09 octobre 2015

Japon : Quand « abolition » rime avec « erreur de compréhension »

On a beaucoup parlé de cet avis du ministère de l’Éducation japonais (MEXT) qui ordonnait à ses 86 universités nationales d’abolir les facultés d’humanités afin de se consacrer à des choses plus « utiles » pour la société. L’avis est réel et il compte dix pages où l’on trouve une phrase incitant à « démanteler et restructurer les facultés de sciences humaines et sociales en particulier ». C’était dit et ça a fait le tour du monde. J’en parlais à Radio-Canada le 23 septembre.

Il semblerait toutefois que tout cela n’ait été qu’une « erreur de compréhension ». On ne parle maintenant plus d’une abolition, mais plutôt qu’il y aura "réorganisation". Des réformes devront être appliquées dans l'enseignement supérieur dû à l'effondrement du nombre d'étudiants (conséquence directe du vieillissement de la population).

Est-ce une façon de se sortir d'une situation délicate, qui avait pris de larges proportions hors du Japon? Cette controverse est-elle un moyen de sauver la face par rapport à une décision qu'on avait peut-être bel et bien prise, mais qu'on réalise être une erreur? Laissons le bénéfice du doute au conseiller du ministre qui explique « l’erreur » dans cette missive (en anglais).

Pour terminer, voici quelques statistiques sur les universités au Japon, qui donne l’ampleur de ce domaine:

Il y a 672 universités privées au Japon, et 86 universités nationales (plus réputées et plus difficiles d’accès), pour un total de 758 universités.

À titre comparatif, il y a 48 cégeps et 18 universités au Québec, ce qui fait 60 établissements d’éducation post-secondaire (il existe dans les universités japonaises un cycle court de deux ans).

C’est beaucoup, mais en proportion du nombre d’habitants (127 millions au Japon), c’est quand même moins d’établissements post-secondaires par habitant qu’au Québec (1 établissement par 125 000 personnes au Québec, contre 1 établissement par 167 000 personnes au Japon).

Encore plus fascinant de constater que les proportions d’étudiants en sciences humaines par rapport aux sciences pures se ressemblent au Japon et au Québec.

Japon
Étudiants des humanités (bunkei 文系): 55,3 %
Étudiants des sciences pures (rikei 理系): 28,2 %
Autres (éducation, arts, éducation physique, etc.): 16,4 %

Québec en 2010
Étudiants des humanités: 52 %
Rikei: 27,4 %
Autres: 20 %

Ce que j’en retiens: peu importe la raison de cette « erreur » de compréhension, il semble maintenant que le ministère sera plus vigilant sur ses directives par rapport aux humanités. Et c’est une bonne chose.

Réactions venues du Japon
Humanities under attack – Takamitsu Sawa
Japanese University Humanities and Social Sciences Programs Under Attack - Jeff Kingston

08 octobre 2015

Automne coloré de projets

Aux environs de mon anniversaire, les feuilles changent de couleur, le vent apporte les parfums de terre et de mer, le soleil se couche plus tôt et sa lumière dorée me réjouit. L’automne, c’est ma saison, je me sens toujours pleine d’énergie et plus légère, même si je porte un manteau sur les épaules!

Et les bonnes nouvelles se multiplient pour moi, ce qui me rend encore plus heureuse!

J’ai obtenu une bourse de voyage de la bibliothèque de l’Université Laval pour assister à OpenCon, une conférence à Bruxelles du 14 au 16 novembre. Le colloque aborde l’accès à la connaissance grâce au libre-accès des revues scientifiques, une chose que je considère essentielle. J’en profiterai pour aller faire une causerie d’auteure à la Librairie Tulitu le 13 novembre à 19h. C’est mon premier voyage en Belgique et ce ne sera qu’un saut de puce, mais bien rempli de rencontres et d’apprentissages. Ce blogue de voyage ajoutera donc bientôt cette destination à la liste des pays visités. On m'a conseillé la bière et la gaufre, je suis ouverte aux autres suggestions!

En septembre, une lettre ouverte que j’ai écrite a été publiée dans La Presse.

Le gouvernement japonais ayant recommandé à ses universités de couper les sciences humaines dans ses universités, l’émission de Catherine Perrin m’a invité à en discuter. Un sujet d'importance!

Finalement, trois livres sont en route! Un essai sera publié en 2016 et deux ouvrages de fiction en 2017. Sans parler de mon doctorat qui avance toujours et encore, et des autres collaborations que j’annoncerai plus tard. La vie est belle! Et je suis très occupée! Heureusement que je suis bien entourée. :)