Le spectacle de l’hiver à Kyoto n’est pas toujours réjouissant. La majorité des arbres dans la ville sont des feuillus, alors il est triste de voir la majorité d’entre eux tout nus, à part les bambous qui conservent leurs feuilles. Mais les pires à voir n’étaient pas les noirs cerisiers qui longeaient la rivière, mais les arbres qui bordaient les rues. Je ne savais pas encore leur nom, mais ils me faisaient un peu peur. C’étaient des arbres très hauts, aux branches courtes, avec un air lugubre. Les jours de pluie, on se serait cru dans un film de Tim Burton, du genre « Sleepy Hollow ».
J’ai été surprise quand j’ai appris que ces arbres tristes étaient des ginkgos bilobas. Alors, c’était ça, l’arbre légendaire? Lire l'article de Wikipédia. Celui qui existe depuis 300 millions d’années, qui a vu les dinosaures, qui peut vivre 2500 ans et qui guérit nombre de maladies?
Comme j’ai arpenté la rue Marutamachi de long en large toute l’année, j’ai surveillé attentivement les ginkgos. Eh bien, il avait raison. En juin, en moins d’une semaine, de petites branches ont poussé de partout et les feuilles du ginkgo sont apparues. Je dois dire que cela transformait avantageusement mon paysage quoditien.
Il y avait tellement de feuilles qui poussaient que l’arbre est devenu quasiment touffu. Les feuilles elles-mêmes sont superbes, car elles ont la forme d’un éventail. Quel bel arbre!
Je n’étais pas au bout de mes surprises. Non seulement le ginkgo résiste-t-il à la pollution (ce qui explique pourquoi il borde les rues), mais il devient en automne d’un jaune doré absolument magnifique.
D’ailleurs, j’ai pu constater qu’on faisait la même chose avec d’autres arbres. Nous avons vu une femme d’entretien enlever systématiquement les pétales des roses sauvages pour éviter qu’elles ne tombent dans le sentier du temple. C’est ainsi qu’on réalise que les perceptions peuvent être très différentes à l’autre bout du monde.