Aujourd’hui, Philippe commence son travail chez Longtail Studios (par chance que la Loi 101 n’exige pas la traduction des noms de compagnies, j’aurais été de dire qu’il travaillait aux « Studios Longue Queue »)! C’est une compagnie de jeux de cellulaire. Il agira à titre de game designer et d’audio designer, ce qui est un bon défi et tout un encouragement pour ses compétences. :)
Je continue de travailler à l’hôtel. Le Carnaval a été une bonne initiation, j’ai rencontré beaucoup de touristes. Il y a même deux personnes de Nouvelle-Calédonie avec lesquels je peux discuter de paysages familiers et de merveilleux souvenirs.
On dit souvent que le plus difficile d’un voyage est le choc du retour. Eh bien, je le confirme. Le mois de janvier a été une épreuve très difficile. Pourtant, si vous aviez vu tout le soutien dont nous avons bénéficié! Mais cela n’a rien à voir. Le choc est d’un autre type.
D’abord, nous n’avions plus de maison. Nous vivions dans nos valises, chez des personnes merveilleuses où nous nous sommes sentis très bien. Le hic, c’est quand ça dure deux mois, on sent le besoin d’avoir un endroit qu’on appelle « chez-nous » qui nous ressemble. Merci à Pierre-Luc, Chantale, Elliot, Ariane, David, les parents et les beaux-parents pour tous les jours d’hébergement!
Ensuite, vivre sans emploi et sans argent n’est jamais une sinécure. Félix Leclerc disait que l’argent ne fait pas le bonheur, mais que de ne pas en avoir, ce n’est pas drôle non plus. On connaissait bien la justesse de cette affirmation, puisqu’on ne peut pas dire qu’on ait vécu la richesse au Japon. Mais quelque part dans nos rêves de retour, nous croyions que ce serait terminé au retour.
On avait beaucoup sacrifié pour partir là-bas et réaliser ce rêve. Nous étions prêts à le faire. Mais on oublie que le sacrifice continue quelque temps encore après le retour. Et comme on n’est plus dans la réalisation d’un rêve, c’est plus dur à supporter.
Finalement, le choc culturel. C’est évident que le Québec n’est pas comme le Japon. Après la joie de retrouver de merveilleux aspects, il y a aussi le retour des choses que l’on avait oubliées. Que les confitures sont beaucoup plus sucrées, que les transports en commun sont beaucoup moins commodes et développés, qu’on se débrouille assez mal sans auto, qu’il faut marcher pour trouver du bon tofu, qu’on doit chercher où est donc le bac à recyclage dans nos buildings, etc.
Des petites choses qui s’accumulent et qui peuvent fatiguer. Mais maintenant que la poussière retombe, elles me fatiguent de moins en moins. On se réadapte.
Après cette année, qu’avons-nous appris d’important au Japon? Que nous pouvons choisir. On ne peut pas tout donner à la chance. Il faut également décider d’y aller, de le faire, de partir. C’est beaucoup plus facile à dire qu’à vivre. Mais quand on l’a appris, on le sait pour tous les aspects de notre vie. Pis ça, c’est inestimable.
Au vue des finances, il est probable qu’il n’y ait pas de voyage à l’autre bout du monde cette année. Alors, j’aurai tout le temps de voyager dans ma nouvelle cité. Et je vous la raconterai.