11 août 2014

Acheter un livre québécois

La Pomme de JustineDepuis quelques années, nous sommes plusieurs à regarder la provenance des aliments que l’on achète.

- Achète donc des gousses d’ail...
- De la Chine ou du Québec?
- Tiens, je ne savais même pas que ça se cultivait ici, cette plante-là. Et le prix est à peu près le même.
- On va prendre du Québec d’abord, c’est sûr et certain que c’est plus frais!

Sans compter qu’on encourage un agriculteur d’ici et qu’on a épargné quelques litres d’essence pour transporter l’ail de la Chine à notre panier! Penser local, c’est entré dans les mœurs de plein de familles.

Passion JaponCertains poussent l’audace jusqu’à regarder la provenance de leurs vêtements. Je dois avouer que depuis la tragédie de l’usine effondrée, je me sens mal quand je lis « Made in Bangladesh ». J’hésite.

Mais pour le livre, cette merveille qui réunit l’imagination et le cœur d’un ou d’une auteur(e) en quelques feuilles de papier, on n’y pense pas. On se pose rarement la question : est-ce un livre québécois? Les images sont belles, on en a parlé à la radio, il est en solde, ça a l’air bon, bref on achète un livre par émotion, souvent sur un coup de tête.

Le Pari impossible des JaponaisesJe me souviens de ma troisième session de littérature au cégep où je devais lire nos grands classiques québécois, pour la première fois de ma vie. Si une chose m’avait marquée, c’est que j’aimais les vieux récits des « Canadiens français » sur leurs terres, mais pas beaucoup la période de l’exode vers les villes. Question de goût. Qu’on ne se surprenne pas que je sois une grande fan de la série des Remarquables oubliés, où on nous raconte ces femmes qui ont fondé notre pays ou ces hommes qui ont couru l’Amérique! Mais après cette session, j’avais lu bien peu de littérature contemporaine québécoise. Et je n’avais aucune incitation particulière à acheter un livre québécois plutôt qu’un français ou un américain traduit.

C’est peut-être le fait de devenir écrivaine qui m’a changée. La réalisation que le nombre de livres vendus est si petit que c’est à peine si on peut payer les frais d’envoi des manuscrits à un éditeur avec les droits d’auteur… Heureusement qu’on écrit par amour.

Ou encore, c’est parce que j’ai commencé à lire des romans et des essais québécois que ça m’a donné le goût d’en lire encore plus. Parce que ces livres parlaient ma langue, évoquaient des lieux que je connaissais moi aussi ou bien me faisaient voyager ailleurs, mais avec le regard de quelqu’un qui était tout proche de moi culturellement.
Les découvertes de Papille au Japon
Ou c’est peut-être parce que j’ai un garçon de trois ans qui aime les livres. Et que je me suis dit que tant qu’à lui procurer des livres pour enfant, aussi bien fouiller ce qui se faisait ici. Quel plaisir nous avons avec les dessins de Bellebrute, la poésie d’Édith Bourget ou l’originalité de Mireille Messier (franco-ontarienne, j’étends mes critères!)

Bref, goûter à la littérature d'ici, c’est se donner le goût d’y replonger, de vouloir en reprendre : c’est comme le sirop d’érable.

Gourmande, je le serai, et pour la journée J’achète un livre québécois le 12 août, je me ferai plaisir. Et tout le reste de l’année aussi, tiens, j’y penserai.

Je vous souhaite de belles découvertes!

2 commentaires:

Venise a dit...

Ce 12 août, je vais l'aimer longtemps. Je sens que c'est une date qui va s'incruster dans nos vies.

Si tu savais combien ça me rend heureuse ce mouvement, que dis-je cet élan soudain pour la cause que je défends depuis 7 ans.

Nomadesse a dit...

En effet, pour toi Venise, c'est une vocation! Ton blogue nous parle de bons livres depuis si longtemps!

Merci!