mon amour du thé et ma soif de les goûter!

02 octobre 2013

« Le voyage est arrêté »

Au revoir IslandeDepuis vendredi, petit Léo dit : « Le voyage est arrêté. » J’aime bien son choix de mot. Parce qu’un voyage « terminé », c’est un voyage qui est clos. Alors qu’un voyage « arrêté », ça me donne l’image d’une aventure en suspension, au bord du recommencement, en attente. Comme ce film qu’on arrête quelques minutes pour aller se cherche un morceau de chocolat. Ou ce billet de blogue arrêté pour aller préparer un bon thé. :)

Le retour fut difficile, car les compagnies aériennes ne s’entendent pas toujours entre elles, au malheur des clients. « Client » est un bien grand mot, nous devrions sans doute être francs et adopter le mot « marchandise » car les êtres humains à l’intérieur de l’avion ne comptent pas beaucoup plus que les valises.

La durée d’un voyage est très importante. Partir un mois nous a permis d’espacer les moments où l’on redevient des marchandises aériennes, c’est un premier bon point. Ça permet aussi de transformer le voyage en « moment de notre vie », c’est-à-dire qu’on apprend à connaître le quartier, les parcs les plus intéressants, à consacrer des journaux maussades aux tâches ménagères, comme dans toute vie habituelle… On n’a pas à toujours être sur la route, en train de faire une activité hors du commun parce que le temps de nos découvertes est limité. On peut donc choisir, en accord avec la météo, les jours où l’on fera de grandes excursions, ce qui est un avantage dans un pays où la pluie est une habituée.

Et si voyager avec un enfant de deux ans et demi nécessite une plus grande organisation, il faut avouer que notre garçon est un voyageur facile. Il ne dort pas beaucoup, car il préfère regarder et demander ce qui se passe, animé par sa grande curiosité. Mais il trouve quelque chose d’intéressant dans tout, même dans une file d’attente! Ce voyage m’aura aussi permis de constater son intérêt pour les langues. En excursion avec Mikiko, il en a profité pour apprendre quelques mots supplémentaires de japonais…

Oui, le voyage est « arrêté ». Mais l’Islande continue d’emplir mes pensées. Parce que je traite mes photos pour en faire des fonds d'écran, disponibles ici. Parce que je réunis mes nouvelles connaissances pour en faire un livre...

Et j’aimerais bien y retourner, avec un Léo encore plus grand, capable de nous accompagner dans les parcs autour de l’île et de camper avec nous dans les champs de lave. Dans quelques années, peut-être, le voyage se remettra en marche…

Souvenir du voyage: un extrait de notre concert à Reykjav­ík

23 septembre 2013

Snæfellnes, la montagne de neige

Snæfellnessi - merC’est une pointe de terre dominée par son volcan. Un bout de terre créée par d’énormes coulées de lave et des cratères qui surgissent d’un peu partout. Au sommet du volcan de 1500 mètres, un glacier adoucit ses angles, une chape d’un blanc immaculé. Pas surprenant qu’on ait longtemps cru qu’ici les elfes et les trolls qui peuplent l’Islande soient si nombreux. C’est une région magique, et Jules Verne l’avait senti jusqu’à sa lointaine France en faisant du Snæfellnes l’entrée du Voyage au centre de la Terre.

Snæfellnessi - cascadeDe Reykjavík, il faut compter un bon deux heures de route pour y arriver. Et pourtant, par temps clair, on aperçoit le Snæfellnes de la capitale! Mais il faut contourner les fjords de ce pays creusé par la mer. Juste après l’Esja, le mont qui surplombe Reykjavík et les montagnes d’Akranes, on passe sous un fjord grâce à un tunnel de près de six kilomètres. Ses parois de roches irrégulières sont impressionnantes.

SnæfellnesSe rendre admirer un volcan qui dépasse les 1000 mètres, c’est toujours risqué : le sommet est souvent couvert par les nuages. Je me souviens que le mont Fuji ne daignait se montrer que le matin pendant notre séjour dans la région. Mais sachez une chose : la répartition des nuages est souvent inégale. Si le sommet est invisible vu du nord, il peut fort bien apparaître du sud. Ce fut notre cas de la visite : nous avons eu droit à un Snæfellnes dominant tout le paysage lors de notre arrivée, puis au fur et à mesure qu’on le contournait vers le nord, il s’est voilé.

DjupalonssandurQu’importe. Il y avait tant à voir autour de cette péninsule nordique. Entre les petits villages, des champs de lave erratiques se jettent à la mer, prenant des formes étranges. Une petite plage miraculeuse, Djupalonssandur, a servi aux pêcheurs et fait maintenant le bonheur des touristes qui admirent son sable noir et ses parfaits petits galets. Et des cascades se jettent du haut des montagnes à peu près partout, conséquence de la lente fonte du glacier de onze kilomètres carrés.

Stykkishólmur - moutonsLa plus charmante de ces agglomérations est Stykkishólmur, encore plus au nord. En s’y rendant, nous avons rencontré un « embouteillage de moutons » puisque c’est le moment de l’année où les fermiers ramènent les moutons des champs où ils sont libres vers des espaces plus restreints où ils seront triés (parce que les bêtes sont pêle-mêle dans les champs, peu importe le propriétaire). Il y avait donc voiture, chevaux, moutons et membres de toute la famille pour pousser les moutons à suivre la bordure de la route. Nous sommes passés au milieu des bêê-bêê, admirant le travail.

StykkishólmurStykkishólmur, c’est un village de pêcheurs (et de nonnes puisque le couvent catholique emploie de nombreuses personnes !) d’où part un traversier vers la pointe plus nordique de l’Islande. Une colline rocheuse domine le port et elle est accessible aux visiteurs. La vue est très jolie avec la mer tout autour de soi, le village et les montagnes enneigées au loin. Nous avons vraiment apprécié cet endroit paisible. Une belle manière de finir ce voyage dans le Snæfellnessi.

Pour terminer, j'ai tourné un petit vidéo explicatif de cette montagne:

14 septembre 2013

Les Reykjanes, péninsule au sud-ouest de l’Islande

ReykjanesPour un voyage de quatre semaines et demi, avec un enfant, nous avions prévu de faire une seule grande excursion par semaine. Nous avons commencé par le Cercle d’or, puis le Blue Lagoon, et cette semaine, en accord avec la météo, nous voulions visiter le sud de l’Islande. Le plus simple, c’était de louer une voiture. Ce qui ne me réjouissait pas outre mesure, puisqu’une auto, c’est aussi un objet dont il faut prendre soin. Il faut la stationner, la nourrir, la conduire (ce qui est tout de même plus fatigant que de se laisser conduire). Mais cela comporte aussi de grands avantages : on est maîtres de son propre horaire et de son itinéraire. Une amie japonaise a accepté d’embarquer avec nous, ce qui nous a permis de faire un voyage encore plus agréable et de réduire les frais.

KleifarvatnNous sommes donc partis vers le lac Kleifarvatn, profond de 97 mètres. La route pour s’y rendre n’est pas toute asphaltée. Et l’atmosphère des lieux est très étrange : on circule au milieu des montagnes, montant et descendant sur une route bâtie sur un sol volcanique noir, recouvert de mousses vertes. Ce lac bleu qui apparaît entre les montagnes noires et fumantes, agité par un vent violent le jour de notre visite, est fort impressionnant. Seuls au milieu d’un nouveau monde, toujours en création…

SeltunTout près on trouve Seltún, où l’on peut admirer les solfatares, un nouveau mot français que j’ai appris ici : ce sont ces fumées qui s’échappent d’un sol à 100-200 degrés… Le site de Geysir permet d’en admirer de magnifiques, mais Seltún est un site encore plus large, où l’on peut marcher parmi les couleurs créés par le soufre plus longtemps. On entend le bruit de la respiration brûlante de la terre, de la boue qui ronfle, de l’eau qui s’évapore… On marche, littéralement, sur un volcan actif.

Mouton en IslandeLes solfatares de Seltún sont situés dans le village de Krýsuvík. Un panneau discret nous invite à visiter l’ancienne chapelle de Krýsuvík, dont il ne reste que des ruines, puisqu’elle a brûlé en 2010. En fait, il n’y a rien à voir là, sinon faire une belle promenade au milieu des bêê-bêê des véritables habitants du lieu.

C’est l’heure d’un petit repas à Grindavík, dans un restaurant près d’un port de pêche, bien protégé des vagues violentes de l’Atlantique nord. Ça fait drôle de penser que le fameux Blue Lagoon fait partie de cette ville, même si le lagon est situé de l’autre côté des montagnes, éloigné de l’océan.

GunnuhverPlus loin à l’est, on peut visiter un autre champ de solfatares bouillonnantes: Gunnuhver. Ils sont nommés ainsi à cause d’une fantôme agressive Gunna, qui avait envahi la région, voilà 400 ans. Jusqu’à ce qu’un prêtre survienne et l’emprisonne dans le sol. Ce qui explique pourquoi on peut toujours sentir sa fureur : cratères rouges et jaunes, odeur de soufre, usine qui collecte toute cette énergie pour en faire de l’électricité… La région est fertile en chaleur. Et la visite est impressionnante, car les champs sont situés très près de la mer, près du phare des Reykjanes: Reykjanesviti.

ReykjanesvitiIl est possible de s’y rendre à pied. Ce que j’ai proposé, animée par une volonté inébranlable de faire un peu de randonnée. Même si la route de gravier est davantage praticable à pied, puisqu’on peut éviter les trous, avec des vents de 70 km/h et un bébé sur le dos, ce fut quelque chose! Le chemin est entouré de lave figée et de mousses vertes, avec parfois, une vapeur sulfurique qui sort d’entre les fissures du roc… Reykjanesviti est le plus vieux phare d’Islande (1878), au bout de la pointe de la péninsule des Reykjanes.

ReykjanesvitiIl vaut la peine de marcher jusqu’au bout du chemin pour arriver devant les assauts furieux de l’océan. Au loin, on devine l’ile Eldey, le plus important lieu de nidification de 70 000 fous de Bassan. C’est aussi là que fut tué le dernier grand pingouin, qui pouvait atteindre 85 cm, en 1844. Depuis quelques années, une statue de cet oiseau éteint brave les tempêtes de la pointe et garde un œil sur l’île Eldey.

Finalement, le voyage s’est terminé avec le pont qui relie les deux continents. La région étant à l’intersection entre les plaques de l’Amérique et de l’Europe, on a profité d’une petite faille, non loin de l’océan, pour bâtir un pont, assez peu joli. Avouons qu’après avoir vu la plaque européenne s’effondrer, et apercevoir vingt-trois kilomètres plus loin le mur de la plaque américaine, lors de notre visite à Þingvellir, je n’étais pas impressionnée. Surtout que l’être humain étant si petit, j’ai du mal à croire que cette petite fissure est vraiment le lieu de la séparation entre les deux plaques. J’ai plutôt tendance à croire que toute la région entourant ce lieu est la réelle division tectonique: les solfatares de Gunnuhver, le phare Reykjanesviti et le champ de lave alentour. Mais il serait difficile de faire un pont aussi grand…

09 septembre 2013

Le milieu du voyage et attention au Blue Lagoon

Harpa de nuitDéjà deux semaines et quelques jours depuis notre arrivée en Islande. Nous en sommes à la moitié du voyage. Ce qui veut dire qu’on a visité les principaux sites de Reykjavík, qu’on a fait les excursions qui nous tenaient à cœur (Cercle d’or et Blue Lagoon). Sur notre liste, de nombreux items ont été cochés. Plusieurs dont je ne vous ai pas parlés, mais que j’évoquerai peut-être dans d’autres billets.

Le rythme des visites a ralenti: j’ai commencé les cours à l’université la semaine dernière. L’éducation est un monde fascinant : quand on ouvre la boite des connaissances, elle n’a pas de fin. J’ai toujours trouvé étrange que la curiosité soit un défaut dans les mythes de la Grèce antique (la boite de Pandore) ou même dans la description de la féminité d’antan (femme discrète, pieuse, obéissante : j’ai lu ça dans un vieux roman…) Pour moi, c’est une qualité importante, celle que j’ai nommée quand on m’a demandé ce que je souhaitais pour mon enfant : la curiosité. Car la vie n’est jamais ennuyante, elle trouve toujours le moyen de nous émerveiller quand on possède cette richesse.

Lac TjörninÉtonnamment, aujourd’hui j’ai expérimenté le plaisir de communiquer avec plusieurs nationalités en même temps : il y avait des Français, Japonais, Danois, Finnois, Tchèques, Polonais dans mon cours sur la société islandaise. Que c’est étrange de parler japonais un moment, puis de passer au français pour ensuite utiliser l’anglais… Jamais je n’avais vécu avec autant d’intensité l’incroyable sensation d’explorer plusieurs langues. Ça m’encourage à mieux les étudier pour m’améliorer! Mon vieux rêve de parler 9 langues à 90 ans était peut-être un peu exagéré, mais il révèle à quel point j’aime les langues et tout ce qu’elles nous révèlent sur les différentes sociétés qui les utilisent.

Deux choses à mentionner avant de vous quitter. D’abord, notre mini-album « Inspiration » est maintenant disponible sur iTunes! On y a mis des chansons en japonais et en français. Pour 3,96$, voilà un échantillon de nos compositions!

Ensuite, depuis le Blue Lagoon, mes cheveux ressemblent à de la laine d’acier. Et ce n’est pas une blague : la partie qui a subi l’eau salée et pleine de silice du lagon était complètement abîmée. J’ai eu beau les laver, les revitaliser, les traiter… Rien à faire: je ne pouvais même pas passer ma brosse dedans!

Valérie HarveyAvertissement à tous les visiteurs du Blue Lagoon: veuillez attacher les cheveux longs en chignon et éviter de les laisser tremper (un peu, c’est correct, mais pas une heure et demi!) Parce que si le Blue Lagoon est bon pour la peau, il est mortel pour les cheveux. Comme lors mon premier voyage au Japon, je reviendrai donc avec un nouveau look: des cheveux courts. :)

04 septembre 2013

Le Blue Lagoon, symbole de la richesse islandaise

Blue LagoonLe transport pour s’y rendre coûte au minimum 32 dollars. Le billet de la formule « standard » est à 40 dollars. De telles dépenses créent de grandes attentes. Qui ne seront pas déçues. Le Blue Lagoon, un lac artificiel de 200 mètres, rempli d’eau volcanique, est une expérience unique.


Blue LagoonLe chemin qui y mène est celui qui relie l’aéroport de Keflavík et la capitale Reykjavík: un champ de lave au milieu duquel passe une route. C’est assez extraordinaire de contempler ces pierres noires sillonnées de fissures et recouvertes d’une mousse d’un vert tendre. Tout près, la mer bleue; au loin, de jeunes montagnes hachurées.

Le Blue Lagoon est relié à une centrale géothermique qui puise de l’eau bouillante à 2000 mètres sous ces pierres volcaniques. Elle en sort à 240 degrés et fait tourner des turbines qui créent l’électricité dont on ne sait plus que Géothermie - Islandefaire ici. On se sert pour éclairer et chauffer les maisons bien sûr, cultiver les légumes (serres) et les poissons (pisciculture), chauffer les piscines extérieures ouvertes à l’année. Comme l’Islande est une île qui ne peut exporter son surplus d’électricité, elle invite les industries qui consomment beaucoup d’énergie (aluminium, serveurs informatiques) à s’installer ici pour profiter de cette énergie verte.


On se sert aussi de l’eau chaude pour faire fondre la neige sur des trottoirs trois fois plus large que les nôtres! Je l’avoue, je suis jalouse! Ma poussette, qui a tant de mal à se trottiner sur entre les poteaux électriques de ma ville (inexistants en Islande puisque l’électricité est enfouie) et les bacs de poubelle/récupération/compost n’a jamais le moindre problème sur les trottoirs de Reykjavík.

Pierres volcaniquesLorsque l’eau s’est refroidie, elle devient l’eau chaude municipale. Cette eau sent le soufre, une odeur d’œufs pourris sort donc du robinet. De temps à autre, le vent apporte cette odeur sur la ville, vite balayée par les souffles marins. Quand on prend sa douche, on a l’impression que l’eau est « douce », qu’elle laisse un filin sur nous. Elle ternit aussi graduellement mes bagues en argent… L’eau chaude n’est pas dangereuse pour la santé, mais il est préférable de ne pas la consommer. En fait, l’eau froide ne sent rien, ni le soufre, ni le chlore, car c’est de l’eau de source! Elle est donc fabuleuse à boire, telle quelle. Les Islandais en sont très fiers d’ailleurs!

Blue LagoonMais revenons au Blue Lagoon. À deux pas, il y a donc la centrale géothermique de Svartsengi. Elle déverse dans le lac artificiel de l’eau chaude entre 37 et 40 degrés. De grands pans de fumée blanche s’élève de la centrale et du lagon. Cette eau est réputée excellente pour la peau, car elle est chargée de silice, minéraux, sel et algues bleu-vert (d’où la couleur du lagon). Le lagon bleu, c’est donc l’eau rejetée de la centrale… On s’y baigne, on s’y détend, on s’étend de la boue blanche sur le visage et le corps…

Terre d’extrêmes, l’Islande a su transformer l’énergie volcanique en richesses. Le Blue Lagoon, c’est un peu le symbole de l’utilisation ingénieuse qu’en ont fait les Islandais: énergie électrique, eau miraculeuse, spa luxueux…

P.-S. Les enfants y trouvent aussi beaucoup d’agréments. Léo en a fait le tour, pouvant marcher à plusieurs endroits. Il a voulu essayer la boue, la cascade, les petits ponts. C’est aussi agréable pour eux que pour nous. Et la préparation tout comme le départ se passent bien car les vestiaires sont très bien organisés: bracelet à puce, séchoirs et bancs partout, gel douche et revitalisant… Le grand confort, même pour le billet minimum!

31 août 2013

Le Cercle d'or grandiose

Il y avait longtemps que le cadran avait sonné à 6h30 chez nous. Mais ce matin de vacances était un peu spécial: un minibus viendrait bientôt nous chercher pour nous amener vers le Cercle d’or, une série de beautés naturelles islandaises à ne pas manquer. C’est LA chose à faire en Islande, et même si c’est infiniment touristique, ça en vaut le déplacement.

Chute FaxiD’abord, ça fait infiniment de bien de sortir de la capitale. Comme nos pieds sont les seuls agents de déplacement (avec les bus), nous n’avons rien vu d’autres de l’Islande que la ville et les dessins délicats des montagnes environnantes, à travers la brume. Ça faisait du bien de s’approcher enfin de ces monts pour les voir clairement! Et comme il avait neigé la veille dans les hauteurs, le paysage était encore plus fantastique.

Premier arrêt: la « petite » chute de Faxi. C’était notre premier regard sur les rivières sauvages islandaises et nous n’avons pas été déçus! On croyait pourtant que ce n’était que la plaine, mais il y avait une telle merveille cachée dans ses plis…

Geyser StrokkurÉvidemment, il était temps de comparer avec la « grosse » chute, la deuxième plus puissante d’Europe (la première étant dans le nord de l’Islande): Gullfoss. C’est une rivière qui tire ses eaux du glacier Langjökull, qu’on peut admirer au loin. Pour honorer son nom, « les chutes d’or » se sont offertes sous le soleil et n’ont pas manqué de nous mouiller de leurs bouillons. En entrant dans le canyon, le chemin menant vers la chute est bien balisé par des barrières, car, vous le devinez, une chute serait fatale.

Chute GullfossAprès l’eau qui tombe, visitons maintenant l’eau qui monte: le geyser toujours en activité, Strokkur. Le site lui-même abrite l’ancien geyser Geysir (qui a donné son nom au phénomène, c’est un des seuls mots islandais intégrés au français) et d’autres émanations de vapeur. J’ai pu toucher à la terre rouge, près d’une sortie de vapeur: on dirait que la terre respire. La croute terrestre est ici toute mince… Et voir le geyser jaillir du sol après s’être empli d’eau est indescriptible… « De l’eau qui souffle », dit Léo.

AlþingSi nous avons trouvé que les arrêts à Faxi, Gullfoss et Geysir étant suffisamment long, le prochain parc aurait mérité une visite plus attentive. Le parc national de Þingvellir (thingvellir), site mondial de l’UNESCO, est situé exactement entre les plaques tectoniques européenne et américaine qui s’éloignent l’une de l’autre. Au centre de ces sombres falaises, Þingvellir offre un regard sur le plus grand lac d’Islande, le premier parlement du monde Alþing, la chute Öxarárfoss qui ressemble aux chutes Montmorency, des creux rocheux remplis d’une eau cristalline et de quelques plongeurs… Un site exceptionnel qu’on n’a pas eu le temps d’explorer à notre goût… J’y passerais bien une journée complète!

En résumé, le tour qu’on surnomme le Cercle d’or porte bien son nom. C’est la première fois que je comprends vraiment pourquoi les beautés de l’Islande attirent autant les touristes. Ces terres qui fument l’eau, la crache, la roule, la boue fascinent l’œil et l’imaginaire. On y voit la puissance de la planète à la fois lente (glacier, tectonique des plaques) et rapide (chute, volcan, geyser). Inoubliable! Je prépare bientôt des fonds d'écran pour apprécier tout le paysage! À très bientôt!

28 août 2013

Duo cathédrales

HallgrímskirkjaAu Japon, il faut visiter les temples et les sanctuaires. Dans les pays européens, il faut visiter les églises, c’est tout aussi évident! Ce matin, départ vers Hallgrímskirkja, l’édifice qui domine la capitale de ses 73 mètres, juché sur une colline. Cette église luthérienne a été terminée en 1986, près de 38 années après le début de sa construction. Elle abrite un orgue immense et des concerts y sont régulièrement donnés. Le festival de musiques religieuses s’est d’ailleurs terminé une journée avant notre visite.

Je ne saurais dire si l’église de Hallgrímur est jolie. Mais le point de vue vaut le coût. On voit les 360 degrés de Reykjavík, ce qui est intéressant quand on a commencé à découvrir la ville: on aperçoit alors ce qu’on a visité et ce qu’il nous reste à voir. Les cloches de midi se sont mises à sonner quand les nuages se sont écartés et que la vue est devenue splendide, avec une mer très bleue.

Pour se rendre à Hallgrímskirkja, il faut traverser le centre-ville touristique: des centaines de petites boutiques qui vendent souvent la même marchandise. C’est un peu partout pareil, et ce n’est jamais dans mes quartiers préférés. Même si j’y ai trouvé un joli manteau de laine et que je compte me ramener un bijou de lave.

LandakotPendant la sieste du Léo, le soleil s’est définitivement installé. Cela étant assez rare à Reykjavík, je suis donc sortie faire une courte promenade à Landakotskirkja, la cathédrale-basilique du Christ-Roi, la seule d’allégeance catholique en Islande. D’un style néogothique, la cathédrale fut pourtant achevée en 1929. J’ai beaucoup aimé ces pierres beiges et massives, le grand parc très vert qui l’entoure, la petite école primaire toute blanche qui s’y presse. L’église de Landakot est, à mon avis, très belle et cela tient beaucoup à toute cette verdure qui l’entoure. C’est là qu’on voit toute l’importance de l’emballage, même pour les bâtiments… (sur la photo, vous pouvez aussi voir Hallgrímskirkja, à gauche)

HarpaAprès le dodo, nous sommes repartis sur les routes. Il faisait toujours beau, le vent était doux, alors nous sommes allés au bord de la mer, admirer la toute nouvelle salle de concert de la ville, toute en verre. C’est assez extraordinaire. Le bâtiment reste à « emballer », mais sa localisation, tout au bord de la mer, est déjà magnifique. Il reflète le ciel, la mer, la ville d’une manière charmante.

SólfarNous avons marché jusqu’à la sculpture Sólfar, le « Voyageur du soleil », une carcasse de bâteau viking en acier, en route vers le soleil couchant. L’Islande est après tout la terre des Vikings, partis vers l’ouest, l’Amérique qu’ils ont nommée « Vinland », autour de l’an 1000. La saga d’Érik le rouge en fait foi. La journée avait été chargée de découvertes, la soirée fut tranquille. Pour refaire le plein d’énergie, en route vers d’autres aventures…

26 août 2013

Le soleil islandais, juste pour vous

ReykjavikLe temps en Islande est toujours en mouvement. Vous regardez la météo et elle annonce toujours de la pluie. Même la journée où l’icône du soleil apparaît se transformera en petit nuage bientôt. Mais cela ne veut pas dire qu’il pleut tout le temps. Non. La pluie tombera. Puis étonnamment, le soleil vous caressera, alors que tout ce qui vous entoure, les montagnes comme la mer, resteront couvertes de nuages gris. Vous avez alors l’impression d’être une personne privilégiée, exactement au bon endroit, au bon moment, pour profiter de la lumière. Comme si les nuages s’étaient écartés pour vous seule. L’Islande vous fait ce cadeau, régulièrement.

Après une longue journée de voyage et d’attente, nous sommes enfin arrivés et installés dans notre « maison islandaise », comme le dit notre Léo. L’appartement est très éclairé, les fenêtres sont partout, les pièces sont grandes et propres. Le propriétaire a même pensé à sortir des jouets, ce qui fait le bonheur du petit bonhomme, vous imaginez…

ReykjavikHier, pour notre première sortie (à la recherche d’une épicerie!), nous sommes passés juste à côté du vieux cimetière. Notre premier regard sur la grande église qui domine la ville s’est fait par la rue Kirkujudarðsstígur, juste à côté d’un bâtiment orné d’un grand drapeau du Canada! Nous ne savons pas encore ce qu’est cette maison (résidence de l’ambassadeur ou du consul canadien peut-être), mais c’était un premier regard paradoxal!

Après avoir fait quelques achats pour se nourrir, nous sommes revenus à la maison. La nuit fut longue et bienvenue ! Mais la proximité du cercle polaire se fait sentir, car même en cette fin d’août, le soleil s’est couché en même temps que nous: à 21h30…

Ce matin, nous sommes allés au centre commercial Kringlan pour trouver une épicerie qui ne soit pas un « dépanneur piège-à-touristes ». Les centres commerciaux se ressemblent dans plusieurs pays : on y trouve des boutiques connues (Body Shop, Aveda, Domino Pizza), la fameuse marque islandaise de manteaux 66º North (faits en Chine : avez-vous besoin d’autres commentaires à propos de ces doudounes qui coûtent 1000 dollars?) et un grand Hagkaup bien pourvu en fruits et légumes (vendus au kilo, alors tout paraît hors de prix au début!) et autres nécessités pour faire un sauté!

ReykjavikPuis je me suis arrêtée pour une rencontre à l’Université d’Islande avec les deux professeurs. Rencontre brève, qui a servi à prévoir un autre rendez-vous la semaine prochaine. L’université est située juste à côté de l’aéroport régional où des avions voyageant en Islande, au Groenland et aux îles Féroé, atterrissent régulièrement. Le bruit est fort, mais c’est magnifique de voir les pistes tout près de la mer, en bordure de la ville. Cet aéroport a été construit par les Britanniques durant la Seconde Guerre mondiale, parce que le terrain plat était plat. Il reste encore des petites maisons rondes pouvant résister à tous les temps, construit par les soldats…

19 août 2013

Islande : 5 dodos avant le jour J

BagagesLes bagages s’accumulent dans notre chambre. Trois grosses valises pour la soute, deux plus petites qui nous suivront dans l’avion, un sac à dos pour porter Léo lors d’excursions dans les paysages volcaniques islandais, et une poussette pour la ville. J’ai deux listes qui traînent près de mon ordinateur : ce qu’il reste à ajouter à nos bagages et ce qui me reste à faire dans la maison pour accueillir l’ami qui y habitera pendant notre séjour. Dire que nous pourrons à peine nous croiser samedi matin!

Étonnamment, la superbe météo prévue pour cette semaine a facilité la préparation des vêtements : j’ai pu mettre bas, pantalons et chandails à manches longues dans les valises sans crainte de devoir les ressortir avant le départ! Le décalage ne sera pas qu’horaire : nous passerons à une température d’été à un temps d’octobre en quelques heures de vol...

Les professeurs qui étudient les congés parentaux, et tout particulièrement l’implication du père islandais, m’ont déjà contactée : je les rencontre le lendemain de mon arrivée! J’ai aussi mon horaire de cours à l’université : le lundi et le jeudi, j’y serai pour assister aux séances sur la littérature et la société islandaise.

Mais j’ai aussi arpenté les guides touristiques pour préparer une liste des choses à faire, voir et entendre à Reykjavík. Étant donné que nous avons avec nous un enfant de deux ans et demi, nous nous en tiendrons à la région de la capitale et ses environs. Ce qui semble déjà fort intéressant, je vous assure!

De toute façon, je n’avais pas l’intention de tout voir. Parce que pour apprivoiser le pouls d’une ville, il faut aussi avoir des journées pour flâner, décanter les découvertes de la veille... Et vous écrire des billets régulièrement! Le blogue Nomadesse redeviendra donc très actif, j’ai hâte de vous emmener avec moi!

Við sjáumst!
(au revoir)

24 juin 2013

Jardins Quatre-Vents, Charlevoix

Iris et pont japonaisIl est 9h, samedi matin, et nous courrons dans les champs pour rattraper le groupe. Les chevaux soulignent notre passage d’un soupir et nous nous arrêtons essoufflés devant le guide. Nous sommes sur la « Sunset Hill » de La Malbaie, un endroit que tout le monde aperçoit de la ville, mais inaccessible à peu près tous les jours de l’année.

Sauf aujourd’hui. Et trois autres samedis de l’été.

PigeonnierAujourd’hui, nous sommes sur le terrain privé de la maison d’été de M. Cabot. Pour visiter ses jardins, une merveille presque secrète…

Ne vous battez pas, tous les billets sont vendus longtemps d’avance. On réserve au début de l’année, sur le site du Centre écologique de Port-au-Saumon, un lieu cher à ma mémoire car j’y aie passé tous les étés de mon enfance. Mon grand-père avait construit un chalet en bois rond, qui appartient maintenant au Centre. Mon nom est toujours gravé sur le mat du drapeau, c’était le seul mot que je savais écrire…

Boeufs HighlanderTrois générations de Cabot ont travaillé sur cette montagne pour créer les jardins de Quatre-Vents tels qu’ils sont aujourd’hui. Jardin d’épices, jardin blanc, jardin de roses, porte qui mène le regard vers le menhir dans les champs, bœufs highlander qui viennent observer les curieux, pont de lune, iris avec un arrière-plan shintoïste, potager… La visite dure deux heures et demi, et ce n’est pas pour rien.

Tout près des champs, un petit pavillon de musique attend les artistes. Quand la guide a demandé si quelqu’un voulait y chanter quelque chose, Philippe et moi avons interprété « Sakura sakura ». La petite salle de merisier servait d’amplificateur naturel. Magnifique petit moment pour nous!

Jardin japonaisLe dernier ajout aux jardins est celui que je souhaitais le plus admirer : le jardin japonais et ses deux pavillons. Le mélange de la végétation québécoise à cette architecture japonaise était fantastique : particulièrement la lumière sur le bouleau qui venait chercher parfaitement le blanc des pavillons. Enchanteur.

Tous les profits de ces visites sont des dons pour le Centre écologique. Alors profitez-en pour mettre cela à votre liste des choses à faire dans Charlevoix…

Bonne Saint-Jean à tous! Je nous souhaite de ne pas oublier (des fois, je ne suis pas sûre qu’on a la bonne devise…)! ;)

04 juin 2013

Le féminin n’inclut pas le masculin

Les couleurs

Bébé a trois mois. Déjà, vous n’en pouvez plus du bleu, du noir et du vert. Vous visitez un magasin de vêtements et demandez à la dame si les modèles de pyjama pour fillettes ont la même coupe. Elle vous confirme que c’est effectivement la même chose, sauf pour les couleurs. Heureuse, vous choisissez un pyjama mauve et rose, orné d’un gros chat. La vendeuse vous regarde étrangement: « Mais… Ça ne dérangera pas le papa de voir son garçon habillé comme ça? »

C’est malheureusement une histoire vraie. Je suis restée bouche bée et j’ai fini par répondre que non, papa ne s’en formaliserait pas, car il porte aussi des chemises roses. Tout comme ses deux grands-pères…

Dès la naissance, il faut marquer le genre de notre bébé. La chambre est souvent bleue ou rose. Les couvertures, les vêtements, les toutous, tout nous rappelle qu’un garçon, ce n’est pas la même chose qu’une fille.

Or si on permet maintenant aux fillettes de porter du bleu, du vert ou du noir (sans camion dessus toutefois! :P), je vous mets au défi de chercher un chandail, un polo ou une chemise rose ou mauve. Il faut être déterminé. Très déterminé.

Les jouets

Bébé a deux ans. Il s’amuse avec des camions, des casse-têtes et des blocs. Un jour, en arrivant à la garderie, vous remarquez que votre petit garçon adore par-dessus tout la mini-poussette qu’il promène joyeusement en parlant au bébé dedans. Oseriez-vous lui en acheter une pour son anniversaire?

Il y a toujours une hésitation quand on s’aventure avec un bébé masculin dans la section « fillettes » des magasins: celle décorées de cœurs roses, de princesses et d’instruments de cuisine. On se fait regarder étrangement quand on demande à son petit garçon: Quelle poussette te ferait plaisir? Tu veux cette poupée ou celle-là? Quel nom vas-tu lui donner?

Pourtant, s’aventurer dans la section « garçon » avec une fillette n’est plus aussi difficile. Une fille qui s’intéresse aux jouets des garçons, ça se peut. Je ne dis pas qu’on l’encourage à cent pour cent, mais ce n’est pas mal vu. Au lieu de se dire qu’elle deviendra « masculine », on se dit plutôt qu’elle sera une fille forte, comme la princesse Mérida, héroïne de Rebelle de Disney.

Oups! C’est vrai que la renommée compagnie n’a pas hésité à charcuter ce personnage pour le rendre davantage « princesse », C’en est fini de la taille normale de Mérida, de ses cheveux naturels un peu ébouriffés, de son allure guerrière: elle devient maintenant anormalement mince, aux cheveux volumineux, bien habillée… Une pétition réclamant le retour de la vraie Mérida a même été lancée en ligne!

Les livres

Bébé a cinq ans. Il adore les livres, surtout les histoires avec les loups. Il a alors ce délicieux petit frisson de peur, juste suffisant pour créer une tension, un stress, une émotion. Vous croisez un superbe livre qui s’appelle La petite fille et les loups à la librairie. Oserez-vous l’acheter même s’il met en scène un personnage féminin? Et si votre garçon ne s’identifiait pas au personnage?

Les fillettes pourront pourtant lire Flûte de flûte, Victor! et les plus âgées pourront aborder la Cartographie pour jeunes apprentis. Les filles peuvent lire tous les livres, peu importe que ce soit pour un public féminin ou masculin.

Mais le pauvre garçon devra se contenter de ce qu’on a créé pour lui et qui exclut bien évidemment les fées, les cœurs et les héroïnes. Même les chevaux sont pour les filles, selon ce texte d’une libraire jeunesse!

La libération des femmes

La fillette peut porter du rose ou du bleu.
Elle peut aussi jouer avec des camions ou des superhéros.
Elle peut surtout lire ce qu’elle veut, même si le personnage est un garçon. Le masculin n’inclut-il pas le féminin en français?

Grâce au féminisme, on a permis à la femme d’être l’égale de l’homme. De choisir sa vie, sa carrière, le nombre d’enfants. Dans une large part, nous avons donc permis aux femmes de faire aussi ce qui était auparavant réservés aux hommes. C’est une remarquable avancée pour l’égalité. Et il faut continuer de solidifier ces droits.

Mais nous n’avons parcouru que la moitié du chemin.

Le garçonnet ne peut porter du rose ou du mauve.
Il ne peut jouer avec une poussette, bercer une poupée.
Il ne peut pas à s’identifier à un personnage féminin, ce qui lui exclut quantité de livres…

Avons-nous oublié de permettre aux hommes de faire ce que les femmes font? Ou est-ce trop difficile de permettre au « sexe fort » de copier le « sexe faible »?

Or en ne permettant pas au petit garçon d’expérimenter les jouets, les couleurs, les héroïnes, on lui dit déjà à quel point son statut de mâle est précieux, doit être préservé de toute attitude féminine, ce qui l’associerait à un homosexuel… On lui montre déjà ce qu’est la virilité, qui exclut le « prendre soin » d’une poupée, la tendresse, l’émotion.

Après tout, on le sait, les grands garçons ne pleurent pas.
Mais ils se suicident beaucoup, malheureusement.

15 mai 2013

Les volcans sont dans mon karma

EyjafjallajökullJe viens d’ajouter l’Islande à la liste des pays visités (colonne de droite de ce blogue), étant donné que je commence à accumuler les chroniques à propos de ce pays. Mais un regard vers cette courte liste m’a fait réfléchir. À mes choix de voyage. On dirait qu’ils sont l’incarnation de mes peurs d’enfant. Parce quand j’étais jeune, j’avais tellement peur de perdre ma famille à cause de catastrophes.

Les guerres par exemple sont effrayantes. Mais j’ai toujours eu l’impression (idéaliste) que ces dernières étaient causées par la stupidité humaine. Que si on faisait plus d’efforts, on arriverait à les éviter. Tout comme on pourrait sauver les milliers d’enfants qui meurent de faim à chaque mois. Avec une planète capable de nourrir 12 milliards d’êtres humains, je me demande pourquoi 28 millions meurent de malnutrition chaque année…

Toutefois, ce sont les catastrophes naturelles qui me faisaient le plus peur, car il n’y a rien à faire pour les éviter. Les tremblements de terre, les tsunamis, les tempêtes… Et surtout les volcans. Ces monstres qui témoignent que notre planète est bien vivante, vibrante sous nos pieds minuscules. Mais qui peuvent exploser à tout moment, sans avertissement.

C’est sans doute à cause d’un documentaire à la télé que les volcans sont devenus l’incarnation de mes cauchemars infantiles. Je ne cessais de me demander pourquoi les gens vivaient à proximité de ces terroristes… J’avais même rêvé qu’un volcan surgissait à Baie-Saint-Paul, mélangeant sans doute la réalité du météorite de Charlevoix avec mes peurs volcaniques.

Or ma première sortie en avion fut le Nicaragua. Ce qui m’a permis de voir de nombreux volcans et même d’en escalader un, le Cerro Negro, tout juste fumant de trois ans.

J’ai ensuite eu le plaisir de vivre au Japon, en plein sur la Ceinture de feu du Pacifique. Si on parle de catastrophes naturelles, le Japon nous vient malheureusement vite en tête après les tragédies de 2011. Je me souviens avoir craint un tremblement de terre (la région de Kyoto n’ayant pas de volcan à proximité). Évidemment, la première chose que nous avons vue en ouvrant la télévision locale fut un reportage sur notre quartier où l’on expliquait qu’en cas de tremblement de terre puissant, la montagne s’écroulerait sur nous, écrasant la majorité des maisons. Un joli schéma animé nous montrait la scène. FAS-CI-NANT.

Dernièrement, j’ai aussi appris que le mont Fuji est à la veille d’une nouvelle colère. Je rappelle que ce magnifique volcan est à proximité de Tokyo, il est même visible par beau temps…

Et je vise maintenant l’Islande, un pays créé par le défoulement du magma entre la cassure de deux plaques tectoniques majeures au milieu de l’Atlantique… Vous vous rappelez qu’en 2010 le petit volcan Eyjafjallajökull avait paralysé les avions vers l’Europe? Eh bien maintenant, on parle de deux monstres, l'Hekla et le Katla qui sont sur le point de faire des dégâts.

On dirait que je le fais exprès. C’est à croire que les volcans sont dans mon karma.